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Accès aux soins des enfants handicapés dans la ville de Mbour ( Sénégal)

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par Souleymane KOUNTA
Université Cheikh Anta Diop de Dakar ( UCAD) - Master 1 2012
  

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C) La situation en Afrique

En Afrique, même si plusieurs études ont été réalisées dans le domaine de l'accès aux soins, celles-ci n'ont pas, très souvent, ciblé de manière spécifique le parcours de soin des enfants handicapés. Ces travaux ont généralement traité l'accès aux soins comme étant un problème pour toute la population ou, tout au moins, pour la plus grande part de la population. En effet, dans le continent africain, les populations ont, le plus souvent, des difficultés d'accéder aux soins dont elles ont besoins. On estime plus de 70% le pourcentage de personnes n'ayant pas accès aux soins dans le continent (BAHATI BISHANGI, 2009). Ainsi, beaucoup d'études ont été réalisées en vu de déceler les causes. Parmi ces études on peut citer celles de MUGISHA, de COMMEYRAS (cité in BEYA, 2007), de MARIKO (cité in BAHATI BISHANGI, 2009) effectuées respectivement au Burkina Faso, au Cameroun et au Mali. Ces travaux, consacrés à l'accessibilité des soins, étaient ciblés surtout vers les itinéraires thérapeutiques des personnes souffrantes dans le but de comprendre les éléments qui justifient l'utilisation des soins.

Les deux premières études susmentionnées ont, quant à elles, le mérite d'avoir pris en compte les différents types de recours (cité in BEYA, 2007) mais elles se sont bornées, dans leur recherche de facteurs, aux variables démographiques des facteurs « prédisposants » (BONNET, 2002) ainsi qu'aux facteurs « facilitants » du modèle d'Andersen et Newman (ANDERSEN, 1973 ; cité in CARPENTIER & DUCHARME, 2003). En effet, ce modèle prédictif et explicatif de l'utilisation des services sanitaires répartit les facteurs d'utilisation de ces derniers en trois catégories. Il s'agit des facteurs prédisposants (âge, sexe, ethnie, niveau d'éducation, perception des maladies...), facilittants (revenu, source régulière des soins, densité, disponibilité des ressources sanitaires...) et de besoins (problèmes de santé, étendue de la maladie, conséquences attendues de la maladie...) (BONNET, 2002 ; CARPENTIER & DUCHARME, 2003).

Les travaux de Mariko réalisés au Mali, quant à eux, avaient abouti à un constat intéressant, celui que les ruraux se sentaient ou, tout au moins, affirmaient moins souffrants que les citadins. La moyenne d'épisodes morbides par an chez les ruraux est de 0,5 à 0,7 contre 1 par an chez les citadins (cité in BAHATI BISHANGI, 2009). Ces résultats tirent en effet leur explication dans les facteurs de besoins ou « facteurs déclenchants » du modèle précité (BONNET, 2002 ; CARPENTIER & DUCHARME, 2003). Dans cette catégorie de facteurs ce sont, entre autres, le comportement de l'individu face à la maladie, le degré de connaissance de la personne sur la maladie, les conséquences prévues de la maladie qui justifient le recours aux soins. Or c'est le niveau d'instruction, certainement plus élevé en milieu urbain, qui permet de se procurer de ces outils « déclenchants ». Donc, le niveau d'étude de la personne influe significativement sur sa capacité d'accéder aux soins de santé. Pourtant ce niveau d'instruction est faible voire inexistant chez les enfants en situation de handicap. Des enquêtes réalisées auprès de ménages de 13 pays en développement ont fourni des données montrant que les enfants en situation de handicap âgés de 6 à 17ans ont moins de chance d'être scolarisés que leurs camarades valides (Unicef, 2013) ; dans le même sciage, l'OMS, sur la base des enquêtes menées dans 51 pays, a fourni des taux estimés d'achèvement du primaire qui sont respectivement de 51% et de 42% chez les garçons et chez les filles handicapés alors que ces mêmes taux sont de 61% chez les garçons et de 53% chez les filles non handicapés (OMS, 2009 ; cité in UNICEF, 2013). Cependant, ces seuls déterminants ne sauraient suffire pour expliquer le recours aux soins, d'où les limites des travaux de Mariko.

En fonction du stade de vulnérabilité de l'individu, les besoins de recours aux soins varient. Les personnes les plus vulnérables sont davantage exposées à des nécessités de consulter les services sanitaires. Ainsi les enfants, classés parmi les plus vulnérables en raison de leur manque de maturité physique et mentale, ont un taux de fréquentation des établissements de santé plus élevé que les autres catégories d'âge. Ceci est d'autant plus vrai qu'une enquête réalisée au Canada de 1998-1999 concernant, entre autres, l'influence du « facteur âge » sur l'utilisation des services médicaux a révélé que la fréquence de consommation des services médicaux est plus importante chez les enfants d'environs six ans et plus et les adolescents (BAHATI BISHANGI, 2009).

Le statut socio-familial de l'enfant est incontournable lorsqu'on veut établir de manière exhaustive les déterminants influant sur l'accès aux soins. En tout cas c'est ce que montre l'article de Myriam ROGER-PETITJEAN (ROGER-PETITJEAN, 1999) qui analyse l'accès aux soins des enfants au Burkina Faso sous l'angle du statut familial de ces derniers. Il est ressorti de cette étude, la possibilité de pratiques discriminantes à l'égard de l'enfant confié qui est souvent victime de malnutrition (MORLEY, 1977 ; cité in ROGER-PETITJEAN, 1999) et « moins bien soigné que les autres » (ROGER-PETITJEAN, 1999). L'auteur de cette étude jauge la qualité de l'accès aux soins de ces enfants confiés à travers quatre conditions :

-que l'enfant soit accompagné par son tuteur au centre de santé ;

-que le tuteur puisse présenter le bulletin de santé de l'enfant ;

-que le bulletin de santé soit dument rempli ;

-que l'enfant ne souffre pas de malnutrition.

Cependant, l'enfant peut être confié à des structures spécialisées en la prise en charge des enfants. Dans ce cas l'enfant confié est plus susceptible de bénéficier de soins de qualité que celui élevé par sa famille biologique, surtout si celle-ci est pauvre ; ce qui est d'ailleurs souvent le cas pour les enfants handicapés. Ils vivent souvent dans des familles pauvres ; par exemple « Au Malawi et en Ouganda, les ménages dont au moins un des membres présente un handicap sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté que des ménages similaires n'incluant pas de personne handicapée » (UNICEF, 2013). Donc le « confiage » peut, dans une certaine mesure, être au profit de l'enfant quant à la gestion de sa santé. Cependant, comme le montre les points de vu d'Eric ROTHERN et LAURIE AHERN dans le Rapport sur la situation des enfants dans le monde 2013, les liens familiaux sont fondamentaux pour la protection et l'intégration des enfants dans la société. En effet ces liens familiaux permettent aux enfants en situation de handicap de ne pas considérer leur infirmité comme une identité qui les différencie des autres, car cette considération peut les atteindre psychologiquement. C'est pourquoi du point de vu de WRIGHT (WRIGHT, 1960 ; cité in DE TRAUBENBERG, 1966), l'approche psychologique est « impérative » en ce sens que « les répercussions psychologiques du handicap sont plus traumatisantes que le handicap physique lui-même. » (DE TRAUBENBERG, 1966). 

Au Burkina Faso, si ROGER-PETITJEAN aborde l'accès aux soins des enfants à travers leur statut familial, Christine OUEDRAOGO elle, le fait sous un autre angle, celui de l'environnement socioculturel de leurs mères dans la mesure où ces dernières tirent tous leur savoir, quant aux soins de santé de leurs enfants, à partir des « vieilles femmes » (OUEDRAOGO, 1999). Mais, que ce soit au Burkina Faso ou ailleurs en Afrique, le niveau d'éducation des femmes, qui a connu à l'heure actuelle de réels progrès, fait que ces dernières se démarquent de plus en plus des vieilles pratiques jusque là transmises, le plus souvent, de belle-mère en bru (OUEDRAOGO, 1999).

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