B) La situation en France
En France, l'Udapei, en s'appuyant sur l'enquête de
l'ORS (du nord Pas-de-Calais) a établi un état des lieux des
besoins auprès de deux milles individus souffrant de handicap mental
dans le département du Nord (France). Consciente de la pluralité
des personnes en situation de handicap, l'Union délimite son
périmètre d'étude en se focalisant sur les individus en
situation de handicap mental. Elle identifie ainsi trois catégories
d'obstacles quant à l'accès aux soins des handicapés
mentaux :
§ des contraintes pour se déplacer dues surtout
à des difficultés cognitives ;
§ des contraintes pour exprimer une douleur ou un manque
de confort en raison de leurs troubles comportementaux ;
§ des difficultés de trouver des services
médico-sociaux spécifiques.
L'Association considère cependant, comme le plus grand
obstacle de l'accès aux soins des handicapés mentaux, la
méconnaissance du handicap mental qui est due à un manque sur la
pathologie ; c'est pourquoi, en guise de solution, son président
Jacques MEUTER déclare : « Il nous faut sensibiliser les
professionnels de santé et les pouvoirs publics, pour que la
vulnérabilité des personnes en situation de handicap mental ne
soit plus un frein à leur santé. » (MEUTER, 2013).
En effet, le problème du handicap est une
réalité en France comme partout d'ailleurs dans le monde.
D'après le Livre blanc sur l'accès aux soins et à la
prévention des personnes en situation de handicap mental, la France
compte 3,5 millions de handicapés dont 2 millions sont porteurs d'un
handicap sévère. Annuellement, on compte dans toute la France,
entre 6000 et 8500 enfants qui naissent avec un handicap mental (MEUTER,
2013).
Ainsi, du 22 au 23 octobre 2008, la Haute Autorité de
Santé (HAS) a procédé à une audition publique dans
le but de déceler et d'analyser les obstacles qui entravent
l'accès aux soins pour les personnes porteuses de handicap (HAS, 2009).
Cette audition publiée en janvier 2009 sous forme de rapport, est mise
en oeuvre par des experts médicaux afin d'établir un état
des lieux systémique de la situation ainsi que les obstacles à
l'accès aux soins des handicapés, et de proposer des solutions.
Ce rapport de la HAS distingue deux types de
difficultés qu'entraine le handicap à savoir des
difficultés matérielles et des difficultés
comportementales rencontrées à différents
niveaux :
o au niveau du patient (problèmes de mobilité,
de communication...) ;
o au niveau du professionnel de santé (manque de
formation...) ;
o au niveau de la famille (isolement et manque
d'information...) ;
o au niveau de l'environnement du handicapé
(installations inadaptées...).
Comme réponses face à ces difficultés
susmentionnées, la HAS préconise, du côté du
patient, l'information et l'orientation de la personne en situation de handicap
par des moyens et outils appropriés ; et du côté des
professionnels de santé, la formation des personnels de santé, la
facilitation à l'accès aux établissements en
aménageant les locaux et, pour finir, la coordination des acteurs
(MEUTER, 2013). En effet c'est surtout au niveau des soignants que les
problèmes sont plus ardus, en tout cas c'est ce que souligne l'article
d'Elisabeth ZUCMAN, participante aux travaux de cette audition de la HAS. Dans
son article intitulé L'accès aux soins courants pour les
personnes en situation de handicap, publié sur Les cahiers de
l'actif, ZUCMAN met l'accent sur l'absence d'information ou de
sensibilisation concernant les pathologies invalidantes et leurs
conséquences sur la santé et la vie des personnes, dans les
études de médecine (ZUCMAN, 2009).
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