B. Résultats et interprétations des
estimations sur la zone UEMOA
Les résultats de l'estimation de la relation entre
développement financier et croissance économique sont
illustrés dans le tableau suivant :
Tableau 10 : Estimation sur panel dynamique : System
GMM
Variables
|
Coefficients
|
p-value
|
LPIB(-1)
|
0,9291
|
(0,000)*
|
LM2
|
0,0226
|
(0,024)**
|
LCRD
|
0,05274
|
(0,020)**
|
LINV
|
0,5539
|
(0,014)*
|
LGOV
|
-0,434
|
(0,034)**
|
LOUV
|
0,0024
|
(0,023)**
|
( )*, ( ) **, ( ) *** : Significativité au seuil
de 1%, 5%, 10%
Le test de Hansen (p=0,135) et d'Arellano et Bond en
différence seconde sur l'auto corrélation des erreurs (p= 0,11)
ne permettent pas de rejeter la validité des variables retardées
et l'hypothèse d'absence d'autocorrélation des erreurs.
Dans la zone UEMOA, les résultats démontrent un
impact positif et significatif du développement financier sur la
croissance. Les coefficients des deux indicateurs de développement
financier à savoir l'agrégat monétaire M2 et le ratio du
crédit accordé au secteur privé rapporté au PIB
sont positifs et significatifs au seuil de 5% ; ce qui soutient
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DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LES PAYS
DE LA ZONE FRANC.
l'hypothèse que le développement financier
exerce un effet favorable sur la croissance économique dans la zone
UEMOA. Un accroissement du volume du crédit accordé au secteur
privé rapporté au PIB et de l'agrégat monétaire de
1% entraine une augmentation respective de 5 points et de 2 points de
pourcentage du PIB/tête. La croissance économique dans l'UEMOA est
donc corrélée au développement du système financier
de l'union. Il semble donc qu'après les décennies 1980-1990
marquées par des crises bancaires dans la zone franc que le
système financier surtout bancaire de l'UEMOA a pu se remettre sur pied.
L'impact favorable du développement financier sur la croissance des pays
de la zone UEMOA peut s'expliquer par le fait que depuis quelques années
le secteur financier de l'Union connait une progression louable en nombre
d'établissements financiers et en réseau bancaire. Les pays qui
ont connu une forte progression de leur réseau sont : le Benin avec un
taux de croissance de 90%, le Niger avec 41,66%, le Togo avec 39,44%. Le taux
de progression le plus faible est enregistré par le Mali avec 26,13%
(Commission bancaire de l'UEMOA, 2008). Ce formidable élan peut
s'expliquer par la vitalité des banques anciennement installées
comme les groupes EcoBank . Il y a également la forte poussée des
groupes plus récents tels que la Banque Atlantique, la Banque
Sahélo-saharienne (BSIC) et la Banque Régionale de
Solidarité (BRS) dont les activités prennent de plus en plus
d'ampleur dans tous les pays de la région. Une troisième
explication non moins importante est l'arrivée de nouveaux acteurs
financièrement solides comme les banques marocaines BMCE et Attijariwafa
Bank, les banques nigérianes comme Access Bank, Diamond Bank et UBA. De
plus dans les Etats membres de l'UEMOA, les services financiers postaux
disposent d'une clientèle assez large. Le reversement de leurs clients
ou de leur immense majorité dans le secteur bancaire par le biais d'une
transformation institutionnelle est apparu comme une réussite pour le
processus de massification de la bancarisation. L'expérience
récente du TOGO qui a enregistré en 2007, une progression de plus
de 275% du nombre total de comptes bancaires actifs dans le pays grâce
à la transformation en Banque Populaire pour l'Epargne et le
Crédit (BPEC) de la Caisse d'Epargne du TOGO est assez illustrative.
S'agissant des variables de contrôle, l'investissement
et l'ouverture se caractérisent par un effet positif sur la croissance.
Un accroissement de 1% de l'investissement et du degré d'ouverture
commerciale se traduit par un accroissement de 0,5539% et de 0,0024% du
PIB/tête. En effet les politiques de relance des exportations
menées depuis plusieurs années
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DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LES PAYS
DE LA ZONE FRANC.
ont permis aux pays de la zone de repositionner les flux
commerciaux comme vecteur de croissance économique.
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