SECTION II : RESULTATS ET IMPLICATIONS DE POLITIQUES
ECONOMIQUES
Dans cette section nous abordons les résultats issus de
nos différentes estimations, leurs interprétations
économiques de même que des recommandations de politiques
économiques.
Paragraphe I : Résultats et
interprétations.
A. Résultats et interprétations des
estimations réalisées sur la zone franc.
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Les résultats issus des estimations sont
conférés dans le tableau suivant :
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DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LES PAYS
DE LA ZONE FRANC.
Tableau 9 :Estimation sur panel dynamique : System
GMM
Variables
|
Coefficients
|
p-value
|
LPIB(-1)
|
0,9485
|
(0,000)*
|
LM2
|
0,4866
|
(0,097)***
|
LCRD
|
0,02907
|
(0,203)
|
LINV
|
0,06157
|
(0,012)**
|
LGOV
|
-0,8138
|
(0,038)**
|
LOUV
|
0,0027
|
(0,034)**
|
( )*, ( ) **, ( ) *** : Significativité au seuil
de 1%, 5%, 10%
Le test d'Arellano et Bond en différence seconde sur
l'autocorrelation (p = 0,12) et celui de Hansen (0,13) ne permettent pas de
rejeter l'hypothèse d'absence d'autocorrélation des erreurs et
celle de la validité des instruments.
Les résultats de l'étude pour la zone franc
entre développement financier et croissance économique
révèlent l'existence d'une relation positive entre
développement financier et croissance économique au seuil de 10%.
Ainsi pour nos variables d'intérêt au seuil de 10%, la croissance
économique dans la zone franc est expliquée significativement par
l'indicateur de développement financier LM2. Une augmentation de 1% de
l'agrégat monétaire se traduit par une augmentation significative
du PIB/tête de 0,4866%. Par ailleurs les résultats
révèlent que le second indicateur de développement
financier exprimé par le rapport du crédit accordé au
secteur privé sur le PIB (CRD) n'a guère d'influence
significative sur la croissance même au seuil de 10%. Ce résultat
de l'impact positif de l'agrégat monétaire sur la croissance
s'explique de plus en plus par le dynamisme du réseau bancaire qui
renaît dans l'espace monétaire auquel s'ajoute la volonté
manifeste de la plupart des banques et établissements
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DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LES PAYS
DE LA ZONE FRANC.
financiers de rendre aux agents économiques un
accès plus facile aux services financiers. Paradoxalement les
résultats rejettent toute influence des crédits accordés
par les banques et les établissements financiers au secteur privé
de l'espace monétaire. Ceci peut s'expliquer par le coût du
crédit qui reste élevé. En effet les marges
d'intérêt des banques sur les opérations avec la
clientèle mesurée par la différence entre les rendements
des prêts et les coûts moyens des ressources provenant de la
clientèle est de près de 8 points pour la moyenne de la zone
franc contre 5 points à l'échelle mondiale (AFD, 2009). Ce
résultat s'explique d'autre part aussi par une demande
élevée de garantie avant l'octroi des prêts par les
banques. En effet, ce n'est pas tant le principe de la garantie qui pose
problème mais le niveau des garanties jugé toujours
élevé par la plupart des agents économiques et ce
malgré les efforts des autorités monétaires de rendre plus
facile l'accès au crédit. Cette prudence des banques à
demander des garanties assez élevées s'explique par la
présence dans l'espace de la zone franc d'un niveau de pauvreté
élevé, de la vulnérabilité des agents
économiques aux chocs de revenu, de la présence d'une forte
insécurité juridique et la prédominance des relations
informelles entre les agents économiques. L'impact non significatif du
crédit accordé au secteur privé rapporté au PIB
s'explique aussi par la crainte des banques à octroyer des
crédits dans un environnement caractérisé par le haut
degré d'incertitude qui entoure l'activité des entreprises.
S'agissant des variables de contrôle les résultats conduisent
à une influence positive de l'investissement et de l'ouverture
commerciale sur la croissance sur la période d'étude. Une
augmentation de 1% de l'investissement et de degré d'ouverture
commerciale se traduit par une augmentation respective du PIB/tête de
0,012% et de 0,034%. Cette influence de l'investissement sur la croissance
s'explique en partie par les efforts réalisés par la plupart des
pays de la zone franc d'assainir le climat des affaires par une modernisation
du système judiciaire. Mais cette influence positive de l'investissement
sur la croissance semble de plus en plus se traduire par la convoitise que
suscitent les pays de la CEMAC presque tous producteurs de pétrole en
attirant de plus en plus d'investisseurs dans la zone franc. Quant à
l'ouverture commerciale, les efforts conjugués des pays à
relancer leurs exportations tant dans la zone UEMOA essentiellement
exportatrice de matières premières que dans la CEMAC productrice
de pétrole semble expliquer l'effet bénéfique de
l'ouverture commerciale sur la croissance de la zone franc. Face donc à
la présence dans une même zone monétaire de deux unions
économiques à savoir l'UEMOA et la CEMAC toutes avec des
particularités tant au niveau du secteur financier qu'au niveau des
performances économiques, il semble nous convenir à
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DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LES PAYS
DE LA ZONE FRANC.
juste titre de tenir compte de la présence de ces deux
unions économiques et de procéder à une étude
comparative de l'influence du système financier sur la croissance de
chacune de ces zones composant la zone franc.
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