Paragraphe 2. Description du paysage financier de la zone
franc
Le paysage financier de la zone franc peut être
décrit selon que presque tous les pays de la zone franc font partie
d'une union économique ou communauté économique. Aussi le
paysage financier de la zone franc sera analysé géographiquement
par l'appartenance des pays aux différentes unions ou communautés
économiques au sein de la zone franc. Il s'agira d'analyser le paysage
financier de l'UEMOA pour les pays de la zone franc de l'Afrique de
40
DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LES PAYS
DE LA ZONE FRANC.
l'Ouest, de la CEMAC pour les pays de l'Afrique Centrale
essentiellement au cours de cette dernière décennie.
A. Paysage financier de l'UEMOA de 2000 à
2010
Le financement des économies de l'Union Economique et
Monétaire Ouest-Africain (UEMOA) constitue un des défis majeurs
auquel les Etats sont confrontés depuis quelques années. En effet
en dépit des initiatives conduites par les Etats et les institutions
communautaires dans les pays de l'union, l'analyse révèle d'une
part, que l'activité économique reste encore insuffisamment
financée et d'autre part que les financements octroyés ne sont
pas toujours alloués aux secteurs porteurs de croissance. Malgré
l'abondance apparente de liquidité et l'assainissement du système
bancaire suite à la restructuration du début des années
1990, la contribution du secteur bancaire au financement des économies
de l'union reste faible. Cette contribution mesurée
généralement par le rapport des crédits à
l'économie au PIB est passée de 14% en 2000 à 18% en 2009
contre un ratio de 34% au Nigéria, 77% au Maroc et 145% en Afrique du
sud. Ainsi les petites et moyennes entreprises (PME) et les petites et moyennes
industries (PMI) des secteurs primaire et secondaire, potentiellement
créateurs d'emplois, sont insuffisamment financées. Par ailleurs
le coût du crédit reste élevé. En effet les marges
d'intérêt des banques sur les opérations avec la
clientèle, mesurée par la différence entre les rendements
des prêts et les coûts moyens des ressources provenant de la
clientèle est de près de 9 points de pourcentage dans l'union en
2008, contre une moyenne africaine de 8 points et de 5 points à
l'échelle mondiale (AFD, 2007). Les difficultés d'accès
des populations aux services financiers surtout bancaires ont favorisé
la floraison des institutions de microfinance. Ces dernières visent la
mise à la disposition des populations généralement exclues
du système bancaire, des services financiers adaptés à
leurs besoins. Au 31décembre 2009, près de 10,7 millions de
personnes sont clientes auprès de ces institutions financières de
microfinance (BCEAO, 2010).
Depuis quelques années le secteur financier de l'Union
connait une progression louable en nombre d'établissements et en
réseau bancaire. Les pays qui ont connu une forte progression de leur
réseau sont : le Benin avec un taux de croissance de 90%, le Niger avec
41,66%, le Togo avec 39,44%. Le taux de progression le plus faible est
enregistré par le Mali avec 26,13% (Commission bancaire de l'UEMOA,
2008). Dans les Etats membres de l'UEMOA, les services financiers postaux
disposent d'une clientèle assez large. Le reversement de leurs clients
ou de leur immense majorité dans le secteur bancaire par le biais d'une
transformation
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DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LES PAYS
DE LA ZONE FRANC.
institutionnelle serait d'un gain important pour le processus
de massification de la bancarisation. L'expérience récente du
TOGO qui a enregistré en 2007, une progression de plus de 275% du nombre
total de comptes bancaires actifs dans le pays grâce à la
transformation en Banque Populaire pour l'Epargne et le Crédit (BPEC) de
la Caisse d'Epargne du TOGO est assez illustrative. Toutes ces institutions
contribuent à densifier le réseau bancaire de l'Union et
facilitent quelque peu l'accès des populations aux services bancaires.
Toutefois le taux de bancarisation reste très faible dans l'Union. Le
taux de bancarisation reste faible et se situe entre 3 et 7 % dans l'espace de
l'Union économique et monétaire ouest-africain malgré la
présence dans la zone de près de 120 établissements
financiers, a indiqué un haut cadre de la sous-région. «
Après 50 ans d'indépendance, le résultat n'est vraiment
pas satisfaisant si l'on tient compte du nombre de banques et
d'établissements financiers dans notre zone », a notamment
déclaré Abdoulaye Bio Tchané, ancien Président de
la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD). De plus Dans cet
espace économique, les banques françaises conservent des
positions fortes notamment la BNP, la Société
Générale, le Crédit Agricole et le Crédit Lyonnais.
Compte tenu du fait que dans l'union les dépôts de la
clientèle progressent plus vite que les crédits à la
clientèle le système bancaire comporte souvent une situation de
trésorerie nette largement excédentaire mais n'arrive pas
à se mettre en valeur pour financer le développement
économique de l'Union. La problématique du développement
du secteur financier reste toujours d'actualité. En effet, le
financement de l'activité économique dans l'Union Economique
Monétaire Ouest africaine (UEMOA) est essentiellement assuré par
le secteur bancaire qui depuis le début des années 90, a
enregistré d'importantes réformes axées sur sa
libéralisation. Cependant, le développement du marché
financier de l'union demeure faible et sa contribution au financement des
économies de l'UEMOA reste marginale. Les réformes du
système financier mises en oeuvre au cours des années 1990 ont
permis à l'UEMOA de se doter des composantes essentielles d'un
système financier moderne et diversifié. Ce système pour
tout l'espace UEMOA est composé au 31 décembre 2005 : de 112
établissements de crédit, 652 institutions de microfinance, des
services financiers postaux, une bourse régionale de valeurs
mobilières et des caisses publiques de pension. Au 31 décembre
2007, on compte en banques selon les pays de l'UEMOA :
42
DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LES PAYS
DE LA ZONE FRANC.
Tableau 1 : Répartition des banques par pays
membre de l'UEMOA du 31 décembre 1996 au 31 décembre 2007.
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Bénin
|
5
|
7
|
7
|
7
|
7
|
6
|
7
|
8
|
9
|
12
|
12
|
12
|
Burkina-Faso
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
7
|
7
|
8
|
8
|
11
|
11
|
12
|
Côte-D'ivoire
|
15
|
15
|
15
|
15
|
16
|
16
|
16
|
17
|
16
|
17
|
18
|
18
|
Guinée- Bissau
|
-
|
2
|
2
|
3
|
3
|
3
|
2
|
2
|
2
|
3
|
4
|
4
|
Mali
|
7
|
7
|
9
|
9
|
9
|
9
|
9
|
10
|
10
|
12
|
12
|
13
|
Niger
|
6
|
6
|
6
|
7
|
7
|
7
|
7
|
8
|
8
|
10
|
10
|
10
|
Sénégal
|
9
|
9
|
9
|
10
|
10
|
11
|
11
|
12
|
12
|
17
|
18
|
17
|
Togo
|
7
|
7
|
7
|
7
|
7
|
7
|
7
|
7
|
7
|
10
|
10
|
10
|
UEMOA
|
54
|
58
|
60
|
63
|
64
|
66
|
66
|
72
|
72
|
92
|
95
|
96
|
Source : BCEAO (2007)
Quatre ans après c'est-à-dire au 31 décembre
2010, elle comporte :
Tableau 2 : Répartition des banques et
établissements financiers par pays membre de l'UEMOA au
31décembre 2010.
Pays
|
Banques
|
Etablissements
|
|
|
financiers
|
|
Benin
|
12
|
2
|
Burkina Faso
|
13
|
5
|
Cote d'Ivoire
|
16
|
6
|
Guinée-Bissau
|
5
|
0
|
Mali
|
13
|
3
|
Niger
|
11
|
1
|
Sénégal
|
18
|
3
|
Togo
|
12
|
2
|
UEMOA
|
100
|
22
|
Source : Annuaires banques BCEAO (2010)
Graphique 1 : Evolution du nombre de banques dans
l'UEMOA de 1995-2010
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DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LES PAYS
DE LA ZONE FRANC.
![](Developpement-financier-et-croissance-economique-dans-les-pays-de-la-zone-franc1.png)
Source : élaboré par l'auteur à
partir des données de la BCEAO
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