La principale critique de Friedman concernant la
théorie de demande de monnaie de Keynes porte sur les variables
expliquant cette demande, à savoir le revenu et le taux
d'intérêt. Pour lui, la demande de monnaie ne dépend pas du
revenu quotidien, mais de l'ensemble des revenus présents, passés
et futurs. En plus, elle ne dépend pas uniquement du taux
d'intérêt, mais de tous les actifs financiers disponibles. En
effet, l'agent économique détermine sa demande de monnaie en
tenant compte de toutes les autres formes possibles qu'il peut donner à
ses actifs : sa préférence dépendra de leurs rendements et
de leurs gains respectifs.
Friedman n'explique pas la demande de monnaie en analysant
ses motifs de détention comme a fait Keynes, mais il la considère
plutôt analogue à la demande de n'importe quel actif. Par
conséquent, il l'analyse avec la théorie générale
de la demande d'actifs.
Selon cette théorie, la demande de monnaie est une
fonction de la richesse des individus et des différentiels des
rendements anticipés des différents titres disponibles par
rapport au rendement anticipé de la monnaie, ce qui la traduit par
l'équation ci-dessous :
Mp = f(!",$% & $',$( & $', )( & $')
19
Où :
M/P : est la demande d'encaisses réelles
YP : est la richesse au sens de Friedman, appelée
« revenu permanent ». Elle est égale à la
valeur actualisée de tous les revenus futurs anticipés qui
correspond à un revenu moyen anticipé de long terme.
rm : est le rendement anticipé de la
monnaie
rb : est le rendement anticipé des titres autres que les
actions re : est le rendement anticipé des actions.
ðe : est le taux d'inflation qui est ici
considéré comme étant une approximation du rendement des
actifs réels (maisons, immeubles,...)
La fonction f est croissante par rapport à Yp
et décroissante par rapport aux autres variables.
Comme on peut le constater d'après cette fonction,
Friedman répartit les actifs en trois catégories : les titres
autres que les actions, les actions et la monnaie. Les rendements
anticipés des deux premières catégories de ces actifs ne
sont pas introduites dans son modèle directement mais indirectement via
leurs différences par rapport à celui de la monnaie à
savoir rm. Pour lui, ce rendement dépend de deux
éléments :
· Les services fournis par les banques sur les
dépôts : Quand la qualité ou la quantité de ces
services augmentent sans hausse de leurs coûts, le rendement
anticipé de la monnaie augmente
· Les intérêts payés sur les
encaisses monétaires : Dans les pays, où les banques
rémunèrent les comptes courants alors le rendement
anticipé de la monnaie croit avec l'augmentation de cette
rémunération.