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L'état de droit et l'histoire constitutionnelle de la RDC

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par Karim KAPITENE
Université catholique du Graben Butembo RDC - Graduat 2010
  

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Chapitre premier

LA PERIODE COLONIALE ET LA NEGATION
DE L'ETAT DE DOIT

Dans son ouvrage « Institutions politiques et Droit constitutionnel », P. PACTET écrit : « Il ne peut y avoir Etat de droit que si le pouvoir politique s'exerce par les voies du droit et seulement par ces voies. Pour cela, il faut qu'il existe dans l'Etat un réseau normatif bien adapté et une hiérarchisation des normes avec un sommet des principes à valeur constitutionnelle qui servent de références »16.

Eric CARPANO ajoute : « Les droits fondamentaux dont la source est la dignité humaine sont fondateurs, voir refondateurs de l'Etat de droit (...) ; c'est le droit fondamental qui pose l'Etat en tant qu'Etat de droit, et celui-ci n'a pour fonction que de le concrétiser et le garantir en même temps. Il s'agit là de l'expression la plus essentielle de l'idée même d'Etat de droit »17.

Dans l'Etat droit, les droits fondamentaux tels qu'énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et dans les différentes conventions doivent être respectés. Nous pouvons, de manière exemplative, citer quelques articles de cette Déclaration qui en parlent.

L'article 1 de la DUDH dispose : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit ». L'article 3 ajoute : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne ». L'article 18 mentionne : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seul ou en commun, tant en public qu'en privé par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites ». L'article 26 déclare : « Toute personne a droit à l'éducation ».

En effet, le problème de la violation des droits fondamentaux est l'un de ceux qui n'ont cessé de solliciter l'attention de plus d'une personne. La solution à ce

16 P. PACTET, Institution politique et Droit constitutionnel, 17è éd. Armand Colin, Paris, 1998, p. 125.

17 E. CARPANO, Etat de droit et droits européens, L'Harmattan, Paris, 2005, p. 441.

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Etat de droit dans l'histoire constitutionnelle de la R.D.C.
Par : ABDOUL KARIM KAPITENE

problème semble se trouver dans l'Etat de droit, corollaire de la démocratie libérale.

L'Etat de droit échappe à toute dictature, et sans doute, cherche à garantir les droits et libertés des citoyens en prohibant les tortures, esclavage, colonisation, etc.

Avant de parler de la période coloniale, l'analyse de l'Etat de droit dans la période précoloniale exige une attention particulière.

La RDC d'avant la colonisation était caractérisée par différents empires et royaumes où seule la loi non écrite régit l'exercice du pouvoir et des droits des citoyens. Pendant cette période, l'on pouvait assister à la vente ou au commerce des humains, à l'esclavage, etc. pratiques contraires à l'Etat de droit. Ainsi, l'Etat de droit y était de façade.

A l'approche de la fin du 19è siècle, les puissances européennes sont à la recherche de colonies. Le roi des belges voudra également offrir une colonie à la Belgique. Malheureusement, l'opinion publique belge est hostile à la colonisation. En effet, les belges étaient en peine sortis, en 1830, de la colonisation hollandaise et ils en gardaient encore de mauvais souvenirs. Le roi belge a ainsi agi pour son compte personnel et a, pour ce faire, entrepris des voyages en Asie et en Afrique centrale.

C'est ainsi que, après avoir conquis les différents royaumes, le roi Léopold II a réussi à se tailler une partie de terre dans le bassin du Congo. C'est en 1885, lors de la conférence de Berlin, convoquée par le Chancellier allemand BISMARK du 15 novembre 1884 au 26 février 1885, que l'EIC a été reconnu au niveau mondial par toutes les puissances. Léopold II avait dissimulé ses visées coloniales derrières des objectifs scientifiques et humanitaires. Officiellement, son souhait serait d'implanter la civilisation occidentale en Afrique.

Ce nouvel Etat n'appliquera que des pratiques négatives à l'Etat de droit et qu'en réalité le testament fut sans grande conséquence puisque la propriété du roi passera à la Belgique avant la mort de celui-ci. Cela implique la continuité de ces anti-valeurs contraires à l'Etat de droit, même si l'autorité sur la colonie passe du roi

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Etat de droit dans l'histoire constitutionnelle de la R.D.C.
Par : ABDOUL KARIM KAPITENE

Léopold II à la Belgique. L'EIC (section I) devient donc le Congo belge et sera régi par une disposition constitutionnelle qui est la « Charte coloniale » (section II).

Section I : L'ETAT INDEPENDANT DU CONGO

Dans un Etat de droit, pour une meilleure garantie des droits et libertés fondamentaux, les textes qui les proclament doivent se situer à un niveau supérieur de la hiérarchie des normes juridiques. C'est dans ce sens que P. PACTET écrit : « Les garanties des droits et libertés fondamentaux sont meilleures lorsque les textes qui les proclament se situent à un très haut niveau de la hiérarchie des normes juridiques. Sur ce point, satisfaction est obtenue lorsque le texte qui les proclame a valeur constitutionnelle et que les textes qui les réglementent doivent obligatoirement avoir valeur législative »18, ce qui n'est pas le cas dans l'EIC.

Il est encore plus nécessaire que, sous couvert de réglementer les droits et libertés fondamentaux, le pouvoir législatif ainsi que le pouvoir exécutif ne puissent leur porter atteinte. Il doit donc exister un contrôle de la constitutionnalité des lois. Bien entendu, ce contrôle doit être complété par un contrôle juridictionnel de la constitutionnalité et de la légalité des actes spécifiques de l'exécutif, règlements ou décisions unilatérales. En d'autres termes, les libertés et droits fondamentaux ne seront garantis que si est institué un véritable Etat de droit19. Or, dans l'EIC, ces textes semblent n'avoir jamais existé. Et donc, la constitutionnalité des lois et la légalité des actes, leur contrôle n'étaient que des illusions.

L'EIC est un bien privé à Léopold II. Ainsi, il détient seul les pouvoirs de décision (§1). Pour exploiter ce domaine, il avait besoin d'une main d'oeuvre. Cela l'a poussé à forcer la population à travailler comme des esclaves (§2).

18 P. PACTET, Op. Cit., p. 124.

19 Cf. Ibidem

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Etat de droit dans l'histoire constitutionnelle de la R.D.C.
Par : ABDOUL KARIM KAPITENE

1. Concentration des pouvoirs entre les mains d'un seul : pratique contraire à l'Etat de droit

Pour garantir les droits et libertés fondamentaux des citoyens vis-à-vis des atteintes du pouvoir, le pouvoir ne doit pas être concentré entre les mains d'un seul, mais dans les mains de plusieurs, ce qui suppose que les pouvoirs de l'Etat soient séparés et qu'ils le restent20. A vrai dire, la séparation des pouvoirs est une des conditions indispensables pour assurer la protection des droits et libertés des citoyens, facteur important dans un Etat de droit.

Dans l'EIC, les pouvoirs législatif et exécutif sont concentrés entre les mains du roi Léopold II. Il édictait lui-même des lois qu'il faisait exécuter par ses représentants dans la colonie. Cela s'explique par le fait qu'il n'y avait pas un Parlement. Même le pouvoir judiciaire n'y était que de façade. Ce pouvoir était partagé en deux ordres : l'un pour les belges soumis au droit écrit et l'autre pour les indigènes soumis au droit coutumier. Ce qui explique l'inégalité des citoyens dans l'EIC. La citoyenneté n'est donc pas reconnue à tous les habitants. Pour ce faire, personne ne peut contrôler et limiter les actions du roi de peur de perdre son emploi. Ainsi, l'administration léopoldienne ne pouvait mal faire.

Comme dit ci-haut, le roi réduisait ses citoyens à des esclaves.

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