De la nécessité de la renaissance de la RDC face à l'impératif de la recomposition stratégique africaine et globale post-blocs( Télécharger le fichier original )par Rossy MUKENDI TSHIMANGA Université pédagogique nationale (RDC) - Licence en relations internationales 2008 |
1.1.3. Les vertus démocratiques au bénéfice de la renaissance de la RDCLa démocratie n'est pas qu'un style de gouvernement, elle est une culture, une philosophie, une attitude de vie et une manière d'exister que chaque nation doit adapter à ses réalités propres. Cette adéquation préserve le processus des déviations éventuelles qui à terme pourraient produire des simples sensations démocratiques. Au-delà des formes, mécanismes, techniques et méthodes démocratiques, fait remarquer Honoré Ngbanda, il y a l'esprit démocratique, contenu irréductible de la démocratie et sans lequel ceux-là ne sont que parure, oripeaux, voire supercherie. Ce contenu, c'est d'une part, partant de la valeur humaine, l'idée que le peuple des citoyens est la réalité de la quelle s'exerce le pouvoir et, d'autre part, en découlant certains principes qui sont autant des valeurs « démocratiques » : dialogue et participation, respect de l'intérêt général (bien être matériel et spirituel des citoyens, et bien commun, au sens thomiste du terme). L'esprit démocratique, ainsi compris dans sa substance, ajoute-t-il, est l'âme même de la démocratie, abstraction faite des spécificités des formes et des mécanismes de sa matérialisation. Sans lui, toute « démocratie » est vide de contenu et simple illusion car seul l'esprit démocratique donne un contenu vrai, une substance réelle à la démocratie. En quoi donc le système des valeurs démocratiques serait utile à la renaissance de la République Démocratique du Congo ? Outre son aspect organisationnel - le gouvernement de type démocratique obéit au principe de séparation des pouvoirs où l'on peut alors distinguer clairement les branches exécutive, législative et judiciaire opérant chacune en toute indépendance - la démocratie comme système des valeurs servirait de fondement à la renaissance du Congo pour plusieurs raisons à savoir : le rétablissement de la confiance entre les différentes composantes de la société, la définition commune du destin national, l'émulation des dirigeants face à la pression résultant de l'alternance ainsi que le renforcement de la stabilité politique et de la paix civile. a. La confiance retrouvée entre les différentes composantes sociales La bêtise de l'autocratie a toujours été celle de créer un fossé entre la classe dirigeante et la masse. Le dictateur se méfie du peuple, s'éloigne de lui et se montre de plus en plus indifférent à ces revendications, insoucieux de son bien être, et à tôt fait de paraître inhumain, inutile. Il suscite l'aversion, la haine. La société devient en effet l'arène de l'hypocrisie et de la méfiance collective43(*). Cette attitude du dictateur s'explique en grande partie par le mécanisme de son arrivée au pouvoir ; la force, la violence. Car bien que la coopération entre les hommes implique une autorité, c'est le mode d'exercice de cette autorité et le choix des gouvernants qui sont l'essence de la politique44(*). Le suffrage démocratique véritable (universel, égal et secret) vient alors rétablir cette confiance et cette franchise qui se sont effritées par la boulimie du dictateur. Il permet aux citoyens de se choisir librement des dirigeants en qui ils placent toute leur confiance et en font une source d'autorité et d'identité. Par le suffrage, la société démocratique renonce à la violence comme mécanisme de transformation sociale pour s'attacher aux mécanismes républicains de gestion institutionnelle. Elle consacre également la méritocratie comme mode de promotion sociale et répugne la médiocrité et l'obscurantisme entretenu par le militantisme aveugle qui fonde le système autoritaire. Plus une société évolue dans la pratique des vertus démocratiques, plus les considérations irrationnelles du genre ethnique, tribal, clanique héritées de l'autocratie sont donc condamnées à s'étioler. Cette restauration de la confiance et de la franchise par les urnes facilite le dialogue libre et responsable qui permet de dégager des principes d'action dans l'immédiat et de poser les jalons d'un avenir radieux. b. la définition commune du destin national par la promotion des libertés individuelles et la participation citoyenne La mutilation des libertés individuelles et publiques que le pouvoir autoritaire organise et encourage, empêche tout débat constructif et toute contestation en cas d'abus ou de dépravation. Le tyran ne compte que sur son héroïsme traditionnel et ignore le bien être général. C'est lui le « guide éclairé », l'« intelligence sociale absolue », la «vérité immuable ». En démocratie par contre, la société se construit autour des libertés individuelles et collectives. Quand elle règne, le politique ne cherche plus à faire peur, mais à plaire45(*). Les libertés garantissent la concertation permanente entre différentes couches sociales, laquelle permet de susciter un véritable sentiment d'appartenance à la nation et de renforcer la cohésion au sein de la communauté. La concertation promeut l'égalité des chances et permet d'apprécier objectivement les opinions et les capacités de chaque citoyen. La valeur sociale de l'action concertée démontre que, elle seule est capable de produire la prospérité d'un pays. La participation des citoyens dans le processus de prise des décisions dans une communauté politique comme nous l'avons dit réveille en eux le sentiment d'appartenance au groupe, suscite le réflexe de résistance et de défense face aux problèmes qui touchent à la cohésion et à l'unité nationale, et permet de dégager le consensus pour définir la marche présente et future de l'Etat. c. Un leadership responsable face à la pression de l'alternance Le développement d'un Etat dans ses divers aspects est dans une large mesure dépendant de la volonté politique. Ce sont les hommes d'Etat qui ont en charge le destin de la nation ; ce sont eux qui élaborent des programmes d'action et définissent des stratégies pour produire le développement et la puissance voulus. Un grand président, disait Théodore Roosevelt, doit être un éducateur qui doit jeter un pont entre le futur de son peuple et l'expérience vécue de ce peuple46(*). Cette thèse n'est soutenable qu'en démocratie où le dirigeant est soumis en permanence à une course contre la montre est s'atèle à marquer l'histoire de son empreinte avant que le peuple ne le remercie par un vote négatif. Le futur devient pour tout gouvernement démocratique son champ d'action. Le désir de construire un édifice pour lequel la postérité lui sera reconnaissante constituera sa principale motivation. Et ce continuum d'investissement réussi par les pouvoirs qui vont se succéder de manière pacifique pourra constituer à terme un riche legs dans la réalisation du destin manifeste congolais. Et en dépersonnalisant du même coup la gestion de la cité, la prospérité et la puissance nationale fruits de cette alternance devront jouir d'une certaine longévité. C'est à dire que la démocratie devrait permettre à la RD Congo de maintenir sa stabilité politique condition sine qua non de son émergence et de sa puissance sur la scène internationale. d. Le renforcement de la stabilité politique et de la paix civile par la promotion et la distribution équitable de la richesse nationale Dans une société démocratique, le citoyen constitue la source et la finalité du pouvoir politique ; il est au centre des préoccupations de tout gouvernement. La construction de la nation se fait avec les hommes pour les hommes et le développement rime et rythme avec l'homme pris dans sa liberté47(*). Le pouvoir démocratique ne garantit les droits et libertés des citoyens qui en retour restent attacher aux valeurs républicaines dont celle liée à la confiance aux institutions établies. Le gouvernement doit également se préoccuper de la qualité de vie de la population, de son bonheur car, la liberté ne peut s'exercer que par des hommes à l'abri du besoin, prévient Saint-Just48(*). L'Etat veille ainsi sur le pouvoir d'achat de la population, sa sécurité alimentaire, son accès à l'éducation, à la santé, à un logement salubre, à l'eau et à l'électricité...Bref, l'Etat se souci de l'épanouissement individuel et collectif des citoyens en distribuant équitablement la richesse produite par la nation. Nous sommes d'avis que la renaissance de la RD Congo ne sera pas un effet du hasard, elle doit être pensée, conçue, planifiée et décidée par l'ensemble de la communauté avec une vigilance soutenue des différents gouvernements qui vont s'alterner. Cependant, même démocratique, le pouvoir n'agit pas directement sur la société. Il opère par des auxiliaires ou des intermédiaires administratifs et techniques pour plus de pertinence dans l'action publique et assurer la proximité des décisions qui seront prises sur les populations concernées. En l'absence de ces intermédiaires, l'action publique ne produira que des effets d'annonce et sera condamnée à l'inefficacité et à l'ineptie. La justice constitue aussi un intermédiaire de taille, elle permet de maintenir l'harmonie et l'équilibre au sein de la société et fixé un certain seuil de responsabilité et de moralité qui favorise l'épanouissement véritable d'un Etat car, la justice élève une nation. * 43 Bongongo Ikoli, Philosophie et logique, cours inédit, G1 RI, SSAP, UPN, Kinshasa, 2003-2004. * 44 Aron. R, Démocratie et Totalitarisme, Gallimard, Paris, 1965, p24. * 45 Balladur. E, Op Cit, p8 * 46 Kissinger.H, La diplomatie, Op Cit, p31 * 47 Kambayi Bwatshia, Op Cit, * 48 Ziegler. J, Op Cit, p27 |
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