6.2 Hamiltonien effectif.
Nous considérons une membrane fluide
fluctuante, immergée dans un liquide à trois dimensions, qui
contient de très petites impuretés. Pour simplifier
l'étude, nous supposons que les impuretés sont
ponctuelles.
Dans la représentation de Monge, un point de
l'interface peut être repéré par les coordonnées
(x, y, h (x,
y)). Ici, (x, y)
représentent les coordonnées sur le plan de projection,
et h (x, y) la fonction
hauteur pouvant prendre des valeurs positives ou négatives.
Dans ce qui suit, nous adopterons la notation (r, z
= h
(r)), où r
= (x, y) ? R2
est le vecteur transverse et z la distance
perpendiculaire au plan de projection.
La Mécanique Statistique des membranes fluides,
sans impuretés, est basée sur l'énergie libre de courbure
de Canham-Helfrich [8]
~ ~ê 2
h2
Ho [h] =
d2r 2
(?h)2 + ~ ,
(5.1)
avec ê la constante de rigidité
de courbure, et u > 0 est le paramètre de
confinement. La membrane est supposée sans tension. En fait, cette
supposition ne change pas les conclusions faites ci-dessous. Le terme de
confinement est responsable de la localisation de la membrane dans quelque
région de l'espace Euclidien, où elle fluctue autour d'un plan
d'équilibre. Pour modéliser les effets d'impuretés sur les
propriétés statistiques du système, nous supposons que
celles-ci ont tendance à renforcer le
hapitre 5 : Mécanique Statistique des
membranes confinées .. 122
confinement de la membrane, si elles sont
répulsives, et elles rendent cette membrane plus libre, si les
particules sont plutôt attractives. Ces tendances peuvent être
expliquées par le fait que le paramètre température est
supposé local dans l'espace, et en faisant la substitution
u (r) = u +
V (r) . (5.2)
Le déviation V (r)
peut être regardé comme un potentiel externe
aléatoire. Pour simplifier, la distribution de probabilité
correspondante est supposée être Gaussienne (désordre
non carrelées), et l'on a alors
V (r) = 0 , V
(r) V
(r') = -vä2
(r - r') . (5.3)
Ici, -v est une constante positive, qui est
proportionnelle à la concentration des impuretés et à
l'amplitude de leur force d'interaction avec la membrane. La notation
ä2 (r) signifie la fonction de Dirac
à deux dimensions.
Par conséquent, le Hamiltonien de
Canham-Helfrich revêt la nouvelle forme suivante
~ ~ê
~
H [h] =
d2r 2
(?h)2 + 2 1 (~ + V
(r)) h2 .
(5.4)
Pour des impuretés répulsives, il suffit
de remplacer V (r) par iV
(r), avec i2 =
-1. Puisque la distribution de désordre est
Gaussienne, tous ses moments impairs sont nuls. Cela implique que toutes les
grandeurs physiques calculées avec le potentiel imaginaire pur iV sont
des nombres réels.
hapitre 5 : Mécanique Statistique des
membranes confinées .. 123
Les impuretés et la membrane ne sont pas en
équilibre, donc le désordre est plutôt
trempé. Dans ce cas, nous n'avons pas à moyenner la
fonction de partition, Z, mais plutôt son logarithme, ln
Z. Ce dernier, définit l'énergie libre. La fonction de
partition, à une configuration d'impuretés donnée,
s'écrit
Z =
Dhe-A[h]
, (5.5)
avec l'action
A [h] =
l~B[T =
d2r
(?h)2 +
2 +
V~(r)h2
. (5.6)
Nous avons utilisé les notations
~ê =
|
ê
|
|
u=
|
u
|
|
V~= V
kBT . (5.7)
|
|
|
|
|
kBT ,
|
kBT ,
|
En terme du potentiel aléatoire réduit, V,
la deuxième loi du désordre apparaissant
dans la relation
(5.3), devient : V
(r) V~
(r') = -vä
(r - r'), avec la constante de
couplage renormalisée : v = v/
(kBT)2. Une simple
analyse dimensionnelle montre que :
[îZ] = L0,
[u] =
L-4 et
[v] =
L-s, avec L une certaine
longueur pouvant être l'épaisseur de la membrane.
Pour calculer la moyenne ln Z, la
procédure standard consiste à utiliser la méthode des
répliques [3], basée sur la limite
ln Z = lim
n?0
|
Zn - 1
|
|
(5.8)
|
n
|
.
|
hapitre 5 : Mécanique Statistique des
membranes confinées .. 124
En moyennant sur le désordre, l'on
obtient
~Zn =
Dh1...Dhne-A[h~,...,h~]
,(5.9)
avec l'action effective, obtenue après n
répliques,
A [h1, ...,
hn] = f d2r $2
~
(?há)2 +
2 h2á +
v8 ~ ha (2_,
h2â ,
á=1
á=1
á=1â=1
(5.10) où les indices grecs désignent
les répliques. Le dernier terme est responsable de l'interaction
effective entre les répliques, dues à la présence
d'impuretés (i < 0). L'action
ci-dessus décrit des impuretés attractives. Pour des
impuretés répulsives, le couplage i doit être
remplacé par -v. L'apparition de ce terme signifie que la
présence des impuretés augmente l'entropie, si elles sont
attractives, et la diminue lorsqu'elles sont répulsives.
Au paragraphe qui suit, l'objectif est une
détermination quantitative du spectre de fluctuations d'une membrane
presque-plate, en présence d'impuretés.
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