Etude comparée de la gestion de l'eau dans deux communes frontalières: Saint- Julien-en- Genevois( France ) et Bernex ( Suisse )( Télécharger le fichier original )par Marcellin FAGLA Université de Lausanne - Master de géographie orientation études urbaines 2011 |
5.1.2. La gestion de l'eau à Saint-JulienLa nappe phréatique du Genevois est une nappe transfrontalière, qui alimente la commune de Saint-Julien au moyen du puits de Crache et celle de Bernex grâce aux puits de Soral et de Perly. La nappe du Genevois est une nappe transfrontalière exploitée par le canton de Genève et le département de la Haute-Savoie. Elle a une longueur de 19 km, une largeur variable entre 1.5 et 5 km avec une profondeur qui se situe entre 50 à 90 mètres. Elle s'étend du quartier des Eaux-vives à Genève jusqu'à la région de Chancy. L'épaisseur de la zone saturée est de 10 à 40 mètres. Elle est naturellement alimentée par l'infiltration directe des eaux de surface et par l'infiltration à travers le lit de l'Arve. Pour maintenir son équilibre, elle est artificiellement réalimentée par de l'eau pompée de l'Arve grâce à la station de Vessy. « Par exemple, 7,5 millions de m3d'eau ont été injectés en 1995 ». 70 Selon les Services Industriels de Genève, l'eau y est d'excellente qualité et la réserve totale d'eau utilisable est estimée à environ 16.8 millions de m3. Les prélèvements représentent environ 15 millions de m3 par an. Les niveaux de la nappe sont régulièrement suivis par le Service de Géologie du canton de Genève grâce à la gestion d'une quarantaine de piézomètres répartis sur l'ensemble de la nappe. 70 Etat de Genève. Service de géologie. La nappe du Genevois. [Page Web]. Disponible sur : http://etat.geneve.ch/dt/geologie/nappegenevois-270-1775.html (consulté le 20 juillet 2011). 93 Il existe une commission d'exploitation de la nappe du Genevois qui a été instituée en 1978 et qui comprend trois représentants du département de la Haute-Savoie et quatre représentants du Canton de Genève. Ces représentants sont désignés parmi les professionnels qui ont en charge la gestion de l'eau ainsi que parmi les membres de l'administration. Ladite commission a pour but d'assurer la gestion quantitative et qualitative de la nappe. Chaque année, les membres de la commission se réunissent pour faire le point sur les prélèvements, les conditions de réalimentation, les travaux structurants à réaliser, etc. La figure 6 montre les composantes de la gestion de l'eau dans les deux communes d'étude. Figure 6 : Composantes de la gestion de l'eau entre Saint-Julien et Bernex. Source : Service de géologie. République et Canton de Genève. 94 La Communauté des Communes du Genevois (CCG), est un Etablissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI) qui a été créé le 1er janvier 1996 au titre de la loi d'Aménagement du Territoire du 6 février 1992 et remplace le Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple (SIVOM) du canton de Saint-Julien-en-Genevois. Elle regroupe 17 communes dont Saint-Julien, et a pour compétences la construction, la gestion et l'entretien des équipements et infrastructures d'intérêt communautaire, l'approvisionnement en eau potable et l'évacuation des eaux usées de ses communes, la collecte et le traitement des déchets, la protection et la mise en valeur de l'environnement, l'élaboration des contrats de rivières, etc. Elle gère une compétence partielle en fournissant aux communes de l'eau en appoint de leurs ressources surtout en période d'étiage. Trente-quatre réservoirs communaux sont raccordés au réseau Communautaire par un système de vannes automatiques qui se déclenchent dès que le niveau d'eau dans ces réservoirs est bas. L'exploitation et l'entretien de ces réservoirs, ainsi que des sources qui les alimentent sont sous la responsabilité de chaque commune. Dans ces trente-quatre réservoirs, on compte celui de Saint-Julien (avec deux cuves), raccordé au réseau de la CCG par l'intermédiaire d'une vanne commandée à distance par l'exploitant de son réseau qui est Veolia. Plus de 80% de l'eau fournie par le réseau communautaire aux communes est tirée de la nappe du Genevois. En 2008 et 2009, les prélèvements dans la nappe du Genevois grâce au puits de Crache s'élèvent respectivement de 866842 m3 et 1143925 m3. Le prélèvement dans la nappe du Genevois repose sur un système de quotas. Ce quota est de 400'000 m3. Au-delà de ce volume, la CCG doit payer pour le volume supplémentaire qu'elle prélève. Sur l'année hydrologique novembre 2008 - novembre 2009, la CCG a prélevé 1 085 354 m3 dans la nappe du Genevois, soit 171% du quota autorisé. Le dépassement s'élève à 685 354 m3. (CCG, rapport eau potable, 2009). Les besoins en eau de la commune de Saint-Julien sont de plus en plus grands puisque en 2006 et 2007, la consommation en eau potable sur le réseau communautaire s'élevait à 252'475 m3 et 297'063 m3 respectivement. (CCG, rapport eau potable, 2007). En 2009, la CCG a fourni à la commune de Saint-Julien 429078 m3 d'eau et le volume vendu par la commune de Saint-Julien à ses usagers est de 752260 m3. La part du réseau communautaire est ainsi de 57% alors que celle du réseau communal est 43%. Ce volume rapporté au nombre d'habitants de la commune, la consommation d'eau est alors d'environ 175l/hab./j. 95 Outre l'eau provenant de cette nappe, la commune est également alimentée en eau potable par la source du Salève et le puits de Ternier. Les besoins en eau de la commune sont principalement pour les usages domestiques et agricoles (irrigation et élevage). Photo 5 : Borne-fontaine Photo 6 : Borne-incendie Clichés : Marcellin Fagla (Saint-Julien, Mai 2011) Le mode de gestion dans cette commune est l'affermage ; cette gestion a été confiée au prestataire privé Veolia. « Le contrat de délégation de service a été signé le premier janvier 1997et dure jusqu' au 31 décembre 2009 ». (CCG, rapport eau potable, 2009). Photos 7 et 8 : Service des eaux de Saint-Julien Clichés : Marcellin Fagla (Mai 2011) La commune de Saint-Julien possédait sa propre station d'épuration et elle déversait dans la rivière de l'Aire ses effluents épurés, ce qui permettait l'alimentation de cette rivière même en période d'étiage. 96 La qualité de l'Aire à l'aval de la station d'épuration de Saint-Julien-en-Genevois était particulièrement dégradée et était très mauvaise ; ceci a conduit à la fermeture de cette station d'épuration en novembre 2001. Les mêmes causes de dégradation qualitative de l'Aire ont fait que la station d'épuration de la plaine de l'Aire aussi a été fermée et transformée en station de pompage. Les eaux usées provenant de la plaine de l'Aire sont acheminées à la station d'épuration d'Aïre de même que celles de la commune de Saint-Julien-en-Genevois pour traitement. « Le raccordement des STEP de Saint-Julien et de la Plaine de l'Aire à celle d'Aïre se répercute défavorablement sur le régime des débits de l'Aire, fortement dépendant de leurs déversements d'alors aujourd'hui supprimés »71. Une réflexion à ce sujet est actuellement menée par le Département de l'Intérieur, de l'agriculture et de l'environnement du canton de Genève pour lui conserver son niveau d'étiage. « Plus de 94% du réseau d'assainissement de la commune de Saint-Julien est en séparatif ». (CCG et DIAE, 2003). La compétence assainissement était du ressort de la Direction Générale des Eaux. Mais cette compétence a été transférée à la Communauté de Communes du Genevois. Ce transfert a été adopté en Conseil communautaire le 10 juin 2002. Ainsi, la gestion de l'assainissement collectif et autonome deviendra communautaire à compter du 1er janvier 2003. La CCG a confié aux SIG l'exploitation du réseau d'assainissement des communes dont elle a la charge, dont Saint-Julien. La compétence gestion et assainissement des eaux pluviales est quant à elle restée communale. |
|