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Etude comparée de la gestion de l'eau dans deux communes frontalières: Saint- Julien-en- Genevois( France ) et Bernex ( Suisse )

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par Marcellin FAGLA
Université de Lausanne  - Master de géographie orientation études urbaines 2011
  

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2.4. Développement durable et gestion de l'eau

Nos propos ici, ont été largement inspirés du cours de Bachelor « Développement Urbain Durable » du professeur Antonio Da Cunha.

Au début des années 70, il y eut émergence d'une prise de conscience relative au mal développement des sociétés et des territoires, un développement qui aggrave les inégalités : inégalités d'accès aux ressources mais aussi et surtout destruction de ces dernières avec un lot de pollutions en tout genre.

Les essais de solution pour pallier ce dysfonctionnement ont d'abord conduit à la proposition de la croissance zéro initiée par le Club de Rome en 1972 dans le Rapport « Meadows ».

Pour le Club de Rome, la solution à ce problème de mal développement est l'arrêt de la croissance démographique et de la croissance économique. L'évolution des activités humaines consommant des ressources naturelles peut être représentée par une courbe exponentielle de croissance. Or, lesdites ressources ne sont pas extensibles ad vitam aeternam ; on se trouve aux portes des limites des ressources avec ses conséquences. Il urge donc d'infléchir la tendance exponentielle de la croissance actuelle et de limiter les activités humaines aux bornes d'une croissance zéro.

Mais cette thèse a été battue en brèche et on lui a préféré l'écodéveloppement comme alternative.

Les partisans de l'écodéveloppement trouvent que les propositions ci-dessus sont très extrêmes car elles ne constituent pas la garantie à la distribution des ressources et pourrait même améliorer la situation des élites. Ils proposent alors une voie moyenne, un développement des populations par elles-mêmes, populations qui utilisent au mieux les ressources naturelles, qui s'adaptent à un environnement qu'elles transforment sans le détruire.

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Une question d'envergure se pose alors : comment assurer la compatibilité entre croissance, reproduction des ressources et répartition des richesses ? Le concept de développement durable, esquissé en 1987 dans le rapport Brundtland vient en réponse. Ce rapport a formulé un certain nombre de recommandations ayant abouti à la Conférence mondiale sur l'environnement et le développement à Rio en 1992.

La solution tant recherchée a finalement été trouvée : on peut parvenir à la croissance, à une efficacité économique tout en respectant les équilibres écologiques, en garantissant la solidarité entre les différents groupes sociaux et les générations ; donc « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. (CMED, 1988 : 43)7.

Concilier efficacité économique, équilibre écologique et justice sociale est difficile certes mais cela n'est pas impossible. Cette conciliation passera par « l'exploration d'interfaces ou de zones d'intégrations entre ces trois domaines » (Veuthey, 2009 : 24), trois domaines que sont l'environnement, le social, l'économique. Ces interfaces ou zones d'intégration sont encore appelées variables d'harmonisation, entre les objectifs environnementaux, économiques et sociaux.

Elles se déclinent en trois entités :

- la viabilité qui implique l'harmonisation des objectifs de reproduction du capital naturel et du capital économique,

- l'effiquité qui harmonise les objectifs du capital social et du capital économique et enfin

- la justice sociale qui signifie harmonisation des objectifs de reproduction du capital naturel et du capital social.

Ces objectifs dudit concept sont mentionnés dans les différents chapitres de l'Agenda 21 qui est un plan d'actions pour le 21e siècle adopté par les parties prenantes lors de la Conférence de Rio.

Une attention particulière y a été portée aux ressources en eau, à leurs usages et fonctions, en l'occurrence en son chapitre 18.2

«L'eau est nécessaire à tous les aspects de la vie. L'objectif général est de veiller à ce que l'ensemble de la population de la planète dispose en permanence

7 Commission Mondiale pour l'Environnement et le Développement, (1998). Evolution conceptuelle et historique du développement durable. [Page Web]. Disponible sur : http://www.rncreq.org/pdf/Rapport%20DD.pdf , (consulté le 19/06/2011).

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d'approvisionnements suffisants en eau de bonne qualité tout en préservant les fonctions hydrologiques, biologiques et chimiques des écosystèmes, en adaptant les activités humaines à la capacité limite de la nature et en luttant contre les vecteurs des maladies liées à l'eau. Des techniques novatrices, notamment la modernisation des techniques nationales, sont nécessaires pour utiliser pleinement des ressources en eau limitées et les préserver de la pollution »8.

Cette citation souligne le caractère vital et l'importance de la ressource en eau.

Alors des mesures ont été prises à tous les niveaux, tant international que national pour atteindre ces objectifs. On peut mentionner :

- la Conférence internationale sur l'eau et l'environnement tenue à Dublin en1992 ; quatre principes directeurs en ont découlé :

« - Principe 1 : L'eau douce - ressource fragile et non renouvelable - est indispensable à la vie, au développement et à l'environnement,

- Principe 2 : La gestion et la mise en valeur des ressources en eau doivent associer usagers, planificateurs et décideurs à tous les échelons,

- Principe 3 : Les femmes jouent un rôle essentiel dans l'approvisionnement, la gestion et la préservation de l'eau,

- Principe 4 : L'eau, utilisée à de multiples fins, a une valeur économique et devrait être reconnue comme bien économique ». (Déclaration de Dublin, Principes directeurs, 1992)

Ouvrons une petite parenthèse pour dire que 15 ans plus tôt, lors de la première Conférence internationale de l'eau tenue à Mar del Plata, l'eau avait été reconnue comme un bien commun. Mais au vu des problèmes qu'elle engendre, sa raréfaction relative et l'horizon sombre qui est le sien, cette vision de l'eau comme bien commun s'est estompée au profit d'une vision de l'eau comme bien économique. L'idée qui se cache derrière cette définition est que plus l'eau est chère, moins elle sera utilisée et moins elle sera gaspillée.

Ceux qui défendent cette opinion arguent que

8 ONU, Division du Développement Durable, (Décembre 2004). Protection des ressources en eau douce et de leur qualité : Application d'approches intégrées de la mise en valeur de la gestion et de l'utilisation des ressources en eau. [Page Web]. Disponible sur : http://www.un.org/esa/sustdev/documents/agenda21/french/action18.htm (consulté le 19/06/2011)

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« les gaspillages de l'eau seraient dus au fait que jusqu'à présent, la plupart de nos sociétés ont considéré l'eau comme un bien social plutôt que comme une marchandise. Cela aurait artificiellement maintenu et maintiendrait aujourd'hui encore le prix de l'eau à des niveaux très bas, incitant à une utilisation insouciante, gaspilleuse et inefficace [...] il faut donc, affirme-t-on, finir avec l'eau, bien gratuit, disponible, abondant ». (Petrella, 1999 : 64)

Il se soulève alors le vif débat du choix à faire entre gestion privée de l'eau confiée aux grandes firmes privées et la gestion publique opérée par l'Etat ou directement par les collectivités publiques.

- l'institution du 22 mars comme journée mondiale de l'eau, ce depuis 1993, conformément aux recommandations du chapitre 18 de l'Agenda 21,

- la Conférence interministérielle sur l'eau potable et l'assainissement à Noordwijk en 1994, dont le programme d'action est « [d'] assigner une haute priorité aux programmes visant à fournir des systèmes de base d'assainissement et d'évacuation des excréments dans les zones urbaines et rurales »9

- le conseil mondial de l'eau, mis sur pied en 1996 pour répondre aux préoccupations croissantes de la communauté internationale face aux problématiques de l'eau,

- les forums mondiaux de l'eau dont le premier s'est tenu à Marrakech en 1997, sur la houlette du Conseil mondial de l'eau, reconnaît le besoin humain fondamental d'avoir accès à l'eau saine et à l'assainissement. Le quatrième, tenu à Mexico en 2006 réaffirme « le rôle crucial de l'eau et en particulier de l'eau douce dans tous les domaines liés au développement durable »10.

- la Conférence internationale sur l'eau douce tenue à Bonn en 2001 ; elle s'est appesantie sur les termes de gouvernance, de mobilisation des ressources financières, de renforcement des capacités et de partage des connaissances en matière de gestion de l'eau, clef du développement durable. Elle reconnait que l'eau « est un élément capital pour la santé des populations et leur subsistance, pour la croissance économique ainsi que pour la préservation des écosystèmes ».11

- l'institution de l'année 2003 comme année internationale de l'eau douce au troisième forum mondial de l'eau,...pour ne citer que ceux-là, la liste étant interminable.

9 UNESCO, (2006). Les grandes étapes. 1972-2003 : De Stockholm à Tokyo. [Page Web]. Disponible sur : http://www.unesco.org/water/wwap/index fr.shtml , (consulté le 12/05/11).

10 ibidem

11 ibidem

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Les multiples rencontres dont l'eau est au centre, la pléthore de rapports, de déclarations, d'articles, de chartes, d'évaluations et de publications attestent de l'importance de la thématique de la gestion durable de l'eau.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault