DISCUSSION GENERALE
I- Le taux de reprise au greffage après
stratification
v Les taux de reprise au greffage après
stratification sont intéressants mais les
résultats ne sont pas excellents du point de vue reprise et
développement végétatif des plants en raison des
conditions d'expérimentation difficiles et du mauvais état
sanitaire du bois récolté au niveau de la collection de la
station de l'ITAF à Ben Chicao. En effet, nous avons rencontré
beaucoup de maladies dans le vignoble présentant des symptômes
caractéristiques des maladies virales en particulier le court
noué sur le bois (rétrécissement des entre-noeuds,
aplatissement et fasciation des sarments), sur les feuilles (mosaïque et
déformation foliaire) et sur les rameaux en végétation
(Rétrécissement, élongation aplatissement et bifurcation).
(Fig.29)
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Aplatissement et fasciation des sarments
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Rétrécissement des entre-noeuds
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Mosaïque des feuilles
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Déformations foliaires
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Elongation des entre noeuds
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Aplatissement et bifurcation des rameaux
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Fig. 29 : les différents symptômes
des maladies virales dues au court noué retrouvées sur le bois
(Identifiés par M. OTSMANE, ingénieur viticole)
v Après stratification, l'analyse de la variance
montre qu'il n'y a pas une grande différence entre les positions et
même entre les cépages concernant le taux de reprise au greffage.
Mais on remarque cependant qu'il y a une différence de reprise entre les
trois positions.
Pour tous les cépages la position médiane
(P2) est la meilleure sauf pour la cépage Ain Kouma où le taux de
reprise reste très faible (46.15%).
Ceci pourrait être dû au diamètre
du greffon car en général, la position apicale a un
diamètre inférieur a celui du porte greffe, et celui de la
position basale est un peu plus grand parce que se problème est survenue
lors du greffage (on a eu des difficultés pour trouver des greffons du
même diamètre que le porte greffe concernant la position basale et
apicale)
De même, les greffons de la position apicale
(P3) étaient si fragiles qu'ils se cassaient à la machine lors
du greffage ou se détachaient facilement du porte-greffe après
décaissage donnant un pourcentage élevé des
greffes-boutures sans greffon (plus de 8%) (Fig.30)
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P1 : Position
basale ; P2 : Position médiane ;
P3 : Position apicale
Fig.30 : Taux des greffes boutures sans greffon
par position pour l'ensemble des cépages
II- Le taux de reprise au forçage
v La progression de la reprise durant le forçage se
fait au cours des 3 premières semaines puis elle se stabilise plus ou
moins à partir de la 4ème semaine et, ce
jusqu'à la fin du forçage. Les plants qui n'ont pas repris
durant les 3 premières semaines ne sont plus aptes à
débourrer car leurs bourgeons se sont desséchés.
v La position des bourgeons et la variété n'ont
pas un effet notoire sur la reprise au forçage ; ceci est
révélé par l'analyse de la variance mais on signale une
petite différence qui existe entre les trois positions (en1er
lieu la P2, ensuite la P3 et enfin la P1).
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P1 : Position basale ;
P2 : Position médiane ;
P3 : Position apicale
Fig.31 : moyenne des taux de reprise au repiquage
par position
v Les résultats obtenus au cours de notre étude
montrent que l'interaction entre la variété et la position du
bourgeon du greffon a un effet significatif sur le développement des
plants. La meilleure combinaison est obtenue avec la variété
Aberkane et la position médiane (P2) et à moindre degré la
combinaison entre Aberkane et la position basale (P1).
III- La longueur de la pousse
v La faible progression de la longueur des pousses durant les
3 premières semaines est expliquée par une forte augmentation
des taux de reprise au repiquage. En effet, après l'apparition des
premières feuilles il y a un ralentissement de croissance de la partie
aérienne pour favoriser l'initiation de la partie racinaire.
D'après Galet (1983), les premières feuilles
se développent grâce aux réserves émises par la
bouture ; la période qui sépare l'initiation des cellules du
cambium et la sortie des racines se situe sur plus d'une semaine.
Durant les deux dernières semaines on observe
une croissance rapide des
pousses ;
Ce phénomène a
été constaté après ralentissement du taux de
reprise et formation
du système radiculaire qui assure une
nutrition optimale.
v L'analyse de la variance a montré un effet
très hautement significatif pour le facteur position des
bourgeons ; en effet, la position médiane (P2) a donné les
meilleurs résultats, suivi de la position basale (P1) et de la position
apicale (P3).
v Ce classement peut être expliqué par
l'accumulation plus ou moins importante des réserves d'amidon du bois.
Pour la position basale, le greffon est sûr aoûté et
très dure, alors que celui de la position apicale, il est mal
aoûté et reste fragile. Le greffon de la positon médiane,
lui, a eu suffisamment le temps pour accumuler les réserves ; ce
qui permet d'expliquer les bons résultats obtenus.
IV- Le nombre de pousses
Le nombre de pousses n'a pas montré une grande
différence entre les trois positions : 1.18 pousse pour la position
médiane, 1.15 pousse pour la position apicale et 1.13 pousse pour la
position basale. Le nombre de pousses est un caractère spécifique
au cépage ; ceci a été confirmé par l'analyse
de la variance montrant un effet significatif pour le facteur cépage. Il
peut être expliqué par deux phénomènes
complémentaires.
Pour le premier phénomène, le bourgeon de
la vigne, d'après Galet (1983), contient un bourgeon principal
entouré par un ou deux bourgeons secondaires qui remplacent le bourgeon
principal s'il est détruit et le nombre de ces bourgeons secondaire est
un facteur variétal.
Pour le second phénomène, après la
sortie des chambres chaudes, si on laisse longtemps les caisses de
stratification en acclimatation, les bourgeons se développent beaucoup
(fig.32)
Si la pousse issue du bourgeon principale se
dessèche, ce sera alors au tour des bourgeons secondaires qui vont
débourrer.
Les cépages utilisés pour notre
expérimentation sont des cépages qui débourrent presque
à la même période (voir fiches descriptives en annexe)
dans la 2ème et la 3ème décade du
mois de mars. L'acclimatation des plants a duré 15 jours ; ce qui
a provoqué le départ des bourgeons secondaires après
repiquage.
On signale que le nombre élevé de pousses
peut influencer sur leur longueur. Ce phénomène a
été observé sur le cépage Aberkane qui a
donné un nombre de pousses très élevé mais avec
une faible longueur. C'est la raison pour laquelle les
pépiniéristes éliminent quelques pousses pour garder le
rameau le plus vigoureux. Cette opération prend beaucoup de temps mais
en diminuant la durée d'acclimatation, il est possible de diminuer le
nombre de pousses en ayant soin de garder la 1ère pousse du
bourgeon principal.
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Fig.32 : les caisses après sortie de la
chambre chaude
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V- Le nombre et la longueur des racines
L'analyse de la variance a montré un effet
significatif pour la position des bourgeons. On trouve la position
médiane en première place suivie de la position apicale et de la
position basale.
Le nombre de racines est en fonction du nombre des
cellules du cambium excité par l'auxine. D'après Jaquinet (1982)
les greffes préparées avec les yeux supérieurs forment
davantage de racines à cause de leur aptitude à
synthétiser les auxines indispensables à la formation des
racines, ce qui explique que la position médiane et apicale ont
donné plus de racines que la position basale. On remarque cependant que
le nombre de racines est plus important chez la position médiane que
chez la position apicale. Cela peut être expliqué par le fait que
le rôle des réserves est secondaire à celui des hormones
dans la naissance des racines (Bouard, 1967).
L'analyse de la variance a montré un effet
significatif pour le facteur cépage ; ceci est expliqué
par la quantité d'auxines produites qui varie en fonction de la
variété.
L'analyse de la variance a montré un effet
très hautement significatif avec la combinaison Ain Kouma position
terminale avec la moyenne la plus élevée, et la combinaison
Aberkane position basale ce qui confirme les explications ci haut.
ü Concernant la longueur des racines, l'analyse de la
variance n'a montré aucun effet significatif que pour le facteur
cépage. On remarque cependant que pour l'ensemble des cépages la
longueur des racines est proportionnelle avec celle de la pousse sauf pour le
cépage Ghanez où la longueur des racines dépasse celle de
la pousse. Et cela peut être expliqué par les nutriments et la
valorisation de ces nutriments par chaque cépage.
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