IV.6. Restructuration sans
lendemain
La mutation actuelle
opérée dans les entreprises publiques n'augure pas un avenir
prometteur, meilleur. L'on ne s'est pas avec précision à quoi
devra-t-on aboutir, à quel prix et quel temps.
La réforme des entreprises publiques ressemble ne
semble pas, à l'allure où va son cheminement, aboutir à un
bon rendement. En effet, comme le témoigne la dégradation de la
situation, l'on ne saurait aboutir à des bons résultats sans un
grand effort de communication. « Dans la plupart des cas, l'Etat
sort le grand perdant, seuls certains charognards occidentaux avec la
bénédiction de quelques traitres et prédateurs
congolais » (Entretien n°3). Face cela, le risque
d'une privatisation aveugle se profile à l'horizon (Entretien n°3),
révélait un parlementaire sur la tribune de
l'assemblée nationale en l'occasion d'une question orale avec
débat à la Ministre du Portefeuille.
En fait, l'inquiétude se dessine par rapport aux
implications et conséquences négatives dues à la
manière dont cette réforme est menée, parce que
l'entreprise était déjà engagée dans un processus
de redressement.
En effet, paradoxalement, au moment où le Congo tout
entier s'embarque dans la politique de la réalisation des grands
projets, le Gouvernement semble se lancer à corps perdu dans une
politique de démembrement et de privatisation tous azimuts des
entreprises publiques. « Je ne conteste pas la
nécessité pour le Congo de développer le secteur
privé. Je ne conteste pas plus l'idée d'une collaboration plus
étroite entre le secteur public et le secteur privé. (...), pour
se redresser, a besoin aussi de l'aide internationale et des capitaux
étrangers. Mais aujourd'hui, c'est la souveraineté du Congo qui
est en jeu » (Entretien n°3), fait observer un
analyste. Il apparait, en outre, que cette réforme est sauvage
parce que ne tenant pas compte de dimension humaine et sociale.
« Nous regrettons vraiment que le personnel, l'intersyndicale
n'ait pas été associés et impliqués dans cette
réforme » (Entretien n°3), nous a confié un
syndicaliste. Par conséquent, cette réforme créera plus de
problèmes qu'elle ne prétend en résoudre. Parce que, le
grand problème réside dans la gestion peu orthodoxe de ces
entreprises. Il ne faut pas perdre de vue que ces entreprises qui ont jadis
participé à l'alimentation du trésor public soient
devenues des canards enchaînés suite à une gestion peu
orthodoxe et la corruption qui a gangréné la
société congolaise.
Le risque par rapport à toutes ces lacunes est que
cette réforme soit un coup d'épée dans l'eau. Car si l'on
ne lutte pas contre la corruption et la concussion au sein des ces entreprises,
pratiques réalisées très souvent en complicité avec
certains tenants du pouvoir politique, cela ne servira à
rien.
L'environnement du business est actuellement si contingent que
l'on ne peut faire du copier coller dans cette réforme. En fait, il
s'agit de ne pas suivre le chemin tracé par les institutions
de Breton Woods. « J'ai comme l'impression que nos dirigeants ne
tirent pas les leçons du passé. En 1973, le président
Mobutu SESE Seko a procédé à ce genre de réforme
qu'il a appelé 'la Zaïrianisation', à savoir la
nationalisation progressive des biens commerciaux et des
propriétés foncières qui appartenaient à des
ressortissants, sociétés et groupes financiers
étrangers » (Entretien n°3), a
déclaré une analyste. Elle a ajouté qu'en
réalité cette mesure qui s'inscrivait dans le soucis de
réappropriation nationale de l'économie ainsi que la
redistribution des richesses acquises pendant la colonisation a
été un véritable échec, car la population et les
bénéficiaires de cette politique n'étaient pas
préparé ni impliqué à cette décision.
Ce manque de réappropriation de la mesure par les agents
impliqués est le grand handicap revu encore dans la présente
réforme. Ainsi, le gouvernement devrait se ressaisir en organisant un
débat sur cette question auprès des spécialistes et autres
intellectuels congolais. Il y va de l'avenir de notre pays, indiquent certaines
personnes.
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