La réforme des entreprises publiques congolaises: reengineering ou simple mutation juridique. Cas de la Société Congolaise des Postes et Télécommunications (SCPT )( Télécharger le fichier original )par Walter- Wally NKUY KIMBUNGU Université de Kinshasa - Licence 2011 |
1. Problématique du travailLors du dernier sommet du deuxième millénaire organisé par les Nations-Unis, les dirigeants du monde entier ont placé le développement au coeur même de l'ordre du jour mondial en adoptant ce qu'ils ont appelé les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). « L'appui en faveur de la Réforme de l'Administration Publique est un moyen en vue de la réalisation des objectifs supérieurs du développement et tout particulièrement de la croissance équitable, de la réduction de la pauvreté, de la paix et de la stabilité »1(*). Par ailleurs, la création des entreprises publiques dotées en général du monopole, avait répondu à une logique à la fois industrielle et politique depuis le XVIII ème siècle. L'Etat indépendant du Congo, ex-Zaïre, aujourd'hui République Démocratique du Congo ne pouvait échapper à cette logique. Et ici, la faiblesse du secteur privé l'avait si bien justifié, étant donné que seul l'Etat disposait des ressources pour assurer les investissements nécessaires à la création d'entreprises. C'était de surcroit le moyen de promouvoir le développement des entreprises nationales. D'ailleurs, jusqu'aux années 1980, ces sociétés avaient plutôt rempli avec succès les rôles qui leur avaient été dévolus : fiscal, social, économique et d'intégration nationale. Dans la décennie qui avait suivi l'indépendance et grâce aux recettes procurées par la rente cuprifère, l'Etat zaïrois avait adopté une politique d'intensification et de développement. Cette stratégie était caractérisée par la primauté du secteur public et la mainmise de l'Etat sur les secteurs clés de l'économie nationale. Cette option s'était traduite par un rôle prépondérant et incontournable des entreprises publiques dans l'économie. La décennie 1980 était, cependant, marquée par l'effondrement de l'économie suite non pas seulement à la chute des prix du cuivre sur le marché mondial, mais aussi la vétusté de l'outil de production, la mauvaise gestion et la corruption qui du reste étaient devenues systémique dans l'administration publique zaïroise. Les entreprises publiques liées par cette tumeur n'avaient pas su réagir de manière convenable à ces problèmes. Il en était résulté d'énormes déficits financiers et du compte courant, ce qui, jusqu'à l'heure ne cesse de manifester les effets, entre autre, la faillite des entreprises, l'accumulation de la dette publique extérieure et intérieure. Aujourd'hui, le monde est caractérisé par un contexte de globalisation avec comme corolaire l'ouverture des marchés et des capitaux, l'intensification de la concurrence et de la compétitivité. Ce qui oblige la RDC à s'adapter sous peine de voir ses entreprises déclassées par celles d'autres nations plus performantes. Ainsi, la réforme devient non seulement une nécessité, mais un impératif pour le développement et l'épanouissement de toutes les entreprises publiques nationales, en particulier l'OCPT. Le secteur des postes et télécommunications congolais (OCPT) qui fait l'objet de la présente étude, caractérisé par un faible rendement n'a pas pu suivre l'évolution technologique mondiale et surtout le rythme rapide de la demande interne engendré par un taux démographique élevé. Il est entré, comme le reste des entreprises publiques, dans une phase de crise exacerbée à la suite du retournement de cette conjoncture de dépréciation continue du zaïre (monnaie nationale) depuis la fin des années 80, et à partir de 1992 de la dégradation du climat politico-social. En outre, la complexité du nouveau contexte ponctué d'incertitudes et des risques sur les plans aussi bien économique, géopolitique, environnemental... ont poussé le Gouvernement congolais à effectuer une réforme. Cette réforme des entreprises publiques « s'insère dans le vaste programme des réformes économiques profondes mises en place par le Gouvernement depuis 2001. (...) Ces réformes ont été conçues et menées dans tous les secteurs clés de l'économie nationale, dont le secteur des entreprises publiques »2(*). Dans le cadre de cette réforme, l'interrogation générale à laquelle répond notre travail se formule de la manière suivante : quels ont été les choix stratégiques dans les réformes et quels peuvent être les résultats de leur mise en oeuvre ? S'agit-il d'une réforme profonde ? Cette interrogation peut être décomposée en une série des questions : · Quelles ont été les orientations stratégiques de la réforme ? Celles-ci ont-elles subi des réaménagements significatifs au cours de la période de la réforme ? · Dans quelles conditions internes liées notamment à la cohésion, à la mobilisation et renforcement des capacités du personnel la réforme est-elle faite ? Et externe lié à l'instabilité de l'environnement et la concurrence? · La réforme entreprise à ce jour a-t-elle eu un effet significatif sur le fonctionnement de l'OCPT et en conséquence sur les performances économiques? Ce sont là quelques questions parmi tant d'autres auxquelles répond ce travail. * 1 http//www.undp.org/governance/public.htm * 2 Idem, p. 43 |
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