DISCUSSION
1. DISCUSSION DES CARACTERISTIOUES DE LA POPULATION
ETUDIEE
L'âge de ces opérés (45
à 79 ans) s'inscrit dans les limites statistiques de l'âge de
prédilection clinique ou microscopique de l'HBP. L'HBP est
considéré par les uns comme « rare avant 40 ans » (19)
et par les autres comme « apparaissant microscopiquement vers l'âge
de 30 ans » (18).
Les études de Chicharro Molero ont laissé des
traces en cette matière, comme rapporte Fourcade (8) : « Pour
tenter d'approcher l'épidémiologie avec une définition
plus clinique de l'HBP, Chicharro a conjugué un score IPSS >7, un
débit maximal < 15 ml/seconde et un volume prostatique
supérieur à 30 Cm3 comme définition de l'HBP clinique de
4,5% entre 41 et 50 ans et 8,7% à partir de 70 ans ». Ainsi, cet
intervalle d'âge est allé de 41 ans jusqu'au-dessus de 70 ans chez
les Espagnols dans le cadre d'une étude de prévalences. Donc,
sans vouloir étudier la prévalence ni cette définition
d'HBP propre à Chicharro, étant donné l'absence des
preuves histologiques d'HBP chez tous nos opérés, nous avons
trouvé cette tranche d'âge de 45 à 79 ans. C'est là
un argument supplémentaire en faveur d'HBP outre l'aspect macroscopique
peropératoire de la masse prostatique excisée et les
données de l'examen du Toucher Rectal. Cette tranche d'âge
correspond aussi à l'âge critique et à la vieillesse au
cours desquels la fragilité de l'organisme sénescent s'installe
définitivement (25).
L'âge moyen de nos opérés
estimé à 64,83 ans est inférieur à
celui qui a été publié par les auteurs d'ANAES (18),
c'est-à-dire 67 ans. Ils n'ont pas précisé, comme nous, la
technique d'adénomectomie pour laquelle cette moyenne s'applique. Par
ailleurs, Nanninga (in 15) avait étudié 4 séries de 142
malades en 1972 et avait constaté une augmentation de l'âge moyen
des opérés d'HBP au cours des années successives de 1942
à 1970. Cet âge moyen était passé de 67 ans (pour
les années 1952-1961) à 72 ans (pour les années 1966-1970)
en passant par 69 ans (pour la période de 1961 à 1965). Les
déterminants de cette variation de prédilection de la chirurgie
d'HBP ne nous sont pas donnés par les extraits de son étude.
Mais, notre
étude étant une première à l'HSLK,
nous espérons qu'au cours de prochaines séries d'étude, de
32 opérés (pour la période de 2000 à 2004 par
exemple), l'âge moyen des opérés d'HBP sera
différent de 64,83 ans et que des études analytiques
parallèles nous permettront de comprendre les raisons de la future
variation.
Le groupe sanguin 0 a prédominé (50%) sur les
groupes sanguins A et B en proportions égales dans cette série
d'opérés (Tableau II) et il n'y a eu aucun opéré du
groupe sanguin AB (0%). Mais, ces facteurs n'étant pas encore
étudiés en rapport avec la Chirurgie d'HBP, nous n'avons pour
cela d'autre explication que la prédominance du groupe sanguin 0 dans la
population générale (45%) contrastant avec la rareté du
groupe sanguin AB (5% environ) selon certains auteurs. Ces faits doivent
être présents à l'esprit de l'opérateur d'HBP
à l'HSLK dans le cadre de prescription de transfusion sanguine aux
opérés. Mais des échantillons d'étude plus grands
permettraient d'établir ces observations chez les opérés
d'HBP en tout lieu.
Quant aux caractéristiques des malades
décédés, les facteurs explicatifs de cette
mortalité et prépondérants dans ce groupe sont à
retrouver parmi les considérations suivantes (Tableau I à III)
:
1. La présence des complications
postopératoires (constatées dans 100% des
décès) avec les observations supplémentaires
ci-après :
· les réinterventions chirurgicales d'indications
diverses par divers opérateurs ;
· l'imprécision du tableau ou diagnostic clinique
pré mortem suggérant une thrombo-embolie
postopératoire.
2. L'âge = 67 ans (où nous avons
constaté 71,4% des décès) de par la fragilité
multisystémique qu'entraîne la vieillesse.
3. Un terrain d'HTA systémique (présent
chez 71,4% des opérés décédés).
4. Les maladies cardiovasculaires dont l'arythmie
cardiaque (présente chez 50% des opérés
décédés).
5. Le sepsis à germes Gram négatif (survenu
précocement chez 2 opérés qui sont tous
décédés, soit 28,8% des opérés
décédés).
Quant aux antécédents (ou facteurs
associés) des opérés : Nanninga (op.cit) les avait
étudié (et publié en 1972) 4 séries de 142
opérés au cours de 4 périodes différentes
(1942-1950, 1952-1961, 1961-1965 et 1966-1970). Il a retrouvé des
fréquences des maladies cardiovasculaires croissantes dans le temps,
allant de 23% à 51%. Mais notre tableau III n'a retenu pour cette
série unique de 32 patients que des fréquences similaires pour
les maladies cardiovasculaires (dont 28,1% d'HTA et 18,75% d'arythmie cardiaque
que Nanninga n'a pas dissociées).
Cet auteur avait rapporté des fréquences
croissantes des maladies pulmonaires allant de 1,4% à 9% mais notre
étude mono périodique n'a retrouvé que 3,1% d'Asthme
bronchique. Nous avons trouvé 3,1% du diabète sucré alors
que Nanninga rapportait la stabilisation de la fréquence de ce facteur
à 9% au cours de ses 3 dernières périodes d'étude
après avoir constaté à sa première période
une fréquence de 4%.
Dans tous ces cas, les raisons de ces différences
dépassent le cadre de notre
étude.
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