5.1.2. Utilisation des recettes de la vente de
l'anacardier
La vente de noix brutes d'anacarde
génère d'importantes ressources que le
producteur investit dans nombre de dépenses dont les plus importantes
sont: le renouvellement et l'acquisition des cheptels mort et
vivant, les cérémonies diverses, instruction et écolage de
la progéniture, travaux champêtres, santé,
panier de la ménagère et autres. La figure N°22
présente en détails la part de chacun de ces postes de
dépenses dans les dépenses totales.
Encadré 6: On fait le champ
d'arachide pour assurer l'écolage alors que les noix de cajou assument
beaucoup plus des cérémonies et l'achat de bien matériels
comme les motos, voitures, moulins à maïs etpostes
électroniques. MOUSSA Soulé, Producteur de Tassigourou.
Les données de la figure ont été
pondérées avec le nombre de producteurs. 25% des recettes des
noix brutes d'anacardier sont utilisées pour renouveler et
acquérir aussi bien du matériel agricole que des animaux en
élevage. En témoigne l'encadré 3. La vente des noix
participe en premier à soutenir l'activité principale dans cette
commune rurale.
Encadré 3: La première
récolte m'a servi à acheter des moutons qui aujourd'hui se
reproduisent. Pour moi, ça dope mon activité principale et
constitue un fond de réserve pour soigner mes animaux etpour relever
chaque fois mon cheptel, remplacer les reproducteurs et les performants
réformés afin de maintenir le niveau de rentabilité et de
pérennité de mon activité principale que représente
l'élevage. MAMADOU Bio, producteur et éleveurpeulh à
Becket-Djadji.
Environ 20% des revenus des noix brutes de cajou sont
consacrées aux cérémonies diverses dont les mariages,
alors que les rites funéraires emportent la grande partie.
L'instantanéité et l'assurance de ce gain autorisent la
programmation des mariages et d'autres cérémonies.
Par ailleurs, 30% des recettes sont consacrées aux
travaux champêtres, alors qu'à l'instruction et l'écolage
de la progéniture sont consacrés 15%.(Voir encadré 4) Nous
n'avons pas pris en compte ici la participation des producteurs au sein de
l'Association des Parents d'Elèves pour le paiement des enseignants
communautaires. Mais nous remarquons aisément que la production soutient
la scolarisation des enfants dans la commune. De plus, on peut agréger
à près de 40% des ressources de la noix d'anacardier
consacrées aux activités a gricoles des producteurs
(renouvellement et acquisition du matériel agricole et de cheptel,
travaux champêtres comme la rémunération de la main
d'oeuvre).
Encadré 4 : L'anacardier est
pour le bien de tous et l'argent quiy est tiré sert aux enfants en
prioritépour leur instruction... GBARA Ibourahim, producteur de
Birni-Maro.
D'un autre côté, 5% et 12% des recettes sont
consacrées respectivement à la santé et au panier de la
ménagère pour acheter les condiments, voire des vivriers (voir
encadré 5).
Encadré 5 : En période de
soudure et de rareté des céréales ou du vivrier, les
recettes générées par la vente des noix deviennent la
caisse des cérémonies, des achats complémentaires des
vivriers et d'achats de condiments. MOUSSA Soulé, Producteur de
Tassigourou.
En dehors de ces postes, les recettes de la vente des noix
d'anacardier sont consacrées à d'autres utilisations, souvent
variées allant de l'acquisition de motos, voire de voitures et de
moulins à maïs (voir encadré 6).
Ces statistiques et les opinions relatées dans cette
analyse indiquent clairement que l'anacardier ou tout simplement ses noix, sont
très utiles et leurs recettes assument de véritables fonctions
sociales (instruction, santé, cérémonies, lutte et
prévention de la faim, cuisine...) et dopent l'économie en
agissant comme fonds d'investissement de l'activité économique
(renouvellement et acquisition de matériels agricoles et de cheptel,
conversion ou diversification des activités économiques à
travers l'achat de voitures et/ ou de motos et de moulins à maïs).
Les noix d'anacardier assument bien plus sur le plan social.
5.1.3. La production de l'anacardier comme source
importante d'emplois occasionnels L'activité de
production de noix brutes de cajou à Kouandé est une source
évidente d'emplois occasionnels. Les pans de l'activité les plus
concernés sont dans l'ordre la production et la commercialisation.
En ce qui concerne la production, les activités
d'entretien et de récolte offrent un emploi occasionnel à une
main d'oeuvre salariée essentiellement constituée de jeunes
déscolarisés et de migrants agricoles qui viennent des communes
voisines. Pour mieux saisir l'importance de cet emploi, voir en annexe
N°II les temps et coûts de travaux standards de la culture
d'anacardier dans la commune de Kouandé.
Ce tableau indique que l'activité de production
génère des emplois occasionnels. Les activités
d'installation que sont le désherbage, le défrichement et la
trouaison totalisent 17h/j par hectare. Ces activités se
réalisent une fois pour une plantation et se réalisent sur de
nouvelles friches. Elles coûtent par ailleurs beaucoup aux producteurs
qui ne le réalisent pas, car les producteurs dans leur majorité
installent leur plantation sur des champs déjà cultivés.
Lors des années d'exploitation, les opérations d'entretien
(Sarclage, pare-feu) qui sont réalisées totalisent 14h/j/ha et
emploient beaucoup de personnes. Les activités de sarclage et de
pare-feu et celles d'installation sont exécutées essentiellement
par les hommes aussi bien en main d'oeuvre salariée que familiale. La
récolte de noix est une activité très coûteuse et
nécessite 5h/j/ha pour un coût de 18. 000 F CFA. Elle est donc
très rémunérée et elle e st exécutée
par les femmes et les jeunes essentiellement. Les grands exploitants souvent
très majoritaires dans cette région emploient ainsi donc cette
main d'oeuvre. La population jeune de la commune de Kouandé est aussi
très active dans la commercialisation.
Au niveau de la commercialisation, les exportateurs emploient
la main d'oeuvre locale dans la collecte primaire. Ils sont quelques dizaines
à être employés, leurs âges varient de 20 à
55ans. Nous avons par exemple dénombré à Birni, environ
une cinquante de «teekoun » qui est engagée dans
cette collecte. En effet, la tonne de noix collectée est
rémunérée à 10.000 FCFA et suivant son dynamisme un
collecteur peut remplir en une campagne un gros porteur de près de 40
tonnes. Ce qui fait environ 400.000 FCFA pour une campagne de
commercialisation, indépendamment du fait que le collecteur
puisse avoir sa propre plantation. Toutes ces donnees
attestent le fait que le PAPEJ16 est retenu dans on etude conjointe
avec le PNUD, l'anacardier comme première filière porteuse
d'emplois dans la commune de Kouande. Ces transactions combinees au
developpement d'une relation usurier- producteur contribuent à une forte
activite economique dans cette periode de commercialisation.
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