2.3.2.3. Les normes suivant l'effet
économique
On peut énumérer quatre types de normes à
savoir les normes de compatibilité/interface, les normes de
qualité minimale, les normes de réduction de
variété et les normes d'information/de mesure.
Les normes de compatibilité ou
d'interface
Le développement des technologies de l'Information et
de la Communication, en particulier, a démontré la grande
importance économique pour la compatibilité et les interfaces. La
pensée économique moderne identifie deux phénomènes
économiques qui influencent les décisions des producteurs et les
consommateurs dans de tels processus. Premièrement, les producteurs et
les consommateurs font face à des faux frais (Farrell et Shapiro, 1988;
Klemperer, 1987a, 1987b; von Weizacker, 1984). Deuxièmement, les choix
du producteur et du consommateur sont influencés par ce qu'on appelle
les effets du réseau, ou quelque fois les externalités du
réseau (Farrell et Saloner, 1985, 1986; Katz et Shapiro, 1985,1986a,
1986b, 1992, 1994). L'idée de base de ces effets du réseau est
qu'il est préférable de choisir un système largement
utilisé par les autres.
Les normes de compatibilité ou d'interface aident
à étendre les opportunités de marché parce qu'e
lles aident à accroître les externalités ou effets sur
réseau. Les deux grandes catégories d'externalités sont
celles directes et indirectes. La valeur d'être abonné au
téléphone dépend évidemment directement du nombre
d'abonnés. S'ils sont peu nombreux, l'utilité10 du
réseau en est réduite. Au contraire, un propriétaire d'un
modèle commun de voiture profite des externalités indirectes du
réseau: il ne se préoccupe pas de l'étendue du
réseau lui-même, mais il lui est plus loisible de profiter du bon
service du réseau et des pièces de rechange compétitifs.
Certains auteurs ont tenté de mesurer les externalités de
réseau et démontré leur rôle important dans le
processus de normalisation : Gandal (1994), Greenstein (1993), Shurmer (1993),
Shurmer et Swann (1995), Swann (1987,1990a).
Les normes de qualité minimale ou de
sécurité
Les consommateurs font souvent face à une
pléthore de normes et ainsi il leur devient difficile qu'elles
répondent à leurs buts. Il est à rappeler que l'un des
premiers challenges de Engineering Standards Committee (le précurseur de
BSI) était de réduire la confusion créée par la
prolifération des formes, tailles et qualités des sections
d'acier disponibles sur le marché (Berridge, 1978, pp. 876- 877) . Cette
confusion impacte la fluidité du marché, le volume des
échanges et crée la distorsion du marché.
10 Il est invraisemblable que l'utilité soit une
fonction linéaire de la taille du réseau. En effet, une relation
linéaire est réelle sous certaines conditions strictes (Swann,
1998). Mais l'utilité pourrait normalement être une fonction
croissante monotone de la taille du réseau- à moins que les
consommateurs désirent exclusivement le réseau auquel ils
reviennent.
La loi de Gresham démontre combien de dommages peuvent
être causés au marché lorsque les consommateurs sont confus
et sont incapables d'accéder à la qualité avant de
commercer. Dans de telles circonstances, les asymétries de l'information
entre les acheteurs et les vendeurs peuvent conduire à de graves
distorsions du marché (Akerlof, 1970).
Si les acheteurs ne peuvent distinguer la grande qualité
de la basse avant l'achat, alors il est difficile au vendeur de la grande
qualité de s'assurer un prix rémunérateur.
Leland (1979) a montré que les normes de qualité
minimale ou de discrimination de la qualité peuvent permettre de
résoudre la loi de Gresham. Si ces normes de qualité existent et
sont bien comprises, alors l'acheteur peut, tout confiant, distinguer la grande
qualité da la basse avant l'achat, et ainsi le vendeur de la grande
qualité s'assure une plus value pour son produit supérieur. Les
normes ne sont pas les seuls moyens de venir a bout de la loi de Gresham's mais
elles peuvent être l'un des plus effectifs. [Voir aussi Boom (1995) et
Swann (1993).]
Par voie de conséquence, les normes de qualité
minimale peuvent, plus généralement, réduire les
coûts de transaction (Blois, 1990et Hudson and Jones, 1997, 2000cet Jones
and Hudson, 1996). En clair, les normes aident à la fois les producteurs
et les consommateurs. Les normes protègent aussi les tiers, c'est le cas
des normes environnementales (Baumol et Oates, 1971 ; Skea, 1995).
Les normes de réduction de
variétés
La réduction de variétés joue deux
rôles différents. En premier lieu, elle cherche à exploiter
l'économie d'échelle en minimisant la perte proliférante
de modèles minimalement différenciés. Les normes de
réduction de variété ne nécessitent pas
d'être définies publiquement: l'économie d'échelle
peut être, en principe, obtenue avec une gamme de modèles
idiosyncrasiques. C'est la meilleure fonction des normes de réduction de
variétés actuellement connue. Il existe pourtant, un autre
rôle important de ces normes, et ceci opère au profit aussi bien
du producteur que du consommateur. Les normes peuvent aussi réduire le
risque encouru par les fournisseurs, même si cela signifie qu'ils font
face à plus de compétition (Swann, 1985). A l'étape de
naissance de marchés pour la nouvelle technologie, les normes peuvent
jouer un important rôle dans l'atteinte de l'intérêt et la
cohésion au sein des pionniers (Moore, 1991). Les normes de
réduction de la variété peuvent contribuer à cette
cohésion, d'où elles aident le marché à
décoller.
Les normes de mesure ou
d'information
Les normes d'information et de description de produit sont
traitées comme une catégorie au-delà des autres, mais pour
plusieurs raisons, elles semblent plus efficientes comme hybrides des trois
autres catégories. Les mesures effectuées pour confirmer que le
produit est bien ce qu'il est supposé être, pourraient
s'avérer intimement liées au type de norme de description du
produit. Le producteur
peut affirmer que le produit à vendre est en effet ce
qu'il attend qu'il sera, et qu'il réduise ses risques, et aussi les
risques de l'acheteur. En principe, le producteur peut acheter avec confiance
et sans la nécessité de conduire son test indépendant du
produit, que le produit est bien ce qu'il est supposé être. Comme
tel, ce genre de mesure certifiée peut aider à réduire les
coûts de transaction, et ainsi fait fonctionner correctement les
marchés. Barber (1987), Swann (1999), Tassey (1982) ont produit des
études. Le concept de la "capture régulatrice" est l'idée
que certains producteurs font des lobbyings au point qu'ils peuvent persuader
les régulateurs de définir les régulations dans
l'intérêt des producteurs plus que celui des consommateurs (comme
prétendu au départ). Dans ce contexte, le concept de "coûts
de rivalités naissantes" (Salop et Sheffman, 1983) peut être
utile. Quelques producteurs de coûts élevés et de grande
qualité peuvent trouver leur intérêt dans le lobbying, pas
nécessairement pour une norme de grande qualité minimale, parce
que celui-ci exclura leurs «rivaux« de coût bas, ou de faible
qualité de marché.
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