CONCLUSION
A l'aube du 21ème siècle, la question
du développement durable s'accouple à tous les domaines
d'activités humaines et bien sür celui du secteur des
transports.
Parmi les outils nécessaires à la prise en
compte des principes du développement durable, l'étude d'impact
sur l'environnement, qui intervient dans la conception des programmes et
projets de transport, peut jouer un rôle capital.
En effet, par quelles stratégies parviendrons-nous
à la construction de routes respectueuses de ces principes et en quoi
cet outil peut être utile à ce sujet dans les pays en voie de
développement de façon général et
particulièrement au Burkina Faso?
La démarche développement durable dans la
construction routière repose essentiellement sur la prise en compte des
aspects environnementaux. En effet, construire une route durable doit se baser
sur une technologie viable à laquelle on associe l'équité
sociale, la rentabilité économique et enfin
l'intégrité écologique au profit des
générations futures. Dans le contexte des pays du sud surtout, il
est impératif de prendre en compte cette solidarité
intergénérationnelle. Dans la mesure oü le financement des
projets de développement est assuré par des prêts payables
en moyenne sur plusieurs années, il faut donc au minimum assurer les
conditions d'existence de ces générations qui vont payer nos
dettes.
Pour se faire, les mesures d'ordre techniques et
règlementaires doivent être renforcées en matière de
gestion des projets et d'exploitation des infrastructures routières.
Notamment dans tout le processus de planification, d'attribution des contrats
et de contrôle des travaux.
Par ailleurs, les études qui consacrent les projets
doivent être assurées de leur crédibilité avant la
prise de décision. Il est souvent nécessaire de limiter les
linéaires des projets aux ressources budgétaires permettant ainsi
de réaliser des produits performants et durables par le respect des
règles modernes de construction routières et de
sécurité, l'utilisation de matériaux de qualité et
l'assurance d'un contrôle de qualité. Les biotechnologies,
actuellement en développement, méritent d'ores et
déjà de faire l'objet d'expérimentions et de vulgarisation
pour celles déjà concluantes.
De façon générale, des efforts doivent
être entrepris dans le cadre global de l'espace UEMOA pour la mise en
place de centres de formation d'excellence et de recherches scientifiques et
technique en BTP en vue de concevoir des règles de construction
adaptées aux conditions techniques et socio- économ iq ues de la
zone.
Il y a aussi lieu de sensibiliser les entreprises sur leur
responsabilité sociale et environnementale pendant les travaux et les
ma»tres d'ouvrage devraient davantage mettre en oeuvre des moyens pour
faire respecter toutes les mesures d'atténuations
préconisées par les rapports d'études d'impact
environnemental et social. C'est une condition sine qua non à l'atteinte
des objectifs de construction de routes respectueuses des principes du
développement durable. Car il faut impliquer fortement ces
principaux acteurs du terrain qui, le plus souvent, sont mal
informés notamment sur les questions environnementales. A cela, il faut
ajouter la nécessiter d'impliquer les populations riveraines, avant,
pendant et après les travaux, les sensibiliser sur leur rôle dans
le contrôle et le suivi à long termes des impacts du projet.
Comme limites à cette étude, notre analyse
environnementale des travaux de la RN27 manque de données
chiffrées (données physico-chimiques, inventaires, etc.) dont la
disponibilité permettrait de faire une analyse plus réaliste des
changements intervenus. En perspectives, dans un cadre plus formel, la mise en
place d'un programme de suivi environnemental, au niveau du département
en charge des infrastructures, permettrait de relever ce handicap et faire un
état plus objectif et exhaustif de la situation. Pour notre étude
expérimentale sur le vétiver, qui n'a pas permis de tirer des
conclusions finales pour le moment sur la faisabilité de la technologie,
elle fera l'objet d'un suivi et d'implantation en divers sites
expérimentaux (autres régions du pays, autres types de
protections, changement de mode opératoire, etc.) sur une période
d'au moins trois ans et si les résultats s'avèrent concluants
pour le Burkina Faso, la technologie pourra être enseignée et
intégrée aux techniques de construction et d'entretien routiers
dans tout le pays.
Quand aux études d'impacts sur l'environnement (EIE),
leur forme actuelle répond à un simple principe de
conformité réglementaire dont l'efficacité reste
lacunaire. Il y a toutefois lieu de se réjouir du fait qu'elle tend
à se généraliser à tous les secteurs
d'investissements, mais il convient qu'il reste des efforts à consentir
en Afrique pour Ç faire des évaluations environnementales un
véritable outil technique, social et économique d'analyse et de
suivi des impacts et des risques. Suivi technique pour fournir au
décideur la connaissance des mécanismes d'impact et des
ressources à protéger en priorité. Suivi social pour mieux
conna»tre le futur impact local et établir un consensus des parties
prenantes. Et enfin suivi économique pour réaliser l'optimum
entre bénéfices et coUts du projet È (Mercier et
Bekhechi, 2003).
En outre, l'EIE devrait évoluer vers une harmonisation
générale à travers les différents pays et bailleurs
de fonds, ce qui faciliterait son appropriation par les usagers (consultants et
ma»tres d'ouvrages), par les exécutants (entreprises) et ferait
gagner en efficacité. Enfin, du fait de ses limites dans le temps et
dans l'espace, il faudra donner davantage priorité aux
évaluations environnementales stratégiques des programmes et
plans qui, eux, peuvent aller plus loin dans le temps et dans l'espace
territoriale et couvrir également plusieurs domaines
d'investissements.
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