CHAPITRE I:
GENERALITES ET APERÇU BIBLIOGRAPHIQUE.
I/- PROBLEMATIQUE GENERALE DE L'ELECTRIFICATION
RURALE.
I.1- Analyse de la situation globale de
l'électrification rurale décentralisée.
Dans le monde entier, l'Electrification Rurale
Décentralisée (ERD), est une histoire dont l'origine est
récente. Bien entendu, l'utilisation des énergies
éoliennes et hydrauliques remonte à la nuit des temps mais ce
n'est que depuis le début du siècle dernier qu'elles produisent
l'électricité. Les groupes électrogènes ont depuis
leur conception, produit de l'électricité, même dans les
lieux les plus reculés, les plus difficiles d'accès et dans des
conditions extrêmes. C'est pourtant la technologie la plus
récente, le solaire photovoltaïque, qui semble avoir suscité
la dynamique de développement qui permet aujourd'hui de parler d'ERD et
suscite les multiples questions liées à sa banalisation
(Y. MAIGNE., 2000). Par ailleurs, dans les zones tropicales
humides sous forêt, l'idée de l'intégration de la biomasse
dans la production de l'électricité semble préoccuper de
plus en plus les chercheurs [(PLATIAU D., 1986), (P. GIRARD, 2000), (E.
TANAWA et al., 2000), (N. SYRED and al., 2001), (NGNIKAM et al., 2001),
...],, ce d'autant plus que cette filière
concourt à la protection de l'environnement par la diminution des
émissions à effet de serre. Le problème de l'ERD est
d'autant plus crucial que plus de 2 milliard d'êtres humains vivent sans
électricité sur la planète (Y. MAIGNE.,
2000). C'est ainsi que dans la plupart des pays concernés, tous
les nouveaux élus citent l'électrification des zones rurales
comme l'une de leurs priorités. La finalité de l'ERD est claire;
elle n'en recouvre pas moins une mosaïque d'acteurs et de domaines qui, si
l'un vient à manquer affecte sa crédibilité et
pénalise ses bénéficiaires (technologies de production, de
distribution et d'utilisation; développement socio-économique des
bénéficiaires par le service rendu; mécanismes
institutionnels, organisationnels et financiers; cohésion et synergie
entre les différents acteurs dans la conception, la réalisation
et l'exploitation). En matière de technologie par exemple, plusieurs
techniques sont en mesure de répondre, selon les situations locales, aux
besoins en énergie, mais aucune d'entre elles, considérée
seule, ne peut prétendre répondre globalement à l'ERD :
- Pour l'énergie éolienne, on ne peut pas
retrouver les grands vents dans toutes les régions; -
L'hydroélectricité est elle aussi limitée par la
fiabilité des équipements de petite taille, la rareté des
cours d'eau et la variation des débits;
- Le solaire photovoltaïque, même s'il
bénéficie des gisements souvent abondants, est handicapé
par son coût d'investissement et la nécessité des batteries
d'accumulateurs;
- Les groupes électrogènes dont la
fiabilité et la gamme de puissance disponible ne sont plus à
démontrer, se heurte à son coût de fonctionnement, dont
plus de 75% représentent celui du carburant, tendance qui s'aggrave avec
le temps, surtout en zone rurale; c'est le lieu de signaler l'importance de la
recherche sur les alternatives d'approvisionnement en carburant surtout compte
tenu des exigences des normes internationales en matière
d'environnement. C'est ici que la gazéification de la biomasse en vue de
la substitution des carburants pétroliers avec le gaz produit constitue
une solution de référence dans les zones tropicales humides sous
forêt.
Ce bref état des lieux montre combien la
complémentarité des technologies de production disponibles est,
au niveau technique, la solution susceptible de satisfaire le plus grand nombre
d'usagers avec une contrainte de disponibilité énergétique
minimale et dans des enveloppes budgétaires limitées.
Mais la tendance globale qui est observée aujourd'hui
est toute autre; en effet, rare sont les concepteurs, réalisateurs,
opérateurs, bailleurs de fonds, capables de jouer les atouts des
différentes options, au sein d'un même programme
d'électrification rurale décentralisée; la plupart d'entre
eux préférant se limiter à l'une d'entre elles quitte
à ignorer les demandes qu'elles ne peut satisfaire et à ne pas
valoriser d'autres sources locales d'énergie pourtant disponibles. Pour
une bonne réussite, cette tendance devrait être
renversée.
Par ailleurs, l'expression électrification rurale
même rappelle si besoin en était que la spécificité
des différents efforts est d'abord géographique. Il ne s'agit pas
d'objectifs et de difficultés associées à un secteur
d'activité (industrie, service, résidentiel,...) mais à
des zones dont les caractéristiques sont particulières. Quand on
parle d'électrification rurale, tout ou presque renvoie à une
dimension géographique et c'est encore plus vrai dès qu'il s'agit
de l'électrification rurale décentralisée : le choix des
techniques en fonction de la densité de peuplement et de la distance des
grands centres, la nature des besoins en fonction de la diffusion spatiale des
modes de consommation et du climat, le degré de monétarisation et
les capacités de paiement qui y sont associés, la localisation,
la disponibilité et les caractéristiques des ressources
renouvelables. Pour cette raison, la dimension géographique devrait
toujours être prise en compte quand on parle de projet d'ERD (Y.
MAIGNE., 2000).
Une parfaite connaissance des outils qui permettent
d'appréhender efficacement cette dimension est d'une importance
capitale. Sans rentrer dans les détails de ces outils, nous noterons
qu'il faut connaître :
v' Les différentes variables spatiales et les ordres de
grandeur qui caractérisent les peuplements ruraux, et qui sont
pertinentes pour sélectionner le type de solution technique le plus
approprié (densité de l'habitat, densité linéique
des villages à électrifier, accessibilité des sites,...)
(E. TANAWA et al., 2000).
v' S'orienter parmi les différentes sources de
données permettant d'obtenir les caractéristiques d'un potentiel
particulier d'énergies renouvelables (solaire, éolien, petite
hydraulique, biomasse ...) en un lieu particulier.
v' Les différents instruments de géomatique,
leur utilité pour la programmation d'ERD les différents logiciels
(ArcInfo, MapInfo, ArcView, Geoconcept, AutocadMap, ...) ainsi que les
différentes contraintes qui y sont associées; parlant de ces
instruments, nous citerons les SIG (systèmes d'Information
Géographique), les bases de données d'information
géographique physique, GPS (Global Positioning System) et images
satellitales (C. LAMACHE, 2000)..
> Intérêt des SIG pour l'ERD
Dans le cadre des projets d'ERD, le SIG peut être un outil
d'aide à la décision très utile. Il peut aider
à:
- localiser et identifier les foyers à
électrifier;
- effectuer un suivi et une meilleure gestion des
systèmes installés; Le SIG va permettre de localiser
précisément la position des foyers à électrifier et
des foyers déjà électrifiés. Par exemple, en
Tunisie, l'Agence Nationale des Energies Renouvelables s'est
équipée d'un logiciel SIG et de GPS; l'ensemble des installations
sont ainsi localisées grâce au GPS, puis intégrées
dans une base de données de SIG; les informations sur les installations
qu'on obtient ainsi automatiquement permettent de planifier leur gestion et
leur maintenance (C. LAMACHE, 2000).
- définir la solution d'électrification la plus
viable économiquement;
L'intégration des bases de données SIG dans les
projets d'électrification rurale décentralisée permet de
mieux planifier les actions à mener.
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