I.2.4. Les IDE à stratégie complexe
Les IDE complexes ou hybrides caractérisent les
situations où les firmes décident simultanément d'investir
dans un pays dans le cadre d'une stratégie d'accès au
marché et dans un autre pays dans le cadre d'une stratégie de
réduction des coüts. Selon Yeaple (2003), les stratégies
d'intégration complexe dominent les autres formes d'investissement
lorsque les coüts de transport se situent à un niveau
intermédiaire. En effet, si le niveau des coûts de transport est
faible, les IDE prennent une forme verticale afin de bénéficier
de la main d'oeuvre bon marché dans les pays du Sud. Par contre, s'ils
sont élevés, les IDE prennent une forme horizontale aboutissant
ainsi à une réduction des coûts résultant du
commerce international entre les pays du Nord (par exemple la triade : Etats
Unis-Union Européenne-Japon). Toutefois, en présence d'un niveau
de coûts intermédiaires, les IDE prennent une forme hybride afin
de bénéficier des avantages résultant de la
complémentarité des investissements entre les pays du Nord d'une
part et ceux Nord-Sud d'autre part. Dans ce cas, les IDE prennent
simultanément une forme horizontale dans les pays du Nord et une forme
verticale dans les pays du Sud.
Somme toute, en se situant du point de vue des pays
hôtes en développement comme ceux de l'UEMOA, il est possible de
concevoir les mutations probables en fonction du type d'IDE qu'ils peuvent
attirer. Dans une première phase où les niveaux de
rémunération sont relativement bas, ils attirent des IDE
motivés par des gains d'efficacité. Ensuite, dans la seconde
phase où les revenus commencent à croître, la
profitabilité de l'IDE se déplace, passant d'un avantage en
termes de coût des ressources humaines et naturelles à un avantage
en termes de développement du marché.
Au-delà de cette distinction entre IDE horizontal et
IDE vertical, il est possible de catégoriser les investissements
étrangers suivant la forme qu'ils prennent dans le pays d'accueil.
Ainsi, l'Organisation de Coopération et de Développement
Economiques (OCDE)11 dans ses statistiques d'IDE retient les formes
ci-après :
11OCDE (2008) : Définition de
référence de l'OCDE des investissements directs internationaux,
Paris, 4ème édition, P98
- Investissement d'acquisition à savoir l'achat ou la
cession de participations existantes, dans le cadre d'opérations de
fusion-acquisition. Celles-ci consistent en une mise en commun d'actifs ou
d'intérêts économiques entre deux ou plusieurs
entités conduisant souvent à augmenter la taille initiale des
entreprises ;
- Investissement de création ;
- Investissement d'extension c'est-à-dire de nouveaux
investissements supplémentaires ; - Investissement de restructuration
financière.
Alors que les fusions-acquisitions supposent l'achat ou la
cession de participations existantes, les investissements de création
correspondent à des investissements entièrement nouveaux
(investissements ex nihilo). Les investissements d'extension sont des
investissements supplémentaires visant à développer une
activité existante. Les investissements de création se traduisent
par l'installation de nouveaux moyens de production et/ou le recrutement de
nouveaux employés. D'un point de vue théorique et en termes
d'impact économique, les investissements d'extension et de
création sont similaires. Les restructurations financières sont
un investissement réalisé en vue de soutenir l'activité
d'une filiale qui connaît des difficultés financières en y
injectant des fonds nouveaux afin de compenser les pertes résultant de
l'exploitation. L'OCDE parle alors d'IDE de restructuration
financière.
Après avoir établi une clarification conceptuelle
des IDE ainsi qu'une typologie permettant de les distinguer, il importe d'en
examiner les critères d'attractivité.
|