I.2.2. Les IDE à stratégie verticale
La stratégie verticale ou « non market-seeking
» répond à un objectif de rationalisation de la
production. Elle fait référence à une recherche
d'efficacité ou « efficiency-seeking » et
génère des flux d'investissement de sens Nord-Sud
déterminés par les divergences de niveau de développement
des Nations partenaires. De ce fait, l'IDE vertical à travers la
localisation des activités dans les « filiales ateliers
», vise à organiser une division internationale des processus
productifs. Ces investissements se distinguent des IDE horizontaux par leur
caractère simultanément unilatéral et intersectoriel. La
stratégie verticale génère une localisation des IDE
centrée sur la différenciation des dotations factorielles dans la
tradition de la spécialisation intersectorielle propre à la
théorie de Heckscher-Ohlin du commerce international. Ainsi, ces IDE
sont dits de localisation lorsque les firmes s'intègrent dans une
perspective de division internationale des processus de production (Dupuch et
Milan, op cit.).
Le modèle de Markusen et al (1996) distingue les
multinationales selon cette typologie et complète ainsi les
résultats du modèle de Brainard sur l'arbitrage
proximité-concentration qui concerne uniquement les firmes
multinationales (FMNs) de type horizontal.
Les IDE de type vertical apparaissent entre des pays
différenciés en taille et en dotations factorielles. Ils
relèvent de la délocalisation, mais n'en constituent que l'une
des modalités. Asiedu (2002), indique que la stratégie verticale
consiste à produire dans le pays hôte et à vendre à
l'étranger. Par conséquent, les facteurs de la demande dans le
pays d'accueil sont moins pertinents en termes d'attractivité. Le
facteur le plus important de ce type d'investissement est la facilité
avec laquelle, les entreprises peuvent exporter leurs produits. Toutefois, les
facteurs qui améliorent la productivité du capital sont
pertinents pour les deux types d'IDE.
L'attractivité de certains pays de l'Afrique
Subsaharienne et particulièrement de la zone UEMOA n'obéit pas
à cette distinction entre stratégie horizontale et
stratégie verticale. Ces pays sont des lieux privilégiés
des investisseurs du fait de leur abondance en ressources naturelles et de la
taille de leurs marchés intérieurs ; Morisset (2001). Cette
stratégie est qualifiée d'IDE primaires.
I.2.3. Les IDE primaires
Les IDE primaires sont des investissements orientés
vers l'exploitation des ressources naturelles du sol et du sous-sol. Ils
constituent un cas particulier des IDE verticaux. Cette stratégie est
assimilée à la recherche d'approvisionnements inexistants dans le
pays d'origine, ou de moindre coût dans le pays hôte.
Les ressources naturelles désignent les biens non issus
des processus de production humains mais qui répondent néanmoins
à une demande de leur part. Deux grandes distinctions sont
opérées dans l'analyse selon qu'il s'agit de ressources
renouvelables ou épuisables. D'une part, en ce qui concerne les
ressources épuisables ou non renouvelables (pétrole, minerais,
etc.), Hotelling (1931) établit une règle selon laquelle la
logique d'investissement rationnel de la part des détenteurs de capitaux
devrait conduire à exploiter ces ressources, dont le stock est en
permanence connu avec certitude, de manière à ce que le prix de
vente augmente au rythme du taux d'intérêt de l'économie.
D'autre part, quant aux ressources renouvelables (stock de poisson,
forét, etc.), elles sont capables de fournir des ressources sur une
longue période. L'importance de leur stock dépend principalement
du prélèvement humain.
Storaï (2003) indique que, cette opposition didactique
entre les IDE horizontaux et verticaux renvoie à la distinction entre
les « filiales relais » et les « filiales ateliers
», décrits par Delapierre et Michalet (1976). Toutefois, la
recherche de marché et la recherche d'efficacité ne sont pas deux
motifs d'investissement exclusifs l'un de l'autre. Dans la
réalité, les FMNs s'engagent souvent dans des stratégies
d'intégration complexe, qui intègrent à la fois des formes
d'intégration verticale dans certains pays et horizontale dans d'autres
; Markusen et Venables (1998), Yeaple (2003). De ce fait, les modèles
économiques introduisant une distinction entre IDE verticaux et IDE
horizontaux imposent plus de restrictions aux comportements des FMNs.
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