III.2. Tendances des investissements directs
étrangers dans l'UEMOA
Les pays en développement ont
bénéficié de 42,3% des entrées mondiales d'IDE dont
5,3% pour l'Afrique au cours de l'année 2009. Cette période est
consécutive à une entrée de plus de la moitié des
flux d'IDE mondiaux dans les PED et ceux en transition. Toutefois, à
l'image de l'Afrique, l'UEMOA n'a pas été une destination
privilégiée des capitaux étrangers. Les investissements
directs étrangers dans l'UEMOA peuvent s'analyser suivant les tendances
en identifiant les principaux pays d'origine et d'accueil, les secteurs
attractifs et la structure sectorielle des IDE.
III.2.1. Origine des IDE entrants en zone UEMOA
En Afrique subsaharienne et notamment en zone UEMOA, il existe
une corrélation étroite entre les puissances coloniales et les
colonies surtout en termes de liens coloniaux et culturels dans le cadre des
relations commerciales internationales. En effet, tous les pays de l'UEMOA
excepté la Guinée-Bissau sont de colonies françaises.
Ainsi, les IDE en direction de l'UEMOA proviennent essentiellement des pays de
l'Union Européenne notamment la France, qui est le principal partenaire
économique de l'Union. Cependant, certains pays en développement
d'Asie et d'Afrique tels que la Chine, l'Inde, l'Île Maurice et l'Afrique
du Sud deviennent de plus en plus de véritables partenaires
économiques de l'UEMOA (Dje, 2007).
III.2.2. Evolution des IDE en zone UEMOA
L'évolution des entrées d'IDE en zone UEMOA ne
présente pas une tendance à la hausse régulière
malgré les différentes politiques d'attractivité
entreprises par les différentes autorités depuis les
années 1980. Elle présente alors des périodes d'afflux
massif et des périodes de sorties importantes comme illustrées
par le graphique n°3 ci-dessous. La tendance principale des flux d'IDE
à destination de l'UEMOA est une évolution en dents de scie. De
plus, les variations cycliques sont presque identiques pour tous les pays de
l'Union.
Graphique n°3 : Evolution des flux nets tgID(
rtigriesrSIA srtIrlgY ( 0 2 $ (en dollars US courants)
IDE en millions de dollars US
4000
3500
3000
2500
2000
1500
1000
-500
500
0
Années
UEMOA
Togo
Sénégal
Niger
Mali Guinée-Bissau Côte d'Ivoire Bénin
Burkina Faso
Source : Construit à partir des données de la base
de données de la Banque mondiale de 2008
Pendant la décennie 1980-1990, les entrées d'IDE
dans l'espace UEMOA ont enregistré une tendance à la baisse
régulière en dents de scie jusqu'en 1985 puis une hausse de
courte durée surtout au début des années 1990. Cet afflux
massif sera vite interrompu par des sorties importantes prenant même des
valeurs négatives en 1992. Ce phénomène traduit une fuite
des capitaux privés de l'Union et une situation économique morose
dans un climat d'ajustement
structurel (Kinda, 2006). En effet, les sorties les plus
importantes sont observées en Côte d'Ivoire et au Mali, où
les IDE prennent des valeurs négatives respectivement de l'ordre de 231
et de 22 millions de dollars. Cependant une hausse significative est
enregistrée au lendemain de la dévaluation du FCFA en Janvier
1994 qui sera rapidement étouffée par les instabilités
politiques (les changements de régime et les multiples grèves
contre les mesures d'ajustement structurel) et les effets de la crise
ivoirienne mais aussi par la crise asiatique de 1997. Cette hausse des IDE dans
l'UEMOA atteignant le record de 742 millions de dollars en 1997 s'explique par
les politiques libérales des PAS dont la privatisation des entreprises
publiques, les effets volumes de court terme de la dévaluation et les
mesures d'accompagnement de celle-ci. En effet, la Côte d'Ivoire et le
Sénégal qui sont les principaux destinataires des IDE dans
l'UEMOA, ont enregistré en 1997 des privatisations d'échelles
importantes. Ainsi, en février 1997, 51% du capital de CI-Telecom de la
Côte d'Ivoire est cédé à France Cables et Radio
(FCR) pour une valeur de 105 milliards de FCFA. En outre au
Sénégal, 33% du capital de la Société Nationale des
Télécommunications (SONATEL) est acquis par une succursale de
France Telecom pour une montant de 70 milliards de FCFA en Juillet 1997.
Par ailleurs, la période 1997-2003 fut marquée
par une tendance à la baisse ponctuée de fortes fluctuations.
Ainsi, les pays de l'Union n'ont pas constitué une destination de choix
malgré le record historique des entrées mondiales d'IDE en 2000.
Toutefois, depuis 2003, les entrées d'IDE se sont traduites par une
hausse spectaculaire notamment au début de la crise financière
internationale de 2007 pour atteindre 1,6 milliards de dollars, pour un taux de
croissance globale de 29,3% par an sur la période 2003-2008. Celles-ci
sont consécutives à l'opération de privatisation de
l'Office National des Télécommunications (ONATEL) du Burkina Faso
pour un montant de 140 milliards de FCFA. Cette hausse s'explique
également par la reprise des investissements mondiaux suite aux
opérations de fusions-acquisitions et la forte croissance
économique au niveau mondial.
En définitive, l'évolution des IDE dans l'espace
UEMOA ne laisse pas transparaître une augmentation continue qui
dénoterait de l'attractivité potentielle de la zone UEMOA pour
les investisseurs étrangers. Les fluctuations pourraient être dues
à des facteurs affectant l'environnement macroéconomique et, le
cadre juridique et réglementaire des investissements. La principale
destination des flux d'IDE en direction de l'UEMOA reste la Côte d'Ivoire
d'avant
la crise de 1999. En effet, la répartition des IDE au
sein de l'Union indique que la Côte d'Ivoire demeure le pays le plus
attractif, avec 34,9 % des IDE sur la période 2004-2007, suivie du
Sénégal (16,0 %) et du Mali (15,4 %). Cette prédominance
de la Côte d'Ivoire tend néanmoins à se réduire avec
les effets dévastateurs de la crise. En effet, le pays avait
reçu, sur la période 1996-2004, près de la moitié
des IDE dans l'UEMOA (49,0 %), (Banque de France, 2007). Par ailleurs, une mise
en évidence du poids des investissements directs étrangers et des
investissements domestiques dans le PIB permettrait de mieux appréhender
les flux d'IDE en UEMOA. Ceci est illustré par le graphique n°4
ci-après.
Graphique n°4 : Investissement direct
étranger et investissement domestique en UEMOA,
1980-2008
Taux de croissance en %
25
20
15
10
-5
0
5
Années
IDE ID
Source : construit à partir des données de
la base de données de la Banque Mondiale, 2008
Quand bien même la part des investissements directs
étrangers dans le PIB s'est relevée depuis 1994 au sein de
l'UEMOA, leurs niveaux restent toujours faibles et les investissements
domestiques supplantent largement les IDE18. Ce qui traduit, que les
économies des pays de l'UEMOA sont essentiellement financées par
les ressources domestiques. Néanmoins, les fluctuations
enregistrées semblent évoluer en connivence ou de façon
concomitante. Les périodes de hausses ou de baisse sont presque
identiques pour les deux variables. Ce qui pourrait traduire la présence
d'un lien étroit entre les investissements domestiques et les
entrées d'IDE en zone
18 Ce constat est valable pour les différents
pays pris individuellement, Voir annexe n°5
UEMOA. Mais, il faut noter que les pays de l'UEMOA n'attirent
pas suffisamment d'investissements directs étrangers, malgré les
politiques élaborées pour créer des conditions favorables
au développement des activités économiques (politiques
commerciales, industrielles, etc.). Les IDE du fait de l'importance du
transfert de technologie qu'ils drainent sont essentiels pour améliorer
la compétitivité du secteur privé local. Il est donc
important de promouvoir la mise en oeuvre au sein de chaque Etat membre et au
niveau régional des politiques pour instaurer un environnement favorable
au développement des entreprises privées locales, et propice pour
les investissements directs étrangers. Il s'agit pour les Etats membres
de l'Union d'adopter des mesures susceptibles d'améliorer le climat de
l'investissement.
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