III. Les théories de la croissance en
conjonction avec les mouvements d'IDE
Différentes théories se sont
intéressées aux IDE sans parvenir à fournir un cadre
théorique unifié permettant aussi bien de déterminer les
déterminants que de quantifier les impacts de ceux-ci sur les
économies d'accueil. Les éléments de réponses de
ces théories diffèrent selon les écoles de pensée,
l'évolution des IDE et les approches adoptées.
III.1. La théorie éclectique de Dunning :
paradigme OLI
La théorie développée par Dunning (1977)
constitue une première contribution majeure de l'analyse des flux
d'investissements internationaux dans les années 1970, bien que la
première firme multinationale se soit développée au milieu
du 17è siècle sous le nom de « East India
Company ». La théorie éclectique est conçue
comme une synthèse des théories de l'internationalisation et de
la théorie des coüts de transaction qui n'apportent chacune que des
explications partielles de la localisation des firmes. Dans cette approche,
Dunning s'est inspiré des travaux de Hirsch (1976) relatifs à un
arbitrage qu'effectue une firme entre les trois modalités d'exploration
du marché étranger : soit l'investissement direct
étranger, soit l'exportation ou la vente de licence. En distinguant les
différents coûts relatifs à chaque modalité, la
simple comparaison entre ces coûts détermine le choix de la
modalité la plus rentable pour la firme. L'approche de Hirsch suppose
ainsi une information parfaite sur tous les coûts, ce qui ne peut
être le cas à l'échelle mondiale compte tenu de la grande
asymétrie des coûts et des avantages. En outre, cette approche qui
fait partie des modèles statiques (non stratégiques) ne
considère que le choix d'une firme isolée et pour qui seul le
coût importe dans la décision de localisation.
C'est dans ce cadre d'arbitrage que Dunning (1981) construit
un modèle simple à deux pays dans lequel les firmes font le choix
entre les trois modalités de pénétration du marché
étranger (IDE, Licence ou Exportations). Ce choix s'effectue sur la base
des trois types d'avantages qu'une firme doit posséder pour
s'internationaliser et résumé par le paradigme OLI. Il s'agit de
:
- Ownership advantage (O) qui se
traduit par la possession d'un actif spécifique ou avantage
spécifique de la firme. C'est un produit ou une technologie dont les
autres firmes ou sociétés ne disposent pas ou n'y ont pas
accès (brevet, marques, secrets commerciaux, etc.) ;
- Location advantage (L) qui
signifie que l'actif doit être durable pour l'entreprise de l'exploiter
à l'étranger plutôt que dans le pays d'origine. C'est un
avantage de la localisation à l'étranger. Il s'agit ici de
rechercher les débouchés qui minimisent les coûts de
production, de commercialisation, etc.
- Internalization advantage (I) qui
s'explique par le fait qu'il y a moins d'avantage à sous-traiter
qu'à exploiter soi-même cet actif spécifique. C'est un
avantage à l'internalisation, en vue de contourner ou d'éviter le
risque lié à la vente de technologie aux autres firmes pour ne
pas s'exposer à la concurrence.
Ainsi, le choix de la modalité de
pénétration du marché étranger est fonction de la
conjecture entre ces trois types d'avantages. En effet, une implantation
à l'étranger par le biais des IDE n'est possible que si les trois
avantages spécifiques (O, L et I) sont réunis. En revanche, si
l'avantage des coûts à la localisation L n'existe pas en
présence des deux autres avantages O et I, la firme
préfère exporter vers les marchés étrangers. La
vente de licence sera le choix le plus favorable si elle ne détient
qu'un avantage au niveau de l'industrie O ; Dunning (1988).
Cependant, cette théorie reste marquée par son
approche purement microéconomique de la question de la localisation et
de l'absence d'une analyse macroéconomique en termes d'avantages
comparatifs des pays (Kojima, 1990). En outre, dans les approches de Hirsch et
de Dunning, le choix de la modalité de pénétration du
marché résulte d'un simple arbitrage statique entre des
coüts ou des avantages, ce qui réduit le cadre d'analyse de la
localisation. Cette théorie est aussi critiquée par l'absence
d'interactions stratégiques entre les firmes dans les choix
isolés qu'effectuent ces firmes, sans prise en compte des actions et
choix des firmes concurrentes locales et étrangères. Toutefois,
Dunning (1993) lui-même a tenté de dépasser le cadre
statique de son modèle pour une approche dynamique de la théorie
éclectique, en considérant l'évolution dans le temps des
trois types d'avantages O, L et I.
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