Ségrégation et dynamiques multiculturelles à Séville:le cas du quartier "El Cerezo"( Télécharger le fichier original )par Matthieu Bouchet-Wacogne Université de Poitiers - Master 1 migrations internationales 2010 |
2/ De la réalité au stéréotypeLes autochtones des quartiers dits multiculturels sont souvent méfiants vis-à-vis de leurs voisins d'origine étrangère. De plus, dans le monde du travail, ils les prennent parfois pour des adversaires, particulièrement en période de crise comme c'est le cas actuellement. Ainsi, les immigrés sont régulièrement victimes de stéréotypes provenant de l'imagerie de leurs voisins, terme que nous définirons dans cette partie. Cela peut se retrouver dans le discours des voisins mais aussi dans certains médias tels les journaux ou encore la télévision. a/ El Cerezo un quartier « habitué » à la présence de populations immigréesDepuis dix ans, la population du quartier à changé. Actuellement, la présence des immigrés est devenue ordinaire." L'immigration n'est pas une apparence mais une réalitéqu'il faut accepter, si on ne l'accepte pas les conflits apparaissent. S'habituer aux immigrés est un long chemin, actuellement les gens se sont
habitués mais il reste des conflits à Mairie. 38 Citation de Andres de l'article du journal La Razon , du 9 janvier 2011 qui a pour titre: Si se cierra el Cerezo no hay zona azul. http://www.larazon.es/noticia/5556-si-se-cierra-el-cerezo-no-hay-zona-azul El Cerezo apparait comme un " lieu de regroupement des étrangers" (Alain, camerounais), "c'est un quartier où il y a des gens de mon pays" (Zico, marocain). D'après Demba, le problème viendrait du fait que certains autochtones n'acceptent pas tous les changements de population du quartier, "avant il y avait des gens bien qui sont partis à cause des étrangers. En plus ils sont en train de nous prendre notre travail " (Christina, espagnole), "un faux discours circule à propos des commerces disant que les immigrés expulsent les individus locaux, alors qu'avant l'arrivée des immigrés depuis les dix dernières années, le district de la Macarena souffrait d'un déclin commercial. D'autre part, le commerce ethnique propose des produits particuliers en dehors des offres traditionnelles " (SALINAS, 2008, p.7). En outre, les immigrés ont permis de redynamiser l'économie du district sans pour autant prendre le travail des autochtones. De surcroît, certains habitants parlent de la période précédent l'arrivée des immigrés comme d'un temps volatilisé : "c'était merveilleux avant, maintenant non à cause des immigrés" (Antonio, espagnol). Les évolutions du quartier ne plaisent pas à certains autochtones qui ont l'impression qu'une partie de leur culture a disparu suite à l'apparition des commerces ethniques, de l'augmentation des immigrés, etc. "Avant il y avait plus d'événements festifs des gens d'ici, maintenant il y a des événements des gens de l'extérieur" (Elena, espagnole). Cela montre la faiblesse des liens sociaux qui «n'est pas la simple cause du changement de population ou du nouveau mélange culturel. L'individualisme est né durant la transformation socio-économique et culturelle. Les liens entre un travail stable, le lieu de résidence et la socialisation se sont transformés » (ESEVERRI MAYER, 2010, p.252) C'est pourquoi, d'après la chercheuse Cécilia Eseverri Mayer39, la frontière entre immigrés et autochtones viendrait d'un individualisme qui est apparu avec le développement économique du pays et notamment suite à l'entrée de l'Espagne dans l'Union Européenne en 1986. Le développement économique et l'augmentation du pouvoir d'achat ont augmenté les différences sociales parmi les individus. L'arrivée des immigrés dans ce contexte les a mis "à l'écart", ils ont été perçus comme une éventuelle concurrence et non pas comme des alliés au développement économique. Les autochtones appréhendent ainsi la multiculturalité de manière négative alors qu'elle devrait "être perçue comme un fait neutre" (SANCHEZ ELIAS, 2005, p. 97), ce qui éviterait certainement les conflits et améliorerait le "vivre ensemble". 39 Cette jeune chercheuse a fait sa thèse sur la trajectoire des jeunes issu de l'immigration qui vivent à Madrid et qui ont "abandonnés" l'école. Elle s'intéresse particulièrement aux équatoriens, marocains et dominicains de 14 à 18 ans tout en tenant compte des contrastes avec les jeunes espagnols. Cela donne à la multiculturalité un aspect particulier. Ce concept n'est pas seulement considéré comme un fait en soi mais comme une évolution logique des espaces urbains dans des pays ouverts à la mondialisation. |
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