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Ségrégation et dynamiques multiculturelles à  Séville:le cas du quartier "El Cerezo"

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par Matthieu Bouchet-Wacogne
Université de Poitiers - Master 1 migrations internationales 2010
  

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2/ Des changements urbains visibles

Depuis les années 2000, période d'arrivée de nombreux immigrés dans le district de la Macarena et particulièrement dans le quartier El Cerezo, des transformations urbaines visibles ont eu lieu. A titre d'exemple, en 2008, dans le quartier El Cerezo, l'ancien stade de football qui était en face de l'école de langues, avenue Doctor Fedriani, est devenu un parc pour enfants. En effet "il y a trois ans c'était un stade de foot mais les voisins se plaignaient du bruit" (Gabi, équatorien, volontaire Acoge). L'ancien stade, à en écouter les habitants, servait de lieu de regroupement à des jeunes qui y consommaient de l'alcool et dérangeaient le voisinage, maintenant ils iraient dans des quartiers plus au Nord du district tel San Jeronimo. Ceci est l'un des changements urbains qu'on peut observer dans ce quartier, nous allons en évoquer d'autres ayant également des répercussions dans les espaces publics.

a/ L'évolution des espaces publics en espaces « fermés »

Au début des années 2000, différents plans de réaménagement des espaces publics ont eu lieu dans différents quartiers de la Macarena comme celui d'El Cerezo.

Les bancs publics ont été retirés dans de nombreux quartiers de la Macarena sous prétexte d'« éviter que les alcooliques et toxicomanes qui se faisaient soigner à l'hôpital de la Macarena viennent dès leur sortie s'y asseoir" (Aziz, marocain, médiateur ACCEM). Actuellement, il n'est possible de s'asseoir que dans deux des trois parcs pour enfants d'El Cerezo. Par ailleurs, dans les espaces dits "ouverts" du quartier il n'y a pas de banc. En effet, les seuls endroits pour s'asseoir restent les chaises en terrasses des bars et restaurants, qui sont des zones en principe réservées aux consommateurs.

Nous pouvons y voir, de ce fait, une forme de lutte contre les rassemblements dans l'espace public (ex: botellon26) ce qui peut engendrer un manque à gagner de même qu'une déconcentration urbaine vers de nouveaux espaces comme c'est le cas en direction des quartiers du district Macarena Norte.

En ce qui concerne les grillages qui encerclent les places publiques, ils auraient été mis en place pour que "les jeunes de ces quartiers ne dégradent pas ces espaces, on peut parler de ségrégation générationnelle mais pas ethnique". Ces deux mesures "résultent d'un certain refus de l'autre" dans des justifications "détournées" de la réalité (Aziz). Le montage photos ci-dessous illustre ce constat dans les trois espaces de jeux pour enfants du quartier. Ces structures sont généralement très utilisées, en partie grâce au climat ensoleillé du sud de l'Espagne. Par conséquent, il apparaît normal de mettre un système de protection pour éviter que les enfants sortent seuls du parc et ne risquent ainsi un accident. Mais ce qui est étonnant, c'est la hauteur de ces barrières d'environ deux mètres, au lieu d'un mètre habituellement, qui bloquent l'accès à toutes personnes. Elles sont donc un moyen de contrôle ne permettant le passage des usagers que par les portes d'entrées et de sorties.

Les photos qui sont en haut à gauche et en haut à droite montrent les aménagements qui ont été faits pour limiter l'accès à certains espaces. Le grillage de forme rectangulaire le long du trottoir de l'avenue du Doctor Fedriani empêche les personnes de traverser la rue à n'importe quel niveau et ne permet pas de s'asseoir le long du mur. Le grillage installé en bas des escaliers qui donnent accès à la place de Punta Umbria, quant à lui, limite les possibilités de regroupement à cet endroit. Le peu d'espaces disponibles qui n'aient pas la fonction de "trottoirs"(lieux de passage) dans El Cerezo sont délimités par des obstacles, laissant peu de possibilité pour se réunir. "Mettre des barrières ressemble à une prison, c'est plus triste, c'est un espace public mais au final non." (Rober, bolivien). Cette réaction témoigne du ressenti que peuvent avoir certains habitants de ces quartiers. Les espaces publics leur semblent « verrouillés », ce qui montre l'aspect négatif des barrières.

26 Botellons : rassemblements de personnes pour consommer des boissons alcoolisées dans des espaces publics.

Planche photo 1: El Cerezo, un espace aux nombreuses barrières

Source: photographies personnelles, montage effectué sous Picasa, 2011. (c) Bouchet-Wacogne Matthieu

"Ainsi, l'espace public a perdu sa qualité de socialisation, il a vieilli et il est l'objet d'une plus grande vigilance policière : le retrait des bancs, la délimitation de certains espaces publics et la gestion de certains par les associations de voisins majoritairement autochtones" ont transféré "les problèmes d'usage de l'espace public dans d'autres zones qui se doivent d'absorber ce que le district de la Macarena ne peut plus offrir" (SALINAS, 2008, p.7). Par conséquent, ces espaces publics deviennent des espaces fermés voire "surveillés" créant ainsi un manque de zone "libre" où il serait possible de se réunir dans le respect de chacun. De plus, les problèmes qui étaient présents dans ce district avant ces aménagements se retrouvent dans le district Macarena Norte ce qui n'a fait que les déplacer au lieu de les résoudre.

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