b/ El Cerezo : centre commercial de la Macarena
El Cerezo est le quartier de la Macarena qui enregistre le plus
grand nombre de commerces en terme de densité urbaine. C'est un lieu de
concentration commerciale.
Par ailleurs, malgré la petite taille du quartier, El
Cerezo est un quartier où se trouvent « 143 locaux commerciaux pour
1185 logements » (TORRES, 2011, p.125), ce qui en fait un espace
commercial non négligeable pour le district dans lequel il s'inscrit.
La carte ci-dessous, issue de la recherche de Francisco Torres
(2011) nous montre la répartition des commerces dans le district de la
Macarena. Le quartier d'El Cerezo, délimité en rouge,
apparaît comme l'espace de regroupement de la majorité des
commerces du district. Les triangles en jaune représentent les commerces
ethniques (tenus par et principalement à destination des
immigrés) et les ronds noirs les commerces espagnols. Ainsi, cette carte
légitime l'aspect multiculturel du district.
Cartographie 7: Répartition des commerces dans
la zone centrale du district de la Macarena en 2008
Source: El Distrito Macarena de Sevilla, Migraciones
recientes y transformaciones urbanas sociales , Torres, 2011 p.123
Au total il y a seize bars, quatre coiffeurs, quatre
boucheries Halal, une crèche, un bureau de tabac, un supermarché
(Dia), trois bazars, des boutiques d'appels et d'envois d'argent à
l'étranger etc. Dans ces commerces, travaillent environ 1000
personnes.
Par ailleurs, avec ces 160 commerces, il est dit de cet espace
que "c'est le centre commercial de la Macarena" (Andres,
président de l'association des voisins d'El Cerezo). Il y a encore peu,
200 commerces étaient en activité, certains ont dû fermer
suite à des contrôles de licences de la part des forces de l'ordre
motivées par l'association de voisins du quartier indignée des
horaires d'ouverture tardives de certaines boutiques et de la multiplication
des services dans un même lieu, augmentant la concurrence entre vendeurs.
Au sujet des
commerçants, certains vivent dans le quartier mais la
majorité vit en dehors ce qui les confronte aux problèmes de
stationnement du quartier, point que nous aborderons ultérieurement.
c/ les commerces ethniques : illustration d'un espace
mondialisé
Dans le district de la Macarena, "le phénomène
d'augmentation de la population étrangère s'est produit avec une
grande rapidité, de la même manière que les transformations
qu'elle a induit." (SALINAS, 2008, p.7). Cela concerne particulièrement
le quartier d'El Cerezo où la diversité culturelle se
révèle grâce aux enseignes commerciales et la
diversité des commerces ethniques.
Ce quartier commercial multiethnique comprend aussi bien des
commerces qui répondent aux besoins spécifiques des Espagnols
qu'à ceux des clients d'origine d'Amérique latine, d'Afrique,
etc. (ex: les boucheries Halal, la boulangerie équatorienne, etc.). Les
commerces ethniques sont des solutions professionnelles non négligeables
pour les immigrés puisqu'ils créent des emplois répondant
aux demandes des populations. Malgré cela, ouvrir un commerce n'est pas
chose facile, "la moindre activité qu'on met sur pied en deux ou
trois semaines, la police y met fin avec n'importe quel alibi" (Alain,
Camerounais). Les commerçants sont soumis à des
vérifications de licences. Nonobstant ceci, nous pouvons observer dans
le quartier de nombreux commerces ethniques.
Planche photo 2: Illustration de la
multiculturalité du quartier: les enseignes commerciales
internationales
Source: photographies personnelles, montage effectué sous
Picasa, 2011. (c) Bouchet-Wacogne Matthieu
Les boutiques d'envois d'argent vers l'étranger et
celles d'appels, très présentes dans ce quartier (parfois les
deux se retrouvent sous la même enseigne) répondent principalement
aux besoins des populations immigrées. Elles permettent de garder un
contact entre le lieu de vie des usagers et leurs pays d'origine.
Planche photo 3: Illustration de l'importance des
lieux de connections entre Séville et le pays d'origine
Source: photographies personnelles, montage effectué sous
Picasa, 2011 (c) Bouchet-Wacogne Matthieu
De ce fait, il semble que tout ces commerces permettent un
"mieux vivre" de la population immigrée, "c'est facile de trouver
des magasins adaptés à nos besoins, c'est le quartier le plus
compatible pour nous" (Zico, marocain). Cela donne au quartier un aspect
de "forteresse de l'immigration": Alain (camerounais), témoigne:
"comme conseil je dirais à n'importe quel immigré que c'est
le lieu où il peut trouver refuge". Nous reverrons dans le
troisième chapitre les descriptions faites du quartier en fonction des
perceptions des habitants. C'est pourquoi, suite au nombre et à la
diversité de ces commerces, cet espace serait le plus apte à
répondre aux besoins des immigrés en ce qui concerne la
nourriture et les services que proposent les différentes enseignes
(coiffeur, téléphone, envoi d'argent, etc.).
Les deux montages photos ci-dessus montrent des enseignes
commerciales qui sont autant de marqueurs multiculturels que de symboles de la
diversité des nationalités qui composent le quartier. Ils nous
montrent ainsi comment les différentes communautés
ethniques se sont appropriées cet espace
mondialisé où il est possible de trouver des produits provenant
des quatre coins du monde.
Ces commerces représentent également « une
possibilité de rencontre entre les habitants de différentes
origines et entre les commerçants et les clients» (TORRES, 2011,
p.129). Malgré cela, dans la recherche menée, entre autre, par
Francisco Torres (2011), les auteurs mettent en avant le manque de connexions
entre commerçants car ils n'ont pas d'association propre à leur
activité dans cette zone et la seule entité disponible reste
l'association de voisins du quartier.
Par conséquent, les enseignes commerciales nous
indiquent la diversité ethnique et son importance à
l'intérieur d'El Cerezo. Bien qu'ayant une forte influence dans le
quartier, les immigrés sont toujours stigmatisés ce qui laisse
une "barrière" entre eux et les autochtones. A cela, s'ajoute le peu
d'espace public non délimité par des obstacles qui
créé un manque pour les habitants désireux de se regrouper
entre eux. Pour y pallier certaines personnes, comme des groupes de
Camerounais, se retrouvent place Punta Umbria.
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