2/ El Cerezo : un quartier de concentration de populations
immigrées
Le choix de centrer notre recherche autour d'un quartier se
justifie dans sa définition. En effet, un quartier est un espace
délimité, inscrit au sein d'une ville. C'est un lieu de
cohabitation et d'interactions entre les habitants. De plus, c'est un espace
mouvant, fort d'une identité matérielle et immatérielle :
cela passe par le biais de commerces ethniques, des tags, des
déplacements d'un endroit à l'autre, etc. (LADIRE, 2004). «
Le quartier, loin de représenter une sphère idéale,
constitue un lieu de vie bien réel » (Authier cité dans
LELIEVRE, 2005, p.1). Cette idée renvoie au fait que
"l'intégration dans le quartier et l'intégration dans la ville
sont liées" (LELIEVRE, 2005, p1), ce que nous pourrons approfondir dans
les deuxième et troisième chapitres.
Dans le quartier El Cerezo, la part d'immigrés est
d'environ 38% soit sept fois plus que pour la ville de Séville. Cette
originalité en fait un espace particulièrement
intéressant. La diversité culturelle de ce quartier devrait nous
permettre de décrire les phénomènes de
ségrégation et de multiculturalité.
a/ Evolution du nombre d'immigrés
Le quartier El Cerezo est composé de logements
collectifs principalement construits en briques. Il est constitué de 22
bâtiments collectifs qui représentent 60 immeubles dont trois
tours de neuf étages. Cela correspond à environ 1052 logements.
Selon l'inscription municipale (INE), 2612 habitants vivent dans ce quartier
dont 1008 étrangers, ce qui représente 38% de la population. En
moyenne, il y aurait quatre individus par appartement. De surcroît,
d'après la recherche El Distrito Macarena de Sevilla,
Migraciones recientes y transformaciones urbanas sociales de Francisco
Torres Gutierrez (2011), le quartier serait occupé par moins d'habitants
qu'il le pourrait. En effet, moins des trois quart des logements seraient
habités. Il faut savoir que ses chiffres datent de 2008 et
qu'actuellement ce taux serait supérieur à 75%. Le nombre
important d'habitations vacantes est dû à l'augmentation des
coûts des logements comme nous l'avons signalé
précédemment.
Graphique 4 : Evolution de la population dans le
quartier El Cerezo entre 2004 et 2010
2500
2000
1500
1000
500
0
Evolution de la population dans le quartier El Cerezo
entre 2004 et 2010
2004 2006 2008 2010
Espagnols autochtones Etrangers
Source : élaboration personnelle, Excel, données de
l'INE. (c) B-W Matthieu.
Entre 2004 et 2010, nous pouvons observer une augmentation de
la population étrangère ainsi qu'une baisse de la population
autochtone comme l'indique le graphique précèdent. En effet, la
population immigrée a plus que doublé durant ces six ans, elle
est passée de 14,8% en 2004 à 38,6% en 2010. Cela est dû
principalement à une arrivée massive d'immigrés en
provenance d'Amérique du Sud durant la dernière décennie
tel que nous l'avons vu précédemment (Cf : I/ 1/ b/).
Graphique 5 : Répartition des habitants
immigrés d'El Cerezo par continents en comparaison avec les autochtones
en 2010.
Répartition des habitants d'El Cerezo par
nationalités en 2010
Européens Américains Espagnols Africains
Asiatiques
Source : élaboration personnelle, Excel, données de
l'INE. (c) B-W Matthieu.
Le graphique 5 nous permet de confirmer le poids des
immigrés originaires d'Amérique dans El Cerezo. Ils
représentent près d'un quart de la population du quartier ce qui
permet de dire que c'est un point de localisation pour ces individus. A
l'intérieur de ce groupe d'américains, les personnes originaires
des Etats-Unis et Canada sont pratiquement inexistantes dans cet espace. Le
graphique suivant nous indique le nombre et la répartition des
immigrés par nationalités. Il nous amène à regarder
l'importance des personnes originaires des pays andins.
Graphique 6 : Evolution du nombre d'habitants
étrangers dans le quartier d'El Cerezo entre 2008 et 2010.
Evolution du nombre d'habitants étrangers du
quartier El Cerezo par nationalité
Nombre d'habitant
400
350
300
250
200
150
100
50
0
2008
2010
Nationalité
Source : élaboration personnelle, Excel, données de
l'INE. (c) B-W Matthieu.
Nous pouvons remarquer suite au graphique 6, que les
immigrés présents dans ce quartier sont essentiellement d'origine
latino-américaine en particulier de Bolivie et d'Equateur comme
l'indique les diagrammes du graphique pour ces deux pays, hautement
supérieurs aux autres. De plus, l'augmentation entre 2008 et 2010 de la
population Bolivienne est considérable. Ceci montre un fort
intérêt de ces habitants pour ce quartier.
Par ailleurs, le poids des personnes d'origine Marocaine,
Colombienne puis Nigérienne dans cet espace est également
conséquent. Seules les nationalités étrangères qui
dominent au niveau de leur nombre d'individus dans ce quartier sont
représentées. La Roumanie fait exception puisqu'elle est
indiquée seule en plus d'être comprise dans le diagramme des
individus originaires de l'Union Européenne. Sa double présence
dans ce graphique s'explique ainsi : avec 23 roumains en 2010, c'est la
dixième nationalité étrangère la plus
présente dans El Cerezo.
Les communautés majoritaires peuvent expliquer le
développement de certains commerces (boucherie hallal, kebab,
boulangerie équatorienne, restaurant bolivien, etc.) ainsi que certaines
représentations que peuvent avoir les habitants de ce quartier en vu du
nombre et de la visibilité de certains groupes d'individus de même
origine. C'est ce que nous tâcherons d'analyser dans le chapitre III.
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