CHAPITRE 5 : INTERPRETAION DES RESULTATS,
PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS.
Après avoir présenté et analysé
les données du terrain au chapitre 4, la tâche consiste maintenant
à envisager l'interprétation de ces résultats,
c'est-à-dire à élargir le cadre des commentaires.
L'interprétation vise alors à corroborer, à nuancer voire
à préciser la singularité ou l'originalité des
résultats que nous avons obtenu. C'est la fonction que remplit ce
chapitre dont les principales articulations sont : l'interprétation
des résultats, les perspectives et les recommandations.
5.1- Interprétation des résultats.
La démarche interprétative des résultats
a pour cadre l'analyse des données de l'étude. La démarche
suit l'ordre des hypothèses de recherche.
5.1.1- Des croyances ayant des fondements religieux
(coran) guidant les jugements des groupes sur la femme et l'achèvement
du cycle primaire par les filles.
Pour aborder la relation entre les croyances ayant un
fondement religieux(coran) vis-à-vis de la femme et l'achèvement
du cycle primaire par la jeune fille de l'arrondissement de Mora, nous avons
pris en compte le mode de jugement des groupes sociaux sur la femme, l'opinion
du milieu sur la jeune fille, l'impact des coutumes sur la jeune fille, les
perceptions des groupe sur la femme et la perception de soi(ce que la femme
pense d'elle-même) au regard de l'accès au CM 2 et de l'obtention
du CEP.
Les enseignements du terrain révèlent que le
mode de jugement des groupes sociaux sur la femme est en adéquation avec
les croyances religieuses (79,16%) et que l'opinion du milieu sur la femme
selon la religion est favorable aux préceptes de l'islam (92,33% des
enquêtes le pensent). En effet, il est écrit dans le
Coran Sourate 6, verset 6 : « privées
d'intelligence: En quoi, reprit-il, O Envoyé de Dieu, consiste
l'infériorité de notre intelligence et de notre religion? Est-ce
que le témoignage de la femme n'équivaut pas seulement à
la moitié de celui d'un homme? répliqua le Prophète.
Certes, oui, dirai-je, à cause de l'infériorité de leur
religion. Occupantes de l'enfer: Ah! Troupes de femmes, faites
l'aumône, car on m'a fait voir que vous formiez la majeure partie des
gens de l'enfer...».
En ce qui concerne l'impact de la coutume sur la femme,
l'étude révèle que la coutume a un poids sur la perception
qu'on a de la femme (83,33% des sujets des focus group le pensent). En effet,
l'analyse révèle que l'école a tendance à
gâter les filles. Un leader local
affirme : « depuis que ma fille va à
l'école des blancs, elle ne veut plus participer aux tâches
domestiques, si c'est cela que l'on apprend à l'école des blancs,
je préfère garder ma fille auprès de moi ».
Pour comprendre ces propos, il convient de s'appuyer sur les analyses de
Tchombe (2006 :68-69) :
Quelques traditions au Cameroun pensent qu'une femme
passive et dépendante est sexuellement plus attirante à l'homme
et elle est une bonne mère. Ceci encourage les parents à ne pas
promouvoir les qualités d'être actives, dominantes et
indépendantes chez les jeunes filles. Ils ont peur que la
société donne une image masculine à ces filles. Tous ces
stéréotypes influencent négativement l'éducation
des filles.
L'on observe à travers cette analyse que le concept
traditionnel de la femme a toujours dominé leurs pensées dans les
aspects.
En effet, au moment où s'efface l'idée d'une
société intégrée, chaque individu désirant
être un acteur, désirant donner un sens à ses
expériences de vie, valoriser sa créativité et sa
singularité dans la culture de son milieu d'appartenance. Bref la femme
comme sujet avec sa personnalité et sa culture est au coeur des
situations socio-historiques. Ce désir implique sa résistance aux
logiques systémiques, au pouvoir, aux rôles imposes au
système et aux comportements attendus. Dans ce sens, la femme doit
lutter contre la logique de la domination en revendiquant sa liberté
personnelle, en affirmant son identité et son envie de liberté.
La femme comme sujet humain gère plusieurs logiques
d'actions (elle est élève, étudiante, épouse,
mère, avocate, leader politique etc....) et ne peut être seulement
réduite à ces intérêts et à ces rôles.
C'est pourquoi il convient d'aborder la problématique des pratiques
individuelles et collectives non pas en termes de rôle, mais en termes
d'expériences sociale.
Dans cette logique qui est à la base de
l'expérience sociale, la femme peut se constituer dans la mesure
où elle construit une action autonome et une identité propre.
Autrement dit, comme le souligne Gohier et Anadon
(2000 :21) : « chaque individu construit son
identité à partir de son expérience, de ses traditions
culturelles ainsi qu'à partir de la culture du groupe auquel il
appartient ». De ce qui précède, nous pensons que
ces deux dimensions à savoir individuelle et sociale doivent être
prises en compte en matière d'éducation de la jeune fille.
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