1.3.2.2- Environnement socioculturel et
pauvreté
L'environnement socioculturel comprend le système de
croyances et de valeurs qui ne favorisent pas toujours l'adoption des
innovations et des transformations propices à l'avènement d'une
société dynamique et prospère. Cet environnement influence
et conditionne les comportements des différents acteurs face à la
situation de pauvreté. Les tensions entre les systèmes
économiques et les valeurs sociales dominantes requièrent
forcément la mise en oeuvre d'ajustements socioculturels sans laquelle
les performances économiques aussi bien individuelles que collectives
peuvent demeurer relativement faibles et non durables.
Au Sénégal, les mécanismes
socioculturels générateurs de pauvreté interviennent aussi
bien au niveau rural qu'au niveau urbain. Ils ont pour noms : les
modèles de consommation extravertis et non adaptés aux revenus
des ménages, les comportements ostentatoires (comme les gaspillages dans
les cérémonies familiales) qui réduisent la
possibilité d'épargner et d'investir pour le moyen et long termes
et les nombreuses fêtes familiales et religieuses qui ont un coût
sur la productivité et sur la croissance du pays, la forte
hiérarchisation des structures traditionnelles qui ne confère pas
une égalité des chances et restreint les cercles de
solidarité et de dynamique sociale, la persistance des disparités
de genre qui écartent les femmes des instances de décision et les
privent des moyens de production tout en impactant négativement sur le
taux de scolarisation des jeunes filles et leur maintien à
l'école, la tolérance sociale de la mendicité qui touche
aussi bien les adultes que les enfants et qui génère des
comportements d'assistés et la péréquation sociale qui
n'encourage pas l'épargne et inhibe l'esprit d'entreprise au niveau
individuel, la persistance de mentalités qui ne sont pas favorables
à la préservation des biens publics et à l'esprit de
citoyenneté.
Même si la lutte contre la pauvreté, implique
la nécessité de revisiter les valeurs culturelles et, de
transformer de manière radicale certains des repères fondamentaux
de la vie collective, il serait réducteur de penser que le substrat
socioculturel dans son essence, constitue une entrave pour le
développement. Ainsi, l'activation du capital socioculturel agit comme
un véritable amortisseur de la crise et participe à
l'augmentation de la croissance au même titre que le capital physique.
Au Sénégal, ce capital social a une grande
importance car contribuant à la cohésion sociale autour d'un
ensemble de normes, de croyances culturelles et religieuses. Il participe ainsi
à l'émergence d'associations religieuses, villageoises de
développement, etc qui constitue un vaste réseau d'entraide.
Il est bon de souligner que le secteur informel et
l'émigration (dont la contribution à la formation de la
croissance n'est plus à démontrer) se sont fortement
appuyés sur ce capital social arrimé sur des valeurs fortes de
solidarité et de partage.
L'enjeu réside donc dans la conduite d'un
inventaire des valeurs et comportements socioculturels, de manière
à extirper de la société ceux qui freinent le
développement et entretiennent la pauvreté, et à
promouvoir ceux qui constituent des facteurs d'accélération de
l'émergence économique et sociale.
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