1.3.2 Contraintes limitant l'efficacité des
politiques publiques en faveur des pauvres.
1.3.2.1 Bonnes gouvernances, décentralisation et
développement participatif
La promotion de la transparence dans la gestion des
affaires publiques, la création d'un environnement favorable au
développement du secteur privé et le respect de l'État de
droit font partie intégrante du capital social qui est un axe
fondamental pour doper la croissance économique et réduire les
inégalités. Il est attendu de l'État qu'il réponde
aux exigences de la demande sociale dans un contexte de lutte contre la
corruption, de modernisation de l'administration, de renforcement de la
démocratie et de la décentralisation, de protection et de
promotion des droits humains. De ce point de vue, une meilleure gouvernance des
réformes économiques devrait être promue afin de rendre
plus crédibles les plans et programmes initiés. Les institutions
pour être équitables doivent être responsables,
transparentes et fonctionner en respectant la primauté du droit. Ces
caractéristiques sont essentielles à la bonne gouvernance et
représentent un idéal que le Gouvernement vise à
atteindre.
Dans le cadre du contexte de mise en oeuvre du premier DSRP
(2003-2005), le Gouvernement a entrepris un certain nombre de réformes
qui visent l'amélioration de la qualité du service public, la
gouvernance économique, la gouvernance judiciaire, la gouvernance locale
et la décentralisation. Dans un souci d'améliorer la
qualité du service public et de promouvoir une bonne gouvernance
économique, les mesures prises par le Gouvernement dans le cadre
des réformes de la Fonction publique et de la mise en oeuvre du plan
d'actions CFAA-CPAR ont permis de réaliser : une politique de
recrutement pour le moyen terme en réponse aux besoins de personnel dans
la Fonction publique ainsi que les éléments clés d'une
stratégie de rémunération qui prenne en compte les
incitations à l'efficacité et les aspects de
compétitivité vis-à-vis de l'emploi dans le secteur
privé pour les postes clés, la mise en place du Système
intégré de Gestion des Finances publiques (SIGFIP), la
déconcentration de l'ordonnancement, l'élaboration des CDMT, la
mise en place d'une nomenclature budgétaire unifiée, l'audit
technique et financier de la solde, l'élaboration des plans de
passation de marchés, l'adoption des textes relatifs au code de
passation des marchés. En dépit de toutes ces actions
menées par l'État, l'objectif d'atteindre une Fonction publique
performante et une bonne gouvernance économique présente encore
des insuffisances du fait notamment de la lourdeur et des lenteurs
administratives, de la gestion inefficace des ressources humaines, de la faible
motivation des agents, du service public de faible qualité et parfois
inaccessible, des retards dans l'examen d'escomptes de gestion et des lois de
règlements et dans la mise en oeuvre de la déconcentration de
l'ordonnancement et de la persistance des lenteurs dans les procédures
d'adjudication des marchés.
Par rapport à la gouvernance judiciaire, on
note encore des limites malgré les efforts faits par l'État en
faisant passer le budget du ministère de la Justice de 2 milliards en
1998 à 7 milliards en 2001, puis à 12 milliards en 2005. Parmi
les facteurs de dysfonctionnement, figurent les lenteurs des procédures
judiciaires, le manque d'infrastructure; la vétusté des locaux
des juridictions et des services centraux, l'obsolescence de l'outil de travail
et l'insuffisance numérique de personnel qualifié qui manque de
documentation. Or, la démocratie, le renforcement de l'État de
droit, l'amélioration de l'environnement des affaires et la
sécurisation des biens et des personnes ne sont envisageables que dans
une justice modernisée et transparente.
En ce qui concerne le développement local et la
décentralisation, le processus de décentralisation a connu,
au Sénégal, plusieurs étapes à l'issue desquelles
certaines compétences ont été transférées,
mais dont l'exercice se heurte à plusieurs difficultés. Les
différentes évaluations ont mis en exergue : le manque notoire de
moyens dont disposent les collectivités locales pour faire face aux
exigences et compétences qui leur sont transférées, la non
fonctionnalité des organes d'appui, la mauvaise compréhension du
sens de la décentralisation et le retard accusé par
l'État dans la mise à la disposition des collectivités
locales des FECL et des FDD.
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