Section 3 : Pauvreté,
Vulnérabilité et Absence de Protection Sociale
1.3.1 La vulnérabilité sociale et Absence de
protection sociale
1- La vulnérabilité se définit en
termes de risques particuliers et d'exposition des populations à ces
risques. Elle traduit la probabilité d'une personne, qu'elle soit pauvre
ou non, à subir une perte significative de bien-être en
conséquence d'un changement de situation (ou d'un choc). L'analyse de la
vulnérabilité porte donc tant sur la nature des forces agissant
sur le bien-être d'une personne que sur son aptitude sous-jacente
à se protéger des risques et des chocs auxquels elle est
exposée.
2- La pauvreté et la vulnérabilité
sont fortement corrélées ; La situation de pauvreté
accroît la vulnérabilité du fait du manque de revenus
disponibles pour payer les services essentiels en temps de survenance d'un choc
et l'impossibilité de recours à l'épargne, à
l'emprunt et à des réseaux de solidarité. La
vulnérabilité à son tour, renforce la pauvreté.
Comme le montrent les résultats des enquêtes de perception de la
pauvreté, l'exposition des ménages à une série de
risques, peut conduire au basculement dans la pauvreté. Les risques pour
les ménages et les individus identifiés peuvent être
classées en deux catégories : les risques collectifs et les
risques individuels.
3- En ce qui concerne les risques collectifs, il est
apparu que la plupart des ménages pauvres ont perdu leurs avoirs et ont
vu la qualité de leur vie se dégrader suite à des chocs
naturels et des catastrophes qui découlent des ruptures dans
l'écosystème et d'accidents majeurs. Par ailleurs, durant ces
trois dernières années de mise en oeuvre du premier DSRP,
l'économie et les ménages ont été
particulièrement affectés9 par la baisse et la mauvaise
répartition de la pluviométrie. Le choc le plus récent
lié à la pluviométrie, en 2002, a abouti à une
diminution de la production. Ainsi, 85 % des ménages ruraux ont
déclaré avoir subi au moins une mauvaise récolte au cours
des 10 dernières années10.
4- Au niveau individuel, la survenance de chocs
sanitaires (maladies, blessures, accidents, invalidité, maladies
handicapantes, épidémie,) et ceux liés au cycle de vie
(naissance, maternité, vieillesse, désagrégation
familiale, décès, etc.,) ont des conséquences
négatives qui affectent la qualité de la vie, la
productivité et finalement, la croissance économique dans un
contexte d'absence de mécanismes de solidarité ou d'assurance.
Pour toutes ces raisons, les ménages ne disposant pas assez de
ressources ou de mécanismes d'assurance quand interviennent ces chocs,
basculent ou sont maintenus dans la pauvreté.
5- L'absence de systèmes de protection sociale et
de systèmes de prévention et de gestion des risques efficace et
élargie qui auraient permis d'éviter ce basculement quand
interviennent ces chocs est l'un des principaux facteurs de maintien des
pauvres dans un cercle vicieux de pauvreté et de création de
nouveaux pauvres notamment pour les acteurs du secteur informel, constituant
ainsi un frein à l'accumulation du capital et à l'investissement.
En effet, les dispositifs formels de protection sociale existants, basés
sur la couverture des fonctionnaires et autres salariés contre les
risques (constitués par la sécurité sociale comme la CSS,
les IPM, l'IPRES, le FNR, les assurances privées, les mutuelles
professionnelles complémentaires) couvrent moins de 15% de la population
et ne concernent que les branches santé, retraite, prestations
familiales. Ainsi, une grande majorité de la population (secteur
informel, secteur rural, journaliers et catégories sociales
vulnérables) n'est pas couverte par ces dispositifs formels et font le
plus souvent recours aux systèmes dits traditionnels de
solidarité et/ou à des systèmes alternatifs comme, les
systèmes d'assurances santé, les assurances gérées
par les Institutions de Micro Finances, les assurances gérées par
les coopératives, les Mutuelles de santé communautaires. Ces
systèmes sont confrontées à des difficultés
récurrentes liées aux faibles capacités de gestion, les
faibles taux de recouvrement des cotisations, les relations difficiles avec les
prestataires de soins et ont besoin d'appui pour leur mise en place et leur
phase de croissance notamment pour la gestion des flux d'information 72.
Au-delà des risques encourus aussi bien au niveau collectif
qu'individuel, c'est la capacité des populations concernées
à supporter les chocs, d'échapper ou d'atténuer leurs
effets, qui permet de caractériser la vulnérabilité. Si de
manière générale cette capacité varie avec le
niveau de capital humain ou social disponible, il existe plusieurs populations
particulièrement vulnérables du fait de déficits (de
droit, de capacité physique et/ou économique) liés
à l'âge, aux discriminations liées au sexe et à des
handicaps physiques, à la précarité des cadres de vie ou
à une combinaison de deux ou de plusieurs de ces déficits.
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