5.2.1.2 Contrôle du ramassage des noix de
karité dans les formations végétales
La collecte des noix repose sur le mode de tenure des arbres
développé par les différentes ethnies protectrices du
karité. Il s'agit du contrôle du ramassage des noix dans les
champs et dans les jachères. Cette forme de contrôle
diffère d'une ethnie à une autre où selon le cas, une
formation végétale est privilégiée par rapport
à une autre. La collecte des noix tient compte de ses prescriptions qui
ne sont pas respectées partout. A Birni-Lafia, pendant la soudure, le
ramassage des noix n'est ni contrôlé dans les jachères ni
dans les champs. L'offre étant inférieure à la demande,
les populations battent systématiquement les arbres de karité
pour collecter les fruits frais et les vendent sur le marché frontalier
de Malanville. A Kokey, c'est le même mode de faire valoir mais, aucun
arbre n'est battu. Il n'existe aucun marché au niveau local pour les
fruits frais de karité.
La collecte des noix de karité est faite par les
femmes qui se lèvent très tôt le matin à partir de 6
heures, même parfois plus tôt, ou tard dans la soirée vers
16 heures. La récolte est faite avec des bassines ou des calebasses
d'une contenance d'environ vingt cinq (25) à trente (30) kg. Aussi,
est-il important de mentionner que cette activité comporte des risques
d'une part, avec la forte fréquence des reptiles au pied des arbres, et
d'autre part, le poids de la charge collectée transportée sur de
longues distances qui entraîne la fatigue des collectrices. La collecte
proprement dite commence en mai, exceptionnellement en avril et prend fin en
septembre selon les régions. Une fréquence de quatre (04)
ramassages est observée par semaine en bonne saison. Uune femme peut
collecter en moyenne quatre cents quatre vingt kilogrammes (480 kg) de noix
fraîches par an. Mais malgré l'intensité du ramassage des
noix dans certains milieux, tout n'est pas collecté. Il reste toujours
dans les formations végétales, des graines pour la
régénération de l'espèce.
5.2.1.3 Conservation in situ du karité dans les
parcs
Plusieurs espèces d'arbres, outre le karité
recensés dans les champs et les jachères sont
protégés (tableau X) par les populations lors des
défrichements pendant l'installation des cultures du coton et d'igname.
Cela veut dire que dans le processus, d'autres parcs sont également
créés. Les objectifs poursuivis par les ethnies sont
variés pour la création des parcs. Ils sont d'ordre :
·
religieux (arbre sacré, vénéré,
craint)
· bois de service (construction, fabrication de meuble,
bois de feu, coffrage, fertilisation du sol, cure dent)
· culturel, médicinal, paysager (ombrage),
alimentaire, pécunieux et fourrager
· biodiversité
· biologique (Kpavouzou dans le parc de Bohicon par
exemple)
Selon les paysans enquêtés dans le parc de
Bohicon, ils auraient souhaité qu'une importance soit accordée
à cet arbre. Pour le karité, diverses formes d'utilisations
existent et varient selon les différentes ethnies.
Tableau X : Nombre d'espèces
protégées par parc à karité au
Bénin
Nom du parc à karité
|
Villages
|
Nombre d'espèces recensées
|
% du nombre d'espèces recensés par parc
|
Kandi
|
Birni-Lafia
|
19
|
20
|
Goun - Goun
|
9
|
Kokey
|
3
|
Bembéréké
|
Bensékou
|
8
|
21
|
Ouèrè
|
9
|
Béroubouay
|
9
|
Guessou - sud
|
11
|
Péhunco
|
2
|
Kotokounga
|
6
|
Boukombé
|
2
|
Parakou
|
Ouaké
|
4
|
9
|
Sirarou
|
5
|
Tctatchou
|
5
|
Savè
|
Toui
|
4
|
11
|
Papanè
|
6
|
Ouèdèmè
|
7
|
Bohicon
|
Sokponta
|
8
|
29
|
Paouignan
|
16
|
Zouto
|
11
|
Setto
|
10
|
Total
|
154
|
Moyenne = 20
|
|
Ecart-type= 10
|
CV = 50%
|
L'analyse de variance (ANOVA) a montré qu'il n'y pas de
différence significative au seuil de 5% entre les parcs et le nombre
d'espèces protégées.
Pour un même taux de sondage presque (parcs de Bohicon,
Savè, Parakou et Kandi), ce sont les parcs à karité de
Bohicon et de Kandi qui ont protégé le plus grand nombre
d'espèces. Cela montre bien
que lorsque les conditions environnementales deviennent
préoccupantes, les êtres vivants s'adaptent mieux en mettant en
oeuvre des stratégies de protection ou de survie des espèces.
|