2- Objectifs visés
La détermination des potentialités
réelles des mangroves Camerounaises et l'exploitation rationnelle des
ressources passe par l'analyse de leur composition biologique, la
compréhension de leur fonctionnement et leur évolution. Les
principaux résultats à atteindre sont entre autres:
- l'identification des principales caractéristiques
physico-chimiques et biologiques qui conditionnent la dynamique des
mangroves;
- l'inventaire de la biodiversité dans les diverses
stations de mangrove;
- la détermination des relations entre les
paramètres physico-chimiques des sites et la variabilité globale
de la végétation;
- la connaissance des affinités entre les
espèces caractéristiques des mangroves et les espèces de
forêts voisines qui envahissent l'espace mangrove lorsque la
salinité et l'inondation le permettent;
- la détermination de l'amplitude de dégradation
aux environs des agglomérations et le sens de l'évolution dans
les autres peuplements;
- l'évaluation de l'impact des activités
anthropiques sur l'évolution des écosystèmes côtiers
et particulièrement sur les mangroves;
- l'identification des taxa ayant des potentialités
morphologiques et écologiques en vue de la reforestation des espaces
dégradés;
- l'évaluation des besoins des populations en relation
avec une utilisation durable des ressources et la garantie des réserves
adéquates destinées à la préservation;
- la détermination des zones d'utilisation, de
conservation et de réhabilitation en fixant des critères ou
normes d'exploitation;
- la définition des stratégies
appropriées nécessaires à l'utilisation et la
préservation des ressources des mangroves du pays.
Compte tenu de l'ampleur de la situation, le gouvernement
camerounais et le peuple ne sont pas restés de marbres car ils ont fait
des efforts notables en vue d'une protection efficiente des mangroves.
B- ACTIONS POUR LA GESTION DURABLE DES MANGROVES AU
CAMEROUN
Les actions en faveur de la gestion durable des mangroves
camerounaises sont l'oeuvre du gouvernement camerounais, de la
société civile ainsi que des organismes internationaux.
1- Actions du gouvernement
Face à l'état de dégradation des
mangroves du pays, le gouvernement a pris plusieurs initiatives tant sur le
plan juridique que sur le plan politique et institutionnel afin pour
remédier à cette situation.
a- Au plan juridique
Au Cameroun, l'Etat a pris des mesures visant à
protéger la biodiversité. La loi No 94/01 du 20
Janvier 1994 portant Régime des Forêts, de la Faune et de la
Pêche, le Décret No 95-466-PM du 20/07/95 fixant les
modalités d'application du régime de la faune, le Décret
No 95-531-PM du 23/08/95 fixant les modalités d'application
du régime des forêts font partie des principaux textes
régissant les ressources forestières et fauniques. Cette loi
camerounaise reconnaît les mangroves comme zone écologique fragile
donc qui doit être protégée elle stipule d'ailleurs que
<< la mangrove est une ressource protégée dont
l'exploitation reste interdite>> En août 1999, l'autorisation
de la coupe du bois de chauffe dans la mangrove a été suspendue.
Désormais, les mangroves sont considérées comme des aires
protégées au sein desquelles sont interdites un certain nombre de
pratiques, à l'exemple de la coupe du bois. A coté de cela,
plusieurs autres législations protègent la mangrove au Cameroun
il s'agit de: La législation sur la forêt, la faune et la
pêche ; la loi d'association de 1992 pour permettre aux camerounais
de s'engager dans la gestion durable des ressources naturelles ; les
procédures d'octroi des forêts communautaires.
b- Au plan politique et institutionnel
L'élite politique camerounaise s'est abondamment
illustrée dans ce combat pour la préservation des mangroves
à travers la signature de plusieurs traités et conventions
liées directement ou indirectement à la mangrove parmi lesquelles
la célèbre convention de RAMSAR sur les zones humides qui est un
traité intergouvernemental qui offre un cadre d'action nationale et de
coopération internationale pour la conservation et l'utilisation durable
des terres humides, y compris les habitats de mangroves ; ratifiée
par le président Paul BIYA le 26 janvier 2006. à coté de
cela, plusieurs autres conventions ayant des liens proches ou lointains avec la
mangrove ont été signé il s'agit de : la Convention
sur le changement climatique, la Convention de la biodiversité, la
Convention du commerce des espèces en voie de disparition, la Convention
sur l'Ozone.
Le gouvernement a également élaboré
plusieurs plans d'action nationaux pour la mise en oeuvre effective de ces
conventions et lois à savoir : le plan national sur la
biodiversité et le plan national sur l'environnement.
Ces efforts de la part du gouvernement se heurtent sur le
terrain au non respect ou la mauvaise application de ces législations.
La société civile ainsi que des organismes internationaux
prêtent main forte et essayent par de multiples moyens d'aider le
gouvernement dans cette tâche.
2- Actions de la société civile
camerounaise et des organismes internationaux
La société civile camerounaise et les
organismes internationaux comme la F.A.O militent énormément pour
la protection des mangroves. Ils ont à cet effet organisés et
animés des campagnes et des séminaires ateliers de toutes
sortes.
a- actions des organismes internationaux
la FAO a financé et continue de financer en
collaboration avec des laboratoires de recherches et les universités
étrangers et nationaux plusieurs travaux de recherche sur la mangrove
au Cameroun ce qui à permis l'élaboration de l'atlas mondial de
la mangrove avec des données assez fiables sur le Cameroun.
Par ailleurs, en 2006 elle lance et mène un projet
baptisé gestion participative de la diversité biologique des
écosystèmes de mangroves au Cameroun, a enseigné
à un groupe de pêcheurs immigrants Nigérians qui vivent
à Yoyo une autre façon de faire. Ils ont été
sensibilisés aux dangers de la coupe indiscriminée des mangroves
et utilisent désormais un type de fourneau pour le fumage du poisson
plus économe en combustible, qui leur permet de transformer davantage de
poisson tout en consommant moins de bois. Ce projet de la FAO a en outre
incité les autorités camerounaises à affronter
l'aménagement des mangroves au niveau des politiques en les aidant
à élaborer des stratégies pour l'utilisation durable des
mangroves en coopération avec les communautés qui en
dépendent pour vivre.
Notons également les actions la Fondation
Internationale pour la Science (FIS) qui a contribué à la
réalisation de la carte thématique des mangroves de
l'estuaire du Rio del Rey (Cameroun) par photo-interprétation et SIG
en accordant des bourses de recherche à des chercheurs
camerounais.
A coté de ces actions concrètes, se situent
plusieurs autres menées par plusieurs autres organismes internationaux
à l'instar de la Banque Mondiale, l'union mondiale pour la nature
(IUCN), l'organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), le World
wide fund for nature (WWF), l'international waterfowl and wetlands
research bureau (IWRB) et l'international society for mangrove
ecosystems (ISME) pour ne citer que ceux là.
b- Actions de la société civile
Camerounaise
Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) nationales
travers leurs différents programmes et projets de conservation et de
gestion durable de la biodiversité, des ressources naturelles et de
réduction de la pauvreté contribuent efficacement à
protéger la mangrove. Quelques unes des actions des ONG sont
La Cameroon Environnemental Watch (C.E.W) qui a en 2007
mené un programme intitulé pleins feux sur la mangrove
qui à consister en une sensibilisation en masse dans des lycées,
des universités ainsi que sur le terrain sur une meilleure connaissance
de l'écosystème mangrove et son importante. Il s'est
également agit de mise en pépinières des propagules,
fruits des palétuviers.
La Cameroon Wildlife Conservation Society » (CWCS), qui
est chargée de la protection de la réserve naturelle de
Douala-Edéa qui à collaboré avec la FAO dans le projet
gestion participative de la diversité biologique des
écosystèmes de mangroves au Cameroun au cours duquel elle a
introduit à Yoyo des fours améliorés pour réduire
la consommation du bois. À coté de celles-ci, plusieurs autres
ONG veillent sur la mangrove au Cameroun à l'instar de l'Association
pour la Protection des Ecosystèmes Marins, Côtiers et des zones
humides (APEMC), l'Associations de Lutte Pour La Protection
l'Environnement (ALPPE), l'Organisation des Droits de l'Homme et de la
Protection de l'Environnement (ODHPE) et la liste est loin d'être
exhaustive.
Ces ONG sont non seulement actives sur le terrain, mais
elles tirent constamment la sonnette d'alarme pour signaler les abus et les
dérives mais également pour rappeler le gouvernement à
l'ordre en ce qui concerne l'application des lois.
Afin de coordonner leurs actions, la société
civile représentée par toutes les ONG qui s'intéressent de
près ou de loin à la mangrove et les organes gouvernementales en
charge des mangroves se sont retrouvés à Edéa le 25
janvier 2005 et Réseau Camerounais de la Mangrove (R.C.M) qui par la
suite a adhérer au Réseau Africain de la Mangrove (R.A.M).ce
réseau a pour objectif global la conservation, la gestion et
l'exploitation durable des ressources floristiques et fauniques des mangroves
en vue de répondre aux besoins locaux et nationaux des
générations présentes et futures. A coté de
cet objectif global, on trouve plusieurs objectifs spécifiques à
savoir :
-Renforcer les capacités institutionnelles et
techniques du réseau et de ses membres ;
-Promouvoir et valoriser la recherche dans les
écosystèmes de mangrove;
-Renforcer les capacités des différentes parties
prenantes impliquées aux pratiques de gestion durable ;
-Réhabiliter les écosystèmes de mangrove
endommagés ;
-Former les membres des communautés locales cibles aux
activités génératrices de revenus ;
-Créer et équiper un centre de ressources en
mangrove;
-Entreprendre un lobbying actif pour la signature des
conventions et la mise en place d'une législation appropriée pour
une gestion durable des mangroves.
Au vu de tout ceci, force est de constater que la mangrove au
Cameroun est sérieusement prise en compte et que son avenir
préoccupe toute l'ensemble de la société camerounaise et
c'est dans le souci de la préserver qu'est né le R.C.M
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