DISCUSSION
Il est clair que les mangroves sont profondément
exploitées au Cameroun toutefois aucune utilisation sur large
échelle ou conversion n'est actuellement en cours. Un défrichage
localisé peut avoir lieu dans certaines zones (étangs
salés, urbanisation, développement des infrastructures) qui ne
cause pourtant pas de grosses dégradations (FAO 2007). Dans le bassin du
Ndian et l'estuaire du Wouri, il existe des surfaces importantes de mangrove
primaire ceci malgré la pression démographique. On remarque aussi
que dans le temps les surfaces de mangroves au Cameroun n'ont pas subies de
sérieuses régressions. D'après les chiffres de la FAO, les
superficies de mangroves au Cameroun sont passées de 272.000 ha en 1980
à 250.000 ha en 2005 soit une dégradation de 8,09% en 25 ans ce
qui est loin de la moyenne mondiale de 19%. Sans compter que l'absence
d'utilisation des ressources peut aussi devenir un inconvénient. En
effet, la dégradation de la mangrove au Cameroun à ralenti
considérablement après 1990(voir tableau 2) période
à la quelle l'exploitation s'est intensifiée l'évolution
de la dégradation est presque constante après 1990 (voir graph.
3) c'est donc dire que la préservation des mangroves ne signifie pas
forcément une protection intégrale exempte de toute
activité anthropique.
Les superficies des mangroves sont mal connues celles-ci
varient en fonction des sources. On a pas de données fixes et certaines
y relatives de même qu'un inventaire de ses ressources n'a jamais
été fait dans un tel contexte, il est difficile d'évaluer
avec certitude les menaces et donc de mesurer l'impact de ceux-ci afin de mieux
comprendre leurs rythmes de dégradation.
Source FAO 2007
Fig5 : variation de l'étendue des zones de
mangroves entre 1980 et 2005
CONCLUSION GENERALE
En somme, parvenus au terme de notre travail qui portait sur
les menaces sur la mangrove au Cameroun, au cours du quel il s'est agit de
faire une présentation générale des mangroves du pays,
d'identifier l'ensemble des menaces qui mettent en péril ces mangroves,
puis de proposer les stratégies pour une gestion soutenable de ces
mangroves et enfin d'évaluer les efforts de toutes les parties prenantes
dans la lutte pour la préservation de celles ci. Il en ressort que les
mangroves occupent une superficie importante dans le pays et de part leurs
fonctions économique scientifique et socioculturelle ont une importance
inestimable et de ce fait elles subissent de nombreux assauts anthropiques qui
conduisent à leur dégradation notamment l'exploitation
irrationnelle et incontrôlés de ses ressources, que sont le bois
le poisson le sable et les P.F.N.L ; ainsi que les activités
humaines de natures industrielles, agricoles et l'expansion
démographique. Cette dégradation entraîne des
conséquences fâcheuses tant sur le plan environnemental que sur le
plan socioéconomique. La question de trouver les stratégies pour
gérer notre mangrove largement dégradée au point de
risquer l'extinction de cet écosystème très rare, fragile
et important n'est plus négociable. Le gouvernement camerounais l'a
compris et fourni des efforts dans le sens d'une gestion durable de cet
écosystème par la mise en place d'un arsenal juridique et
institutionnel y relatif appréciable. Le rôle de la
société civile, y compris, des organisations internationales pour
soutenir les efforts du gouvernement n'est plus à démontrer. Le
Cameroun dispose déjà d'un réseau de mangrove né
des initiatives et enthousiasmes des membres des associations et ONG de base.
Notons cependant que s'il est vrai que beaucoup d'efforts sont fournies
jusqu'ici pour sauver la mangrove au Cameroun, force est de constater que
beaucoup reste encore à faire surtout en ce qui concerne l'application
des textes sur le terrain. Il est clair qu'il faut
régénérer la mangrove, la remplacer et la préserver
mais il faut à la fois qu'elle soit utile aux populations riveraines
ainsi qu'au peuple camerounais tout entier. Trouver le juste équilibre
est alors le défi qui interpelle toutes les parties engagées dans
la lutte pour la gestion durable de la mangrove au Cameroun à
l'occurrence le RCM.
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