I- PRESENTATION ET IMPORTANCE DE LA MANGROVE
CAMEROUNAISE
A- PRESENTATION DE LA MANGROVE AU CAMEROUN
1- Localisation et étendue
Au Cameroun, les mangroves se localisent dans le golf de
guinée entre 2° 45' - 4° 50' N de latitude et 8° 30' -
9° 00' E de longitude. Elles représentent 30% des 500 km de cote
qui part d'Akwa yafé à la frontière avec le Nigeria au Rio
Ntem à la frontière avec la guinée équatoriale.
Elles couvrent une superficie totale de 400.000 hectares (250.000 ha avant la
rétrocession par le Nigeria de la péninsule de Bakassi au
Cameroun) c'est l'un des rares pays au monde avec une telle superficie de
mangroves. Elles se repartissent suivant trois grands ensembles sur trois des
dix régions administratives que comporte le pays ; on distingue la
mangrove du Rio Del Rey qui se trouve dans la région du Sud Ouest
à l'embouchure des fleuves Akpa, Yafe, Ndian et Meme ; elle a une
superficie de 218.000 hectares c'est la deuxième plus grande mangrove en
Afrique de l'Ouest de part son étendue et l'une des plus riches au monde
de part sa biodiversité.
Source : Ndongo DIN, Daniel
LACAZE et François BLASCO
Fig1. Étendue de la mangrove du Rio Del
Rey
On a également la mangrove de l'estuaire du Cameroun
qui se trouve dans la région du Littoral à l'embouchure des
fleuves Bimbia, Mungo, Wouri et Dibamba couvrant une superficie de 180.000
hectares puis on a la mangrove de l'estuaire du Rio Ntem dans la région
du Sud avec les fleuves Loukoundje Sanaga et Ntem sa superficie est de 2.000
hectares c'est la plus petite mangrove du pays.
2- Composition floristique et
faunique
La biocénose de la mangrove camerounaise est
très diverse sur le plan morphologique et sur le plan de la composition
floristique et faunique La flore est faite essentiellement de
palétuviers de type rhizophora. Il y a 6 espèces
indigènes (Rhizophora racemosa, Rhizophora harrisonii,
Rhizophora mangle (Rhizophoracée); Avicennia germinans
(Avicenniacée); Lagunculacia racemosa, Conocarpus
erectus (Combrétacée); et une espèce introduite
Nypa fruticans (Aracée); soit 7 espèces appartenant
à 4 grandes familles de plantes. Autres espèces sont
associées dont les plus importantes sont : Drepanocarpus
lunatus, Dalbergia ecastaphylum, Paspalum vaginatum,
Hibiscus tilaceus, Phoenix reclinata, Acrostichum
aureum, Pandanus candelabrun, Sesuvium portulacastrum,
Alchornea cordifolia, Annona glaba, Elaeis
guinensis, Athocleista vogeli, Bambusa vulgarus,
Coco nucifera, Eremospatha wendlandiana, Guiborutia demensei, Raphia
palma-pinus, etc. (Mbog, 1998). Les peuplements forestiers
représentent plus de 72 % de la végétation des mangroves ;
les peuplements arbustifs oscillent autour de 20 % et la
végétation herbacée environ 8 %. Les Rhizophora
racemosa occupe 90 à 95 pour cent des mangroves de la
zone des marées où cette espèce peut
atteindre 25 mètres de haut mais se limite plus souvent à quatre
à huit mètres, plus à l'intérieur des terres. La
composition faunique est très diverse avec la faune aquatique:
mammifères, mollusques, crustacées, poissons ; la
faune terrestre: mammifères, reptiles et la faune aviaire: oiseaux
d'eaux.
De part son immense richesse biologique et sa
particularité écologique, la mangrove au Cameroun joue des
rôles très importants et présente de grands enjeux dans
plusieurs domaines.
Cliché WAFFO
Photo1 paysage de mangrove
B- IMPORTANCE DE LA MANGROVE CAMEROUNAISE
Les mangroves bondent de ressources et sont très
importantes pas seulement à l'échelle des populations riveraines,
mais aussi bien à l'échelle nationale que mondiale. Cette
importance se dénote des fonctions qu'elles occupent dans la
société et celles ci se classent en trois principaux domaines
à savoir économique, scientifique et socioculturel.
1- Fonction économique de la mangrove au
Cameroun
Les populations riveraines des mangroves du Cameroun pour la
plupart originaires d'Afrique de l'Ouest notamment du Nigeria, du Bénin,
du Ghana et autres ; sont les premiers témoins de la portée
économique de ce milieu. En effet, la mangrove regorge d'énormes
quantités de ressources halieutiques principalement les poissons et les
crustacés qui est une véritable manne pour les populations. Des
villages de pêcheurs se sont érigés tout au tour de cette
zone à l'instar de Yoyo vers Limbé dans la mangrove du Rio Del
Rey. Pour assurer la conservation des poissons pêchés, on les fume
et pour ce faire, la mangrove est une fois de plus sollicitée pour le
bois qu'il procure et qui est utilisé comme source d'énergie ou
pour les services diverses tels que la construction des pirogues (le
palétuvier rouge étant adapté) et des pagaies. Le poisson
après être fumé est transporté vers les grands
marchés du pays. Par ailleurs, de nombreux produits forestiers non
ligneux (P.F.N.L) telles que les lianes et les rotins abondent dans la
région et sont prisés dans l'artisanat.
Les mangroves du Cameroun regorgent d'importantes ressources
pétrolières et gazières principalement dans le bassin du
Rio Del Rey. D'ailleurs, la production pétrolière camerounaise
est réalisée à partir de 49 champs offshores et le bassin
du Rio Del Rey fournit 90% de la production nationale de pétrole brut.
Enfin d'autres importance et non les moindres sont : les mangroves sont
des destinations de prédilection pour l'écotourisme, le sable qui
s'y dépose est de très bonne qualité et est
recherché pour des constructions diverses des carrières de sables
y abondent surtout dans l'estuaire du Cameroun aux environs de Douala.
2- Fonction scientifique de la mangrove au
Cameroun
L'importance scientifique de la mangrove au Cameroun se situe
à plusieurs niveaux surtout biologique et écologique.
Au plan biologique, mangrove camerounaise abonde de vies sa
biodiversité est impressionnante. En plus des palétuviers,
plusieurs autres végétaux trouvent dans les marécages de
mangroves un milieu propice à leur développement à eux,
s'ajoute une faunes aux espèces variés allant des
bactéries jusqu'aux mammifères en passant par des rongeurs des
reptiles et des insectes. Plus de 80% des espèces halieutiques
pêchées en mer sont tributaires de ces mangroves.
Au plan écologique, la mangrove est très active
dans la stabilisation des sols les limons qui y abondent fertilisent le sol
tandis que le sable filtre l'eau et la végétation régule
le microclimat. C'est une zone de frayère pour la reproduction
halieutique. Feuilles, brindilles et écorces des arbres constituent les
fondement d'un important réseau trophique avec à sa base les
détritivores. Les mangroves offrent une protection contre les vents et
la houle limitant de ce fait l'érosion littorale. L'abondante
végétation de la mangrove contribue par ailleurs à la
lutte contre le réchauffement climatique à l'échelle
mondiale en piégeant une partie du carbone.
La mangrove est un milieu tellement particulier et complexe
qui se prêtre à la recherche scientifique dans plusieurs domaines.
Nombre de chercheurs lui ont d'ailleurs consacré plusieurs de leurs
travaux à l'instar de Roger NGOUFO, Ndongo DIN, François BLASCO
pour ne citer que ceux là.
3- Fonction socioculturelle de la mangrove
camerounaise
Au Cameroun, les communautés voisines des mangroves
dépendent étroitement d'elles pour leur alimentation mais aussi
pour leur santé car ils y trouvent des plantes médicinales pour
se soigner et se protéger. En outre, des liens culturels très
serrés lient la mangrove et la population riveraine comme à
Manoka près de Douala la mangrove est le sites des rites et autres
pratiques traditionnelles, c'est là que se reposent les ancêtres
et où vivent les dieux ; plusieurs autels y sont
aménagés pour les sacrifices.
Outre le bois de feu et le charbon de bois, les
communautés côtières dépendent aussi des mangroves
pour le bois de construction des logements et des embarcations. De
surcroît, les mangroves fournissent du chaume résistant à
l'eau pour les toitures, ainsi que du fourrage pour les animaux domestiques. La
mangrove a un rôle de protecteur pour les communautés voisines une
protection contre les effets du vent, des vagues et des courant.
Ainsi, l'importance des la mangrove camerounaise n'est plus
démontrer et toutes richesses devant être exploiter, les
populations ne ménagent aucun effort pour le faire. Cependant, son
exploitation est faite de façon irresponsable et abusive ce qui fait
peser sur celle-ci de sérieuses menaces.
II- LA MANGROVE CAMEROUNAISE UN ECOSYSTEME EN
DANGER
Malgré les caractéristiques et l'importance de
cet écosystème fragile, les mangroves du Cameroun ont subi
pendant près de 50 années des pressions énormes, suivies
de dégradations importantes (voir graph. 2) consacrant ainsi la perte de
plus de 30% de sa surface de mangrove (de 600 000 ha à 400 000
ha à ce jour). Cela est dû à beaucoup de facteurs surtout
la déforestation pour le fumage de poisson (Ajonina et Usongo
2001 ; Ajonina et al 2005). Ces menaces ont des répercussions
énormes à divers niveaux.
A- MENACES QUI PESENT SUR LA MANGROVE AU
CAMEROUN
Plusieurs menaces de natures diverses pèsent sur les
mangroves (voir tableau1). Les principales menaces de la mangrove ont pour
origine la pauvreté et la croissance démographique pour facteur
aggravant ces menaces sont nombreuses on distingue.
1- L'exploitation irresponsable des ressources de
la mangrove et sa dynamique naturelle
L'exploitation des ressources de la mangrove est faite sans souci
du lendemain. Associée à la dynamique naturelle des mangroves,
elles contribuent à hauteur de près de 90% à la
dégradation (voir graph. 1) ceci en partie être expliqué
par l'explosion démographique dans les villes voisines des mangroves
comme les villes de Limbé et de Douala or les ressources des mangroves
ne sont pas inépuisables. On distingue :
a- La pêche et la chasse non conventionnelles
En effet, La pêche constitue l'activité
principale des communautés côtières traditionnelles dans
lesquelles elle est perçue d'abord comme une activité culturelle
avant les besoins économiques. Malgré le rôle primordial
que les mangroves et les systèmes connexes jouent dans les
pêcheries (Robertson and Duke 1987; Primavera 1998). Les statistiques
officielles estiment que chaque année, au Cameroun, 50 000 t de poisson
sont pêchés dans les mangroves: bossu, bar, mulet, machoiron et
surtout bonga (Ethmalosa dorsalis), l'espèce la plus demandée sur
les marchés camerounais. De plus, au large des côtes du Cameroun,
la pêche industrielle est importante. Les
autorités qui gèrent les pêches n'apportent pas beaucoup de
solutions sur la protection et la conservation de ces
écosystèmes. La chasse au fusil et par câble
pratiquée dans les mangroves (Ngoufo 2002) à des fins de
consommation ou de loisir contribue à l'extinction rapide de la faune
terrestre et aviaire.
b- L'exploitation abusive du bois et PFNL
Le bois constitue la principale ressource des mangroves. En
effet, Dans les campements de pêche de la zone littorale du Cameroun, le
bois de mangrove est coupé à un rythme quotidien incessant et en
quantité astronomique pour construire des baraques en planche de
palétuvier, des pirogues mais surtout pour en faire du combustible
à fumer le poisson (voir photo 1) et servir comme principal combustible
dans les villes avoisinantes. Le droit de coupe de bois est facilement
accordé à tous. Il n'y a que quelques bouteilles de liqueur et
quelques billets de banque à fournir au chef des campements en guise de
compensation comme c'est le cas dans le campement Yoruba Makollè. Une
compensation assez mince compte tenu des dommages infligés à la
mangrove. On estime à environ 60 000 m3 la quantité de bois qu'on
sort par ans dans les mangroves au Cameroun. La demande des PFNL tels que le
tannin, le vin et autres boissons distillées à partir du palmier
nipa, la toiture, les décorations, les aliments et les
médicaments devient de plus en plus croissante avec la croissance
démographique ce qui commande des pressions plus acerbes sur la
mangroves. Un autre facteur accélérateur fut la modernisation du
matériel de coupe par introduction de tronçonneuses et parfois de
grosses pirogues propulsées par des moteurs hors bord (Din and Blasco
1998).
Cliché WAFFO
Photo2 bois des mangroves pour combustible dans le Rio
del Rey
c- L' exploitation du sable
De vastes étendues de mangroves au Cameroun ont
été défrichés et reconverties en carrières
de sable et l'exploitation est faite sans aucun souci dans la mangrove de
Douala par exemple, l'on exploite environ 30 à 40 camions de sable par
jour et la demande se fait de plus en plus croissante avec la modernisation de
l'habitat et des infrastructures.
d- la dynamique naturelle des mangroves
La dynamique naturelle progressive des mangroves peut aboutir
à l'obstruction des voies d'eau, perturbant ainsi la navigation et
éloignant les zones de pêche en plus les espèces se livrent
une compétition naturelle dans cet écosystème qui abouti
souvent à la décadence des êtres les plus faibles qui sont
pour la plupart les espèces pionnières favorisant de ce fait le
recul des mangroves à une vitesse plus rapide.
2- L'expansion urbaine, les activités
industrielles et agricoles
Cette expansion et ces activités sont fortement
influencée par la croissance démographique urbaine et la
dégradation du secteur moderne qui accentuent la pauvreté en
augmentant non seulement le nombre de coupeurs de bois, mais aussi le nombre de
consommateurs incapables de payer les sources d'énergie modernes (Nicole
et al. 1994; Saenger and Bellan 1995; Din 2001).
a- L'expansion urbaine
A la fin du siècle dernier, le pays a été
frappé par une grave crise économique qui a peuplé ses
villes de nombreux chômeurs. Dans les villes côtières, le
commerce du bois provenant des mangroves est apparu comme une activité
florissante. La pression démographique provoque leur destruction et son
influence s'accentue dans des zones non protégées, surtout aux
voisinages des agglomérations où les problèmes fonciers et
la pauvreté poussent les populations à occuper des espaces libres
à faibles coûts on assiste donc à un développement
d'habitats spontanées et anarchiques dans les mangrove jouxtant les
grandes villes.
b- Les activités agricoles
Au Cameroun, les surfaces de mangroves cultivées sont
négligeables (F.A.O 2005) car les riverains n'ont pas l'agriculture pour
propension. Cependant, la mangrove est menacée par des pollutions
diverses provenant des pesticides et des engrais des plantations
côtières d'hévéas, de palmiers à huile et
de bananiers à coté de cette pollution, il y'a l'invasion de
la mangrove par des plantes envahissantes tels que la jacinthe d'eau douce
provenant des activités agricoles en amont.
c- Les activités industrielles
Le gros des industries camerounaises se localise dans la zone
côtière fortement urbanisée. a plupart de ces industries
ont un matériel archaïque ce qui fait qu'elles produisent
énormément de déchets qui sont évacuer dans la
mangrove voisine jusqu'ici enclavée. Par ailleurs l'exploitation
pétrolière off shore met aussi la mangrove en danger de part les
pollutions qu'elle génère et aussi de part la surface de mangrove
qui est détruit pour cela. Dès lors dans le bassin du Rio del
Rey, plus de 143,36 km2 de mangrove sont concédées a
l'association Dissoni (Snh / Pecten / Total E&P, opérateur) en plus
des de 474 km2 concédées à Addax, opérateur.
Tableau1 récapitulatif des menaces sur la
mangrove au Cameroun
menaces
|
La pêche et la chasse non conventionnelles
|
Exploitation abusive du bois et PFNL
|
Exploitation du sable
|
Exploitation du pétrole off-shore
|
Activités agricoles et industrielles
|
L'expansion urbaine
|
Dynamique naturelle
|
Estimation Proportion%
|
18
|
45
|
5
|
9
|
7
|
10
|
6
|
Source : enquêtes de terrain
Fig3 : estimation des proportions de chaque
menace
Source : tableau1
A coté de toutes ces menaces, réside une autre
quelque peu négligée mais somme toute importance. Il s'agit de
l'absence de connaissances sur la superficie exacte des mangroves du pays. En
effet plusieurs sources avancent des chiffres avec des écarts
considérables au point où il devient assez difficile de savoir
quel est l'état de dégradation exacte
Toute cette panoplie de menaces conduisent
inéluctablement à la dégradation des mangroves et cette
dégradation pourra entraîner de sérieuses et
sévères conséquences.
B- IMPACTS POTENTIELS DE LA DEGRADATION DE LA MANGROVE
AU CAMEROUN
Si l'exploitation abusives des ressources des mangroves, leurs
pollutions par les déchets industriels ainsi que leurs reculs suite
à l'expansion urbaine bref si la dégradation de la mangrove se
poursuit, elle est successible d'entraîner une série de
conséquences sur le plan environnemental et sur le plan socio
économique. D'ailleurs, certaines de ces conséquences sont
déjà perceptibles.
Années
|
1980
|
1990
|
2000
|
2005
|
Surface des mangroves en ha
|
272 000
|
256 300
|
251 500
|
250 000
|
Taux de dégradation en %
|
5,4
|
1,22
|
0.4
|
En attente
|
Tableau2 évolution de la superficie de la mangrove
camerounaise dans le temps
Source : Atlas Mondial Des Mangroves
F.A.O 2007 (données approximatives)
1- Impacts environnementaux de la
dégradation des mangroves
L'utilisation de la mangrove demeure le problème
fondamental sur le plan environnemental dans ce sens qu'elle provoque toujours
des perturbations irréversibles et dans plusieurs cas, la destruction
est totale.
a- La perte de la biodiversité et disparition de
l'écosystème
L'exploitation abusive et irresponsable des ressources des
mangroves caractérisée par des techniques de chasse de
pêche et de coupes non conventionnelles ; couplées avec les
pollutions diverses que subit les mangroves sont successibles de conduire
à une extinction massives des espèces vivantes faunique et
floristique rares et précieuses de ce milieu. Comme c'est
déjà le cas avec certaines plantes médicinales et
certaines espèces de poissons à Yoyo par Limbé. Dans la
mangrove du Rio del Rey, des niches écologiques entières ont
disparu suite à la création des puits de pétrole.
b- L'érosion littorale et les catastrophes
naturelles
L'exploitation du sable ainsi que des palétuviers
dénudent le sol des zone de mangroves et les rendent de ce faits aux
actions de la houle des marées et des vents ce qui entraîne une
érosion rapide et sévère du littoral et par ricochet le
recul des côtes signe de l'avancée de la surface marine au
détriment de la surface continentale. Suite à ces
dégradations la zone côtière sera exposée aux
inondations et aux vents violents qui seront très destructeurs.
c- Destruction de la couche d'ozone et réchauffement
climatique
Les pertes dans l'exploitation du bois de mangrove dues
essentiellement à l'abandon des houppiers sur le terrain sont de l'ordre
de 50% au Cameroun (Din, 2001). Ces houppiers en pourrissants libèrent
dans l'atmosphère une quantité importante de dioxyde de carbone
qui une fois libérée s'attaque à la couche d'ozone.
La contribution de la flore de mangrove ainsi que le sol
toujours humide au piégeage du carbone est non négligeable
surtout avec sa situation à proximité de la zone industrielle
ainsi, sa disparition accentuera l'effet de serre et dans la même
lancée le réchauffement climatique les zones littorales
étant déjà réputées pour leur climat
très chaud.
2- Impacts socioéconomiques de la
dégradation des mangroves
La destruction de la mangrove aura de conséquences
socioéconomiques dramatiques sur les populations riveraines mais
également pour l'ensemble du pays.
a- Impacts économiques
Les mangroves du Cameroun mettent dans le circuit commercial
environ 60.000 tonnes de poissons fumés par an, environ 50.000 tonnes de
bois utilisés comme principale source d'énergie dans plusieurs
villes. Ces seul deux activités pour ne citer qu'elles font vivre plus
de 2500 familles (Mbog 1998) des pêcheurs exploitants à ceux
charger de fumer le poisson jusqu'aux multiples commerçants de gros et
détails des différents marchés du pays. Ainsi une
cessation de cette activité va induire des pertes sérieuses pour
l'Etat en terme de taxes et autres redevances. De plus, après la grave
crise économique des années 1990, beaucoup de personnes ont
trouvé dans la mangrove une activité pour assurer sa survie ainsi
que celle d'une famille nombreuse restée au village.
b- Impacts socioculturels
Au plan socioculturel, la destruction de la mangrove pourra
entraîner des catastrophes naturelles comme les inondations en
marrées hautes ou alors la stérilité des sols à
cause de la sècheresse et de l'érosion. Ces aléas vont
induire des crises sociales graves tels que les conflits fonciers, la faim, la
sous nutrition, le chômage, et l'accentuation de la paupérisation
des grandes métropoles voisines car envahies par de nombreux sans
emploie en quête de travail cela va inéluctablement faire
croître les maux urbains déjà criards dans ces villes comme
le grand banditisme, la prostitution et la promiscuité
La mangrove à une valeur culturelle très
importante dès lors si elle disparaissait, il y'aura perte de valeurs
culturelles qui va conduire à l'acculturation voire à une
disparition de la culture car la mangrove est un lieu de pratiques religieuses
et traditionnelles des peuples qui en dépendent.
Ainsi, on comprend aisément l'impérieuse
nécessité qu'il y'a à protéger les mangroves du
moment où l'avenir de plusieurs groupes en dépend.
Fig4 : Tendances de dégradation de la
mangrove au Cameroun entre 1980 et 2000 (données
approximatives) Source : FAO 2003
|