2.7.3 L'élevage
Au Niger, le poids de l'élevage est important. En
effet, la contribution du secteur de l'élevage au PIB est passée
de 67,71 milliards de FCFA en 1992 à 108,437 milliards de FCFA en 1998
(Document de relance sur le secteur de l'élevage MRA, 2001). En 2002,
cette contribution tourne autour de 11% en moyenne par an. Le secteur de
l'élevage représente environ 35% du PIB agricole. Il contribue
également à l'équilibre de la balance commerciale. En
effet, les produits de l'élevage occupent le second poste des principaux
produits nationaux exportés
juste après l'Uranium. Ils représentent 70% des
produits d'exportation soit près du double des produits agricoles. C'est
ainsi que l'évolution des exportations des produits d'élevage ont
passé de 15,08 milliards en 1991 à 12,46 milliards en 1993 et ils
ont atteint 20,714 milliards en 1996. L'élevage représente
l'activité principale pour près de 22% de la population
nigérienne. L'effectif du cheptel en 2002 pour l'ensemble du pays est
estimé à 3 445 805 bovins, 5 489 097 ovins et 9 037 496 caprins
(Document de relance sur le secteur de l'élevage MRA, 2001).
L'élevage constitue la seconde activité
économique après l'agriculture dans notre zone d'étude. Il
est pratiqué sous la forme extensive et représente la principale
activité des populations peuls et bellas. L'importance de
l'élevage peut s'apprécier par l'effectif du troupeau
présent dans la zone. Cet effectif a certes connu une régression
avec les sécheresses des années 1970. Actuellement, il tend a
doublé son nombre d'avant ces sécheresses. Les éleveurs
possèdent toutes les espèces d'animaux mais les bovins
constituent l'espèce la plus importante à cause de l'importance
de son effectif. L'effectif bovin a passé de 150.000 en 1982 à
267.425 en 2003 au niveau de Say; de 135.000 bovins en 1982 à environ
222.176 en 2003 à Kollo; de 122.914 bovins en 1982 à environ
180.306 en 2003 au Boboye.
Les éleveurs dépendent étroitement du
milieu dans lequel ils évoluent avec leur troupeau. Les ressources
pastorales qu'ils exploitent connaissent, compte tenu des variations
climatiques saisonnières, des fluctuations dans le temps et l'espace qui
les obligent à mettre en place une stratégie pour continuer
à satisfaire les besoins hydriques et alimentaires de leur
bétail. C'est dans ce contexte que peut s'expliquer l'installation
massive des éleveurs peuls (surtout) dans cette région
périphérique du Parc du W, qui jouit d'une bonne
pluviométrie et par conséquent une bonne disponibilité
fourragère et hydrique. Ils ont en effet, quitté les zones
septentrionales saturées par les champs de culture tout en fuyant
l'avancée du front de désert.
Les agriculteurs procèdent à une
corrélation entre le taux de croissance démographique et celui du
défrichement et de la déforestation. Cette situation a conduit
à un rétrécissement de l'espace de pâture,
d'où la naissance d'une concurrence conflictuelle, entre l'agriculture
et l'élevage autour de l'espace. Les
pasteurs sont souvent les plus défavorisés, car
ils perdent peu à peu le contrôle de leurs terres et donc,
l'accès aux ressources clés, notamment l'eau et le
pâturage. On assiste à une mise en culture quasi-totale des terres
disponibles.
Cette pression agricole se traduit dans toute la zone par la
fermeture graduelle ou complète des couloirs de passage et ou le
grignotement partiel ou complet des aires de pâturage. Dans certains cas,
c'est autour des grandes mares d'abreuvement que les agriculteurs
établissent leurs champs. Cela pose des problèmes de survie des
troupeaux. Il est donc, impossible pour les éleveurs de traverser les
régions agricoles sans provoquer des conflits violents avec les
agriculteurs, le cas de Sambéra au Boboye avec la grande mare Fetto
Gaba-Gaba illustre bien ce fait. En effet, dans cette des champs ont
entouré cette grande mare d'abreuvement. Cette situation a
entraîné une bagarre rangée entre les agriculteurs et les
éleveurs avec malheureusement des pertes en vies humaines . Cela
dénote que droit foncier est reconnu uniquement à
l'agriculture.
La pression agricole a eu pour conséquence la
diminution du nombre des aires de pâturage devant un effectif de cheptel
de plus en plus croissant. Ce qui a entraîné la surexploitation
pastorale des dernières aires de pâturage existant.
Cela se traduit d'une part par l'augmentation de
l'érosion hydrique qui emporte les couches superficielles
déjà préparées par l'effet du piétinement
des animaux et d'autre part, par la prolifération des espèces peu
appétées (Zornia glochidiata qui ne laisse que de la
paille sèche pendant la saison sèche) ou indésirables
(Sida cordifolia et Cassia tora ). L'action conjuguée
de la pression agricole et de la surexploitation pastorale est à la base
de la disparition des espèces recherchées et
appétées telles que Andropogon gayanus, Diheterepogon
hagerupii, Hypomea involucrata , Cenchrus biflorus ...
Figure N° 5 : Evolution du cheptel (bovins
ovins caprins)des trois arrondissements (Say, Kollo et Boboye) de 1990 à
2002
400000
200000
700000
600000
500000
300000
100000
0
1990
1991
1992
1993
Bovins Ovins Caprins
1994
Evolution cheptel
1995
Années
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
Projection des cheptels Bovins, Ovins et Caprins des trois
arrondissements Say, Kollo et Boboye de 1990 à 2002 avec un taux
d'accroissement naturel respectivement de 2%, 3% et 2,5%.
Source : Service de la Statistique et de la documentation
du Ministère des ressources animales du Niger.
|