2.7.2 L'agriculture
L'agriculture constitue la première principale
activité économique du sud ouest du Niger. Elle est
pratiquée par toutes les ethnies principalement les gourmantchés,
les zarma, les haoussas, les grands commerçants et fonctionnaires
habitant dans les centres urbains. Pour les autres groupes notamment les peuls
et les bellas, elle est une activité secondaire. Cette agriculture est
axée sur les cultures vivrières (mil, sorgho, maïs, riz...)
et les cultures de rentes notamment le niébé, l'arachide et le
coton. La production agricole est étroitement liée aux conditions
climatiques favorables de cette région qui est du type
Sahélo-soudanien et soudanien. Cette activité est en effet du
type extensif utilisant des techniques archaïques (hilaires et pioches).
Les paysans mettent en valeur une portion de terre pendant trois à cinq
ans et quand le sol est épuisé, il est abandonné pour un
nouveau terrain. C'est une agriculture minière. A titre illustratif,
dans l'arrondissement de Say les surfaces destinées à la culture
du mil ont passé de 59.746 ha en 1985 à 85.167 en 1995; au Boboye
ces mêmes surfaces ont passé de 112.102 ha en 1985 à
1443.441 ha en 1995 et à Kollo elles ont augmenté de 140.405 ha
en 1985 à 168.165 ha en 1995. Cette agriculture utilise le maximum de
bonnes terres disponibles (terres de bas-fonds et des plaines) et ne laisse que
des terres impropres à la seconde activité (l'élevage)
notamment les plateaux rocailleux et les surfaces indurées.
La pression agricole est visible sur toute la zone que nous avons
étudiée.
Dans la zone de Tamou, cette pression agricole se traduit par
l'occupation anarchique de toutes les terres fertiles. Les zones
concernées sont essentiellement les bas-fonds, les vallées des
cours d'eau, les plateaux et les glacis sableux. Au cours de notre
investigation sur le terrain, nous avons été témoin de la
reprise de jachère en plein Réserve au sud de Tamou et au Nord
(Baoulé).
1976 au profit des immigrés victimes des
sécheresses de 1973-74. Ce déclassement à
été fait au détriment de la population peule qui y vivait
déjà.
Au niveau de Gueladio, la saturation foncière est
à son paroxysme, il n'existe presque pas de terres disponibles pour
l'élevage. La seule exception que constituent le plateaux de
Tchantchergou, est actuellement en train de perdre sa superficie avec
l'avancée des fronts de cultures.
Au niveau de Torodi, cette avancée de champs de culture
est plus importante dans la partie Nord et centre Est du poste administratif. A
ce niveau seuls les plateaux cuirassés sont laissés à
l'élevage. Cette pression agricole a causé la fermeture d'un
couloir de passage très important celui de Bassara - Tépé
- Makalondi - Mossipaga - Kantchari, obligeant les animaux a emprunter la route
goudronnée pour atteindre le Burkina Faso.
Le sud constitue le domaine des terres vierges. Il faut noter
à ce niveau que la population gourmantché est en train de la
mettre en cultures avec un rythme non moins important.
La zone du fleuve est la plus confrontée au
problème foncier. Du côté de Kollo, la vallée du
fleuve est envahie par la culture du riz et la culture
maraîchère.
La Réserve Partielle de Faune de Dosso couvrant cette
zone (allant de Kirtachi au Nord à Gaya au sud), son existence et sa
réglementation dont l'interdiction de défricher semblent
totalement ignorées par les agriculteurs. En effet, la plupart de ses
terres susceptibles de produire sont mises en cultures. Les quelques aires de
pâturages existantes se rétrécissent du jour au lendemain.
Ce phénomène se traduit par l'existence des champs
pièges(champs rendant inaccessibles les ressources pastorales) sur les
parcours des éleveurs.
C'est le cas de l'axe de retour de la transhumance qui est
fermé par des champs au niveau du village riverain Tchanga Kwara.
Un autre cas plus préoccupant c'est celui qui a
entraîné l'isolement d'une mare importante d'abreuvement Fetto
Gaba-Gaba à Sambéra qui a fait l'objet de tant de conflits
souvent meurtriers.
Le mode d'accès à la terre, dans toute la zone
est fondé sur le défrichement, l'héritage , la donation,
le prêt, l'achat et la location.
- le défrichement est le mode d'accès originel
à la terre. C'est le mode d'accès le plus actif dans notre zone
d'étude du fait de son potentiel en terres vierges. L'arrivée des
immigrés agriculteurs a en effet entraîné un important
défrichement de terre surtout dans l'arrondissement de Say. Le
défrichement continue a être pratiqué actuellement comme en
illustre le défrichement des nouvelles terres dans la Réserve
Totale de Faune de Tamou.
- la succession est la règle successorale
d'accès à la terre. Il découle des droits que
confère l'occupation initiale. A la mort du chef de famille, ses enfants
héritent de son patrimoine foncier. Ce mode d'accès est
fréquent dans toute la zone.
- La donation est une pratique rare mais qui existe dans toute
la zone. Elle s'effectue généralement au profit d'un parent qui
peut alors la transmettre par héritage à ses descendants. La
déclaration de donation se fait toujours devant des témoins.
- le prêt est une opération qui s'effectue devant
des témoins et entre des gens de confiance (parents, amis ou
épouse) où sont associés les chefs coutumiers et les
Alkali (juges musulmans). De nos jours le prêt est en net recul à
cause de l'insuffisance de terres de cultures.
- l'achat de terre est une pratique très courante dans
notre zone d'étude. Il confère le droit exclusif de
propriété tant sur le fond de la terre que sur les arbres qu'il
porte.
C'est surtout les grands commerçants, les
fonctionnaires et les hommes politiques habitant à Niamey qui sont les
acquéreurs. Ils achètent en effet, des grandes étendues
qu'ils font travailler par des personnes résidant aux villages.
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