III.1.1.4. Piste d'amélioration
A travers notre connaissance de la zone nous allons essayer de
faire des recommandations qui peuvent à notre avis, contribuer à
une décentralisation « réussie ».
Les réalisations à faire doivent prendre en
compte les besoins réels des communautés pour qu'elles puissent
en retour jouer pleinement leurs rôles dans ce nouveau système.
Ces besoins sont en rapport avec les différentes contraintes
liées à leur activité principale qu'est l'élevage.
Dans l'ensemble, la zone souffre d'une inégale répartition des
points d'eau d'abreuvement (puits cimentés et forages). Les forages sont
concentrés au sud ouest de la commune au détriment du nord qui
concentre le plus grand nombre d'animaux et où l'on trouve le plus grand
nombre de puits traditionnels. Pendant la saison sèche et chaude
l'abreuvement devient pénible pour les communautés vivant dans
cette partie de la commune. Pour atténuer le problème, la
création de trois forages à Boulakaw, Dougoulé et Kenkedi
serait importante et équipés les campements stratégiques
des puits cimentés. La construction de ces différents points
d'eau devra être incontestablement accompagnée
financièrement par la population bénéficiaire afin de
s'assurer d'une bonne gestion de ces points d'eau. Les animaux de la zone
souffrent des maladies, telles la fièvre aphteuse, le charbon
symptomatique, les vers intestinaux, la pasteurellose, la gale, etc. qui
peuvent parfois entraîner la mort d'animaux. Les autorités
communales doivent ainsi penser à trouver une solution à ce
problème de santé animale, par notamment l'établissement
de centres vétérinaires stratégiquement localisés
afin d'assurer à la population demandeuse un accès aux soins et
produits. La mise en place de ces centres peut être accompagnée de
formation afin de vulgariser dans un grand nombre de campements les techniques
de soin rapides et la reconnaissance précoce de maladies.
La mobilité pastorale est imposée par le
caractère variable et aléatoire des conditions naturelles face
auquel le pasteur doit s'adapter en permanence. Elle est la condition
de survie et de développement de l'élevage extensif au Sahel
et en particulier dans la
commune de Tesker. Toutes les formes d'organisation politiques
et administratives, anciennes ou modernes, préétatiques ou
étatiques ont été bon gré malgré d'en tenir
compte. La décentralisation à son tour ne peut pas
échapper à cette constante. Bien plus, se définissant elle
même comme une administration de proximité, la logique voudrait
qu'elle soit encore plus attentive et ouvertes que les
précédentes de façon à ce que les
déplacements et les transhumances se déroulent dans les
meilleures conditions. Et comme beaucoup de mouvements des pasteurs de Tesker
sont transcommunaux surtout en année de déficit fourrager, c'est
dans un cadre largement intercommunal que ces problèmes devront
être posés et solutionnés. La commune de Tesker doit
adapter son dispositif à la mobilité pastorale. Il serait
préjudiciable de tenter de taxer les transhumants, le pacage des
troupeaux étrangers, les caravaniers au risque du mécontentement
de la population.
Un des autres problèmes fréquents dans la zone
reste le vol de bétail qui débouche le plus souvent sur des
conflits meurtriers qui mettent en mal la cohésion sociale. Il semble
alors pertinent de placer ce point dans les priorités à
gérer, la cohésion sociale étant l'une des bases
indispensables à une bonne décentralisation. Ce problème
majeur peut être jugulé par la création d'une force
communale composée de membres appartenant à toutes les
communautés présentes dans la commune. La maîtrise du
terrain, la connaissance des règlements particuliers à chaque
communauté et la confiance des différents membres par leur
communauté respective peut ainsi permettre une efficacité
d'action.
Certaines zones, comme nous l'avons soulignée
précédemment, sont localisés très loin des zones
d'échanges commerciaux. L'ensemble de la zone doit être
équipée des marchés de proximité, par exemple, il
parait stratégique de créer un marché à Sidinga,
à Boulakaw, Dougoulé qui sont localisés à
égale distance de zones très isolées. Ces marchés
(hebdomadaires) doivent jouer le double rôle, de lieu de vente de
bétail (très enrichissant pour la commune : taxe sur
bétail vendu) et de lieu de vente de produit de base.
Dans le but, d'une meilleure diffusion des difficultés
rencontrées par les éleveurs, ainsi que la diffusion de
nouvelle technique d'élevage ou autres points essentiels pour le bon
développement de cette activité dans la zone, il parait
intéressant d'encourager
les éleveurs à intégrer des associations
d'éleveurs (AREN, FNEN DADDO,...) déjà
présentes.
Le développement d'une filière lait par la
création de coopératives peut être une solution au
développement économique de la zone. L'excèdent de lait ne
fait pas l'objet de vente dans l'ensemble de la zone.
Afin de s'assurer d'une meilleure conservation de
l'écosystème fragile de la zone, la commune doit inciter la
population à pratiquer la reforestation. Le développement de
cultures potagères peut permettre d'introduire parallèlement
cette activité. Le triple avantage de ce système, est de
permettre à la population d'avoir une alimentation plus variée,
de bénéficier d'un revenu complémentaire (vente fruits et
légumes) et de s'assurer un apport en bois suffisant.
Toutes ces recommandations permettront à la nouvelle
commune d'une part de mobiliser stratégiquement et équitablement
des ressources financières indispensables à son fonctionnement et
d'autre part de réduire les contraintes de la population.
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