III.1.1.2. Rôle du chef de poste
Le chef de poste est le représentant de l'Etat. Son
principal rôle est de garantir la quiétude au sein de la commune.
Il veille à l'ordre public. En effet, le chef de poste intervient dans
la gestion des conflits. Ces confits traitent le plus souvent de
problèmes d'héritage, des divorces (ce sont les femmes qui
demandent généralement le divorce), les bagarres, les
adultères, les meurtres et les vols (très fréquents).
Quand un conflit éclate, s'il n'est pas réglé au niveau
familial ou des campements, le chef de poste, réunit les familles
concernées en passant par leurs chefs de tribus, leurs chefs de
groupement respectifs et l'Iman pour le régler. Au bout de ce
règlement, un procès verbal de conciliation tenant compte de
règlement coutumier, est établi. Dans le cas où il n'y a
pas eu d'entente, ce qui est peu fréquent, l'affaire est portée
devant l'autorité judiciaire via la gendarmerie.
Les forces publiques demeurent sous la responsabilité
du chef de poste. Il a aussi à sa charge l'encadrement du maire sur le
fonctionnement de la décentralisation. Le chef de poste doit veiller
à ce que les actions rentrent dans la logique de l'Etat de
droit8.
III.1.1.3. Financement de la commune
La commune de Tesker est composée d'une population
typiquement pastorale et majoritairement analphabète. Leur conception et
« vision » de l'Etat se résument à l'impôt et la
force militaire. En effet, l'Etat semble peu présent dans l'ensemble de
la zone. Cette absence se remarque à travers le seul et unique centre de
soin basé à Tesker situé à plusieurs heures, voire
à plusieurs jours de dromadaire des différentes
localités.
8 Tel qu'il est écrit dans les textes de lois
du Niger
Dans les zones septentrionales, il n'a été
créé qu'une seule école datant des années 1980
à Bornaye et récemment en 2002, deux nouvelles créations
à Sidinga et Kassatchia. La zone parait « oubliée ».
L'effectif de la population n'est jusqu'à présent pas connu
puisque la zone n'a jamais fait l'objet d'un recensement. Cette population ne
semble pas comprendre (voir averti) la décentralisation. Lors de nos
entretiens en juin 2005, les pasteurs assimilent la décentralisation
à la taxe annuelle imposée par la mairie pour chaque puits. Cette
taxe est appelée « argent du maire ». Certains pasteurs
menacent de ne pas la payer car ils ne comprennent pas son fondement et son
utilité. Cette méconnaissance du processus de la
décentralisation suscite déjà un probable conflit entre le
maire et les communautés.
Les élus locaux doivent entreprendre une vaste campagne de
sensibilisation pour expliquer à la population le fonctionnement de la
décentralisation.
Les réalisations communales nécessitent des
moyens financiers. Lors de notre entretien avec le nouveau maire, il nous a
évoqué quelques projets qu'il entend réaliser durant son
mandat afin de « remplir » les caisses actuellement peu fournies.
Ainsi sur les points d'eau, une taxe annuelle est établie par typologie
des puits. C'est ainsi que tous les puits traditionnels au nombre de 200 sont
taxés à 35.000Fcfa/an/puits, les 100 puits cimentés
50.000Fcfa et les 5 forages (Tesker, Aborak, Tidjira, Téheram et
Zabétan) 500.000Fcfa. La taxe communale a été revue
à la baisse passant de 800F cfa par personne imposable à 700F
cfa. Cette réduction est du au fait qu'à Tesker la taxe du fonds
régional de l'eau de 100F n'est pas perçue.
En 2004, il y a 9871 personnes imposables dans la commune de
Tesker. Cet effectif ne reflète pas la réalité, puisque la
liste est entachée de beaucoup d'irrégularité.
Pour faciliter l'échange, il sera créé un
marché à Aborak, le premier marché de la commune.
Dans le cadre du Fonds PPTE (pays pauvres très
endettés) à travers le programme spécial du
Président, la commune va bénéficier de dix puits
cimentés qui seront repartis dans l'ensemble de la zone. En 2004, l'Etat
nigérien a signé un accord de 10 ans de chasse pour les biches et
outardes avec les Emirats Arabe et la Libye, concernant la zone de Tesker. Le
maire essaye de créer un partenariat pour que la population profite de
cet accord. Il entreprend de plus, un projet de jumelage de sa commune avec des
communes au Niger et en Europe. L'intercommunalité avec les communes
voisines pourrait jouer un rôle d'information et de régulation
concertée et
négociée concernant les grands mouvements de
transhumance, notamment les mauvaises années. Elle pourrait
également exercer un rôle de partage équitable des
ressources fiscales autour des grands marchés à bétail
(marché de la commune de Kazoé).
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