Conclusion :
Un campement selon sa position géographique peut
connaître un accroissement de son effectif suite à la venue
d'autres pasteurs pour des raisons de pâturage. C'est surtout pendant la
saison des pluies que ce phénomène s'observe. La présence
d'un puits à bon débit peut également expliquer ce
phénomène pendant la saison sèche et chaude. La
mobilité des ménages autour du puits répond d'une part
à une stratégie des pâturages et de gestion d'espace et
d'autre part pour éviter toute forme de conflit social entre les
ménages.
.
III. Troisième partie : Réflexions autour
de la
décentralisation et la gestion des
ressources
« L'objectif n'est pas de construire des murs, mais de
tenter de construire des ponts » - Jacques Chabert, entretien, juin
2005
III.1. Eléments de la décentralisation et
appréciations
La relance du processus de reforme dont celle de la
décentralisation au Niger date de la conférence nationale (29
juillet -03 novembre 1991). Mais c'est véritablement sous la
troisième République (1993-1996) que ce processus de la
décentralisation va s'exprimer. C'est ainsi que seront crées un
Ministère chargé de la réforme administrative (1993), une
commission spéciale chargée de réfléchir du
découpage administratif (Arrêté n°10/ MRA/D du 16 mai
19947) et un haut commissariat à la réforme
administrative et à la décentralisation (Décret
n°95-132 du 15 août 1995). Les accords de paix avec les fronts de la
rébellion (1995) et la pression des bailleurs de fonds ont
été des facteurs importants et accélérateurs dans
ce processus.
Le premier schéma de 1998(loi 98-29, 98-30, 98-31 du 14
septembre 1998) a crée 73 communes (42 urbaines dont 21
déjà existantes et 31 rurales), 36 départements (anciens
arrondissements) et 7 régions (anciens départements). Les anciens
chefs lieux d'arrondissements sont érigés en communes urbaines et
les postes administratifs en communes rurales.
Après une transition militaire de neuf mois (1999) qui
a consacré l'avènement de la 5ème république
(2000), le schéma de 1998 est retenu et en plus il a été
adopté le principe de la communalisation des cantons et de certains
groupements. Deux importantes lois ont été votées pour
encadrer la mise en oeuvre de la décentralisation et le transfert des
compétences aux nouvelles collectivités. Il s'agit des lois
2002/012 du 11juin 2002 et 2002/013 du 11 juin2002.
Les Etats, les organisations et les individus transforment les
espaces et « produisent » des territoires. Historiquement, l'Etat
est sans cesse en train d'organiser le territoire national, à travers
de nouveaux découpages, de nouvelles liaisons et de nouvelles
7 Celle-ci en 19986 avait proposé 14
régions, 55 départements, 155 arrondissements, 774 communes dont
156 urbaines et 618 rurales.
frontières. La décentralisation au Niger est
ainsi un processus définissant de nouveaux espaces. La
délimitation territoriale informe d'une part sur le pouvoir qui l'a mise
en place et d'autre part sur les intentions de ce même pouvoir. La
création des limites administratives notamment dans le cadre de la
décentralisation crée ou détruit souvent des cadres de vie
sans qu'une intention consciente ait présidé à ces
créations. « La frontière conditionne les systèmes de
relations et par conséquent les territorialités humaines »
(Raffestin, 1992 : 163). L'Etat garde le privilège de déterminer
la taille et les limites territoriales des nouvelles collectivités
locales décentralisées, ce qui s'avère
particulièrement difficile dans des contextes pastoraux où
l'occupation de l'espace par les communautés est fluctuante et où
les aires de parcours se chevauchent. On peut ainsi s'interroger sur
l'orientation que va prendre la décentralisation au Niger face aux
communautés pastorales. Nos réflexions portent plus
particulièrement sur la nouvelle commune rurale de Tesker.
III.1.1. La nouvelle commune de Tesker
Le Niger s'est engagé depuis plus d'une décennie
dans un processus de décentralisation politique et économique et
de régionalisation. Cette politique mise en oeuvre par l'Etat vise
à donner aux collectivités territoriales de base, une certaine
autonomie leur permettant de définir les normes de leurs actions et de
choisir les modalités de leurs interventions. Ces collectivités
comprennent les régions, les départements, les communes urbaines
et rurales. Chaque échelon est une collectivité à part
entière disposant d'une instance de décision élue
chargée de la gestion des affaires locales. Au niveau de la commune
rurale, l'instance de décision est le conseil communal (ou conseil
municipal). Ce dernier est composé par les conseillés élus
compris dans la sphère du territoire communal appartenant aux
différents partis politiques. Tesker compte onze conseillers issus des
élections locales de 2004.
III.1.1.1. Le rôle du maire et des
conseillers
Dans la commune de Tesker, la gestion de cet espace implique
des niveaux différents, à savoir d'une part les territoires des
différentes communautés et, d'autre part, leur ensemble qui
compose désormais un espace commun. La mission du conseil communal (le
maire et dix conseillers) revient alors à harmoniser le
développement au niveau de la commune en articulant d'une manière
cohérente les pratiques et logique d'action de l'ensemble des
communautés pour asseoir une gestion commune de
l'espace pour un développement économique et
social acceptable. Le maire jouit d'une double légitimité, il est
reconnu par l'Etat et en même tant le représentant de la
population. Il est responsable du développement de son entité
administrative. Il doit être impartial dans le choix des actions à
mener dans les différentes zones de sa commune. Le maire se
présente comme un nouvel acteur sur la scène communale, pour une
meilleure efficacité d'action il doit être en collaboration avec
les structures traditionnelles préexistantes (chef des groupements, chef
des tribus, les conseils des sages, les leaders d'opinion...) mieux, il part
à leur rencontre en initiant des visites auprès des campements
pour recueillir leurs avis.
|