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Pastoralisme et organisation de l'espace au Niger oriental: cas de la communauté Toubou Téda de la commune de Tesker

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par Kabirou SOULEY
Université Abdou Moumouni de Niamey - Diplôme d'études approfondies en géographie 2005
  

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Conclusion :

Les rapports sociaux (les alliances) sont très importants dans la conduite de l'activité pastorale. Le choix du lieu de pâturage se fait non seulement en fonction de la disponibilité des ressources fourragères mais aussi des alliances qui existent entre les transhumants et la population d'accueil. La transhumance des Teda pendant la saison des pluies est orientée vers les puits Peuls et Azza avec lesquels il entretiennent de bon rapport de réciprocité. Ces derniers à leur tour vont vers les puits Teda pour le

pâturage de la saison sèche et froide. Les alliances commandent en grande partie la mobilité pastorale dans notre zone d'étude. Parcontre le conflit constitue un frein à la mobilité des hommes et des animaux entre deux espaces de deux communautés en conflit.

II.4.2. Les conflits

Il existe une diversité de conflits dans notre zone d'étude. Chaque communauté possède son propre espace dont le puits constitue la marque territoriale et tous ces espaces sont imbriqués les uns dans les autres. L'accès aux ressources fourragères est libre d'une communauté à une autre, mais l'utilisation d'un point d'eau nécessite toujours l'accord de la communauté propriétaire. Cet accord n'est généralement pas refusé. L'espace pastoral est ainsi ouvert. Pourtant, le conflit constitue une barrière entre deux espaces de deux communautés en désaccord. C'est sous cet angle que le conflit sera traité. Nous avons distingué trois types de conflit selon leurs causes.

.T.4 .2 .1 . Typologie des conflits

Nous avons distingué trois types de conflit selon leurs causes.

ü les conflits sociaux

Ce type de conflit est très fréquent dans la communauté Toubou Teda. Il intervient suite à une incompréhension à partir le plus souvent d'une histoire banale suite à des causeries. L'incompréhension commence entre deux personnes et progressivement, peut concerner deux ou plusieurs familles au sein de la communauté. Si cette situation n'est pas résolue à temps, elle peut dégénérer jusqu'à des blessures à l'arme blanche et parfois même jusqu'à mort d'homme. La conséquence de ce conflit peut être à la base du départ d'une famille d'un campement et/ou d'une vengeance future. La rapidité d'évolution de ce type de conflit, explique en partie la dispersion des habitats dans les campements Teda.

ü Le conflit autour des points d'eau (puits de saison sèche)

Pendant la saison sèche la pression sur les puits est grande. Les hommes et les animaux sont constamment autour du puits pour l'abreuvement. Le puits et ses équipements (poulies, abreuvoirs) sont le plus souvent en inadéquation avec le nombre de têtes de bétail à abreuver. Chaque berger a tendance à vouloir servir ses

bêtes en premier. Cette situation entraîne souvent le « désordre » et l'énervement des bergers, propice à tout début de conflit. Les disputes peuvent être particulièrement violentes. Dans certains campements (comme à Sidinga), pour faire face à ces débordements plus que fréquents, le chef du campement et le comité des sages ont menacé d'interdire l'accès au puits à tous fauteurs des troubles. En effet un tel conflit représente une menace pour la cohésion sociale indispensable au bon fonctionnement du campement.

v' Le conflit lié au vol de bétail

Ce type de conflit est le plus fréquent dans notre zone d'étude. Il concerne d'un part les vols inter- communautaires et d'autre part les vols extra- communautaires.

Le vol de bétail au sein de la communauté Teda est essentiellement l'oeuvre des jeunes âgés de 17 à 30 ans. Cependant ces vols restent les moins fréquents puisqu'ils sont punis par une loi traditionnelle sévère (Cf. Règlement).

Les Teda, les Dazza et les Touareg se volent mutuellement entre eux. Les communautés Dazza et Touareg sont indexés par les Teda comme étant les principaux voleurs de leur bétail. Le vol d'un dromadaire s'accompagne toujours d'une poursuite pour récupérer l'animal. Cela entraîne souvent un rude combat qui peut se solder par mort d'hommes. La mort d'un homme suite à un vol est toujours suivit d'un « cri de vengeance » de la famille ayant perdu un membre. De vengeance en vengeance le conflit peut prendre la forme d'un conflit inter communautaire.

D'après nos enquêtes, dans les années 1974, les vols continuels des dromadaires Teda menés par les Dazza, entraînèrent mécontentement et agacement. Cette situation, amena le chef des tribus Teda, Ordi, à se rendre chez le chef des tribus Dazza pour trouver un terrain d'entente. Constatant la passivité du chef Dazza, les Teda entreprirent de régler cette histoire par eux-mêmes. Ils dénoncèrent certains voleurs Dazza à l'Etat et dans certains cas les poursuivirent, les battirent et récupérer les animaux volés. Les Dazza ont ainsi vu leur espace se limiter là où commence le « monde» Teda. Actuellement les Dazza limitent leur déplacement aux zones sud de Tesker et ne peuvent plus se rendre au nord pour la transhumance de saison froide.

Ce type de conflit le plus récent est celui qui a opposé les Teda aux Touareg Bouzou
du clan Malouma en 1981. Tout a commencé avec le meurtre de Trois Teda venus du

marché de Kazoé par des Bouzous. Les Teda répliquèrent en 1983, en tuant à leur tour, trois Bouzous au lieu de pâturage de saison froide. En 1984, l'Etat, dans l'optique de résoudre ce conflit est intervenu auprès des deux communautés, pour favoriser un accord de paix. De 1984 à 1999 le calme semble ainsi revenu. Cependant, en 2000, un Teda parti à la recherche de ses chameaux perdus, fut tué et brûlé par des Bouzous. En 2001, les Teda choqués, vengèrent la mort de ce dernier en tuant à leur tour, un Bouzou. En 2003, Deux Teda constatant ce conflit renaissant, allèrent rechercher leurs animaux en confiage auprès de la communauté Bouzou. Au retour, ils furent tués par les Malouma, qui emportèrent les 70 dromadaires. Le conflit s'est ainsi généralisé et les autorités communales (Tesker) et régionales (Zinder), sont intervenues pour réconcilier les deux communautés, mais encore une fois sans succès. En effet, les parents des victimes jurèrent vengeance. L'un des pères de la victime mena une attaque qui se solda par la mort de sept Malouma. Pour freiner le désire de vengeance du père de la seconde victime, l'Etat intervient en créant un forum en 2004 qui se suit actuellement par une mission au Tchad pour faire revenir le père de la victime afin de signer un accord définitif de paix le 15 août 2005.

Cette situation de méfiance entre les Teda et les Touareg a eu pour conséquence de limiter les deux espaces, les Teda disent ainsi : « si un dromadaire Teda va à l'ouest (emplacement des Touareg par apport à leur localisation), alors il est perdu à jamais ». Selon les Teda leur espace se limite à l'ouest, là où commence celui des Touareg Malouma et au sud là où commence l'espace Dazza (méfiance à cause des vols). Par contre dans les autres directions l'espace Teda reste ouvert de part l'alliance qui les unis avec les communautés Arabes, Azza et Peul.

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