17.4.2.2. Reglement des conflits
Les conflits entre deux communautés se règlent
majoritairement, entre les comités de sage des deux communautés,
en la présence des chefs de groupement (niveau coutumier). Ce
comité est composé généralement des chefs de
tribus, des sages, des imams5 . Dans le cas où le conflit ne
peut être réglé à ce niveau, il est porté au
niveau de l'autorité administrative locale (le chef de poste et la
gendarmerie). L'adultère, le vol et le crime sont les causes de conflits
les plus traitées à ce niveau. En cas d'accord
5 Chefs religieux musulmans
le chef de poste dresse un procès verbal de
réconciliation où toutes les parties prenantes apposent leurs
signatures. Ce procès verbal s'inspire des lois traditionnelles des
règlements respectifs de chaque communauté.
La gendarmerie veille à l'application effective de cet
accord. Si un consensus n'est pas trouvé l'affaire est portée
devant la justice.
Le conflit intra communautaire (au sein des Toubou Teda) se
règle suivant la gravité de la faute selon un règlement
traditionnel qui régit tous les Teda. Ce règlement date du
premier sultan Teda (Tomogra). Ce dernier constatant le désordre qui
régnait suite à des bagarres avec mort d'hommes, rassembla tous
les sages ou « Yari » des différents clans Teda pour
créer ces lois. L'objectif de ce règlement est de garantir une
paix durable condition sine qua non pour préserver la cohésion
sociale de cette communauté. Actuellement, ces lois sont passées
en revue dès que le besoin se fait sentir par un comité sous la
direction du sultan résidant à Zouar (Tchad). Ce règlement
se compose ainsi:
- Les insultes ou « Kaouli » : si une personne est
traitée de « forgeron ou de
bâtard » (« Fachique ») celle-ci
reçoit un dromadaire d'un an. Si quelqu'un commet un adultère, il
doit donner une chamelle de quatre ou cinq ans. En cas de diffamation, il est
versé la somme de cinq mille francs.
- Les femmes : Si un Teda commet un rapt d'une fille
déjà fiancée ou « Nourou
adibé agno » il est tenu de donner cinq
dromadaires respectivement de un, deux, trois, quatre, cinq ans au
fiancé. En cas de viol d'une jeune fille, il est donné aux
parents une chamelle de quatre ans. Si elle tombe enceinte, il y a en plus
obligation de mariage mais l'enfant appartient au parent de la fille. En cas de
refus du violeur de prendre la fille en mariage celui-ci donne une chamelle de
quatre ans. Dans le cas où la femme demande le divorce, le mari garde sa
dote en dromadaires. Dans le cas contraire, la femme quitte avec sa dote. Si le
doigt majeur de la main gauche d'une femme est imputé, la
première articulation correspond à un dromadaire de cinq ans et
la deuxième un autre de quatre ans. Si c'est la main droite cela
équivaut au même traitement que chez les hommes.
La main gauche de la femme est très importante chez les
Teda. C'est avec cette main qu'elle fait ses toilettes intimes pour mieux
plaire à son mari.
- Loi sur les dromadaires : Si un Teda emprunte un dromadaire de
monture ou
voyage sans la permission du propriétaire quelque soit
la distance, il doit donner un dromadaire de deux ans ou une somme de trente
cinq mille francs. Cela s'appelle en tédaga « Koussour Goni ».
En cas de vol de dromadaire (« Koumouraï ») dans un troupeau et
vendu, il est remboursé contre deux dromadaires du même âge
que celuici. S'il est volé sanglé un dromadaire de deux est
donné en plus des deux autres. Pour la marque du propriétaire,
chaque trait correspond à une chèvre (ayant perdu deux dents)
d'un an. Cela constitue le prix à payer pour le respect de la marque.
Exemple le clan Teda Oboudoya la marque correspond à : l l l V) , il y a
six traits donc six chèvres. Le clan reçoit un nombre
proportionnel de chèvre au nombre de traits qui composent sa marque.
- Le prix du sang ou « Diya » : Une blessure sanglante
ou « Gagaraou »
correspond à un dromadaire de deux ans et un
délai de d'un an d'observation jusqu'à guérison
complète. Si la personne est devenue par la suite handicapée,
elle reçoit un nombre de dromadaires qui varie de quinze, vingt cinq ou
cinquante. Un assassinat d'un Teda par un Teda correspond selon le sexe
à : pour un homme un total de 100 dromadaires est donné à
la famille du défunt dont 50 dromadaires tous sexes confondus et
l'équivalent de 50 autres dromadaires en espèces ou en nature ;
pour l'assassinat d'une femme, il est donné 50 dromadaires dont 25 de
sexes confondus et un équivalent de 25 dromadaires en espèces ou
en nature. Dans les deux cas un dromadaire de cinq ans est donné
à celui qui frappe le tam-tam pour annoncer que la personne s'est
acquittée de la Diya. Le meurtrier est contraint de s'exiler hors du
territoire et ne revient quand sa famille s'est acquittée de la Diya.
Sinon toute participation à toutes les cérémonies au sein
de la communauté augmente le nombre de dromadaires à donner.
L'acceptation de la Diya par la famille du défunt nécessite des
va et vient auprès de tous les parentés influentes de la victime
avec somme symbolique de 100.000 Fcfa à chacun pour les amener à
accepter cette résolution.
Pour les autres membres :
Tableau N°5 : Règlement coutumier
Membres
|
Nombre de dromadaires
|
Une oreille
|
50
|
Le nez
|
50
|
La langue
|
50
|
Les lèvres
|
50
|
Un oeil
|
50
|
Une main ou un bras
|
50
|
Une jambe ou un pied
|
50
|
Le pénis
|
100
|
Un testicule
|
50
|
Un doigt ou un orteil
|
1 /articulation
|
Pour les dents ou « Toummo »: Une incisive perdue
correspond à deux dromadaires de cinq ans, une canine deux dromadaires
d'un an et pour les autres dents chacune équivaut à un dromadaire
d'un an.
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