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Pastoralisme et organisation de l'espace au Niger oriental: cas de la communauté Toubou Téda de la commune de Tesker

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par Kabirou SOULEY
Université Abdou Moumouni de Niamey - Diplôme d'études approfondies en géographie 2005
  

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II.2. Les Toubou Teda au Niger oriental

II.2.1. L'histoire de peuplement Teda au Niger oriental

Selon l'entretien que nous a accordé le chef de tribu de Sidinga, avant la colonisation, le Niger oriental notamment l'actuel commune de Tesker et la partie nord de la commune de N'gourti, était occupé par les Dagra (Kanouri) venus du nord-est. Les Dagra s'étaient fixés plus précisément au Kawar dans l'importante ville de Birini Guissilim et ses alentours. Au Kawar existait un gros marché, Rekassongo, lieu d'échange important entre ces Kanouri et la communauté Touarègue. Cet espace était, en effet, partagé avec les Touaregs qui occupaient à cette époque, principalement la partie comprise entre la frontière nigero-malienne (Menaka) jusqu'au Djado (espace faisant frontière avec le Tchad et la Libye).

Sur le plan administratif, cet espace correspond actuellement au nord des régions de Tillaberi, Tahoua et la région d'Agadez.

Plus au Sud dans la zone de Tesker (puits de Tas), vivaient déjà les communautés Toubou Dazza et Azza venues du sud du Tchad en passant par le Manga.

Les peuls, quant à eux, étaient venus de l'ouest ( région de Sokoto au Nigeria) à la recherche de pâturage Ils occupaient un espace compris entre le Termit sud et le nord de Tesker (actuel espace des Toubou Teda). Au Niger oriental les Dazza étaient les maîtres des lieux. Ils vivaient du petit élevage alors que les Azza se contentaient de la chasse.

Vers les années 1850, les Toubou Teda étaient présents aux alentours du massif du Termit Nord. Les Teda sont ainsi progressivement descendus du Tibesti en passant par le Djado. Dans leur migration au courant du XVéme siècle, la découverte des palmerais du Kawar qui étaient alors peuplées uniquement de Kanouri Dagra , y attirèrent un certain nombre de Toubou Teda d'origines diverses. Les uns épousèrent des femmes Kanouri dont ils adoptèrent les moeurs. Ces Toubou métissés prenaient alors le nom de Guézébida. D'autres Toubou venus plus tardivement, conservaient leur « pureté ethnique » et gardaient des liens avec leurs clans. Actuellement de nombreux Teda sont propriétaires de dattiers au Kawar, à Bilma, à Fachi et dans le massif du Djado.

Avec les sécheresses des années 1970 (Gouando en Tedaga) et 1980 (Bredji en Tedaga), les peuls vivant de l'élevage bovin, ont du quitter leur zone (actuel espace Toubou Teda) pour les zones sud, plus propices au pâturage. Les Teda éleveurs de bovins et élevant quelques chameaux à cette époque, migrèrent au sud. Ils occupèrent ainsi les espaces abandonnés (pâturage et puits) par les peuls. Certains Teda descendus plus au sud (Sidinga, Gnélé, Forami...), dans la zone de Tesker, cohabitèrent en toute quiétude avec la communauté peule.

Les sècheresses de 1970 et de 1980, ont entériné le départ définitif des peuls de la zone nord de Tesker vers le sud de la ville de Tesker (Karagou, Indouna). Selon les peuls enquêtés, cette sécheresse a eu des conséquences dramatiques sur le cheptel bovin. Certains éleveurs ont même dû se réfugier au Nigeria.

Selon nos enquêtes auprès des Arabes, les Ouled Sliman, groupement arabe de
Tripolitaine se sont réfugiés en 1848 au Nord du lac Tchad après avoir été chassés de

leur pays par les Turcs. Il convient de citer les Arabes Hassaouma clients des Ouled Silman, plus connus sous le nom de Choa appellation péjorative que leur donnent les Kanouri. Paisibles pasteurs, activité, où ils excellaient, ils n'ont jamais participé aux actions des Sliman.

Une seconde vague de migration des Silman a eu lieu suite au coup d'état libyen amenant Kadafi au pouvoir dans les années 1970, les Ouled Sliman, appartenant au même clan que le président déchu, prirent la route du Niger oriental pour y trouver refuge. Certains continuèrent même vers la région de Maradi et au Tchad.

Les Arabes, « Chinéguétta » (les Maures), venus en petit nombre de Mauritanie dans les années 1975 à la recherche du pâturage, se sont installés dans la zone sans réelle opposition des communautés locales.

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