II.2. Les Toubou Teda au Niger oriental
II.2.1. L'histoire de peuplement Teda au Niger oriental
Selon l'entretien que nous a accordé le chef de tribu
de Sidinga, avant la colonisation, le Niger oriental notamment
l'actuel commune de Tesker et la partie nord de la commune de N'gourti,
était occupé par les Dagra (Kanouri) venus du nord-est. Les Dagra
s'étaient fixés plus précisément au Kawar dans
l'importante ville de Birini Guissilim et ses alentours. Au Kawar existait un
gros marché, Rekassongo, lieu d'échange important entre ces
Kanouri et la communauté Touarègue. Cet espace était, en
effet, partagé avec les Touaregs qui occupaient à cette
époque, principalement la partie comprise entre la frontière
nigero-malienne (Menaka) jusqu'au Djado (espace faisant frontière avec
le Tchad et la Libye).
Sur le plan administratif, cet espace correspond actuellement au
nord des régions de Tillaberi, Tahoua et la région d'Agadez.
Plus au Sud dans la zone de Tesker (puits de Tas), vivaient
déjà les communautés Toubou Dazza et Azza venues du sud du
Tchad en passant par le Manga.
Les peuls, quant à eux, étaient venus de l'ouest
( région de Sokoto au Nigeria) à la recherche de pâturage
Ils occupaient un espace compris entre le Termit sud et le nord de Tesker
(actuel espace des Toubou Teda). Au Niger oriental les Dazza étaient les
maîtres des lieux. Ils vivaient du petit élevage alors que les
Azza se contentaient de la chasse.
Vers les années 1850, les Toubou Teda étaient
présents aux alentours du massif du Termit Nord. Les Teda sont ainsi
progressivement descendus du Tibesti en passant par le Djado. Dans leur
migration au courant du XVéme siècle, la découverte des
palmerais du Kawar qui étaient alors peuplées uniquement de
Kanouri Dagra , y attirèrent un certain nombre de Toubou Teda d'origines
diverses. Les uns épousèrent des femmes Kanouri dont ils
adoptèrent les moeurs. Ces Toubou métissés prenaient alors
le nom de Guézébida. D'autres Toubou venus plus tardivement,
conservaient leur « pureté ethnique » et gardaient des liens
avec leurs clans. Actuellement de nombreux Teda sont propriétaires de
dattiers au Kawar, à Bilma, à Fachi et dans le massif du
Djado.
Avec les sécheresses des années 1970 (Gouando en
Tedaga) et 1980 (Bredji en Tedaga), les peuls vivant de l'élevage bovin,
ont du quitter leur zone (actuel espace Toubou Teda) pour les zones sud, plus
propices au pâturage. Les Teda éleveurs de bovins et
élevant quelques chameaux à cette époque, migrèrent
au sud. Ils occupèrent ainsi les espaces abandonnés
(pâturage et puits) par les peuls. Certains Teda descendus plus au sud
(Sidinga, Gnélé, Forami...), dans la zone de Tesker,
cohabitèrent en toute quiétude avec la communauté
peule.
Les sècheresses de 1970 et de 1980, ont
entériné le départ définitif des peuls de la zone
nord de Tesker vers le sud de la ville de Tesker (Karagou, Indouna). Selon les
peuls enquêtés, cette sécheresse a eu des
conséquences dramatiques sur le cheptel bovin. Certains éleveurs
ont même dû se réfugier au Nigeria.
Selon nos enquêtes auprès des Arabes, les Ouled
Sliman, groupement arabe de Tripolitaine se sont réfugiés en
1848 au Nord du lac Tchad après avoir été chassés
de
leur pays par les Turcs. Il convient de citer les Arabes
Hassaouma clients des Ouled Silman, plus connus sous le nom de Choa appellation
péjorative que leur donnent les Kanouri. Paisibles pasteurs,
activité, où ils excellaient, ils n'ont jamais participé
aux actions des Sliman.
Une seconde vague de migration des Silman a eu lieu suite au
coup d'état libyen amenant Kadafi au pouvoir dans les années
1970, les Ouled Sliman, appartenant au même clan que le président
déchu, prirent la route du Niger oriental pour y trouver refuge.
Certains continuèrent même vers la région de Maradi et au
Tchad.
Les Arabes, « Chinéguétta » (les
Maures), venus en petit nombre de Mauritanie dans les années 1975
à la recherche du pâturage, se sont installés dans la zone
sans réelle opposition des communautés locales.
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