II.1.3. Communauté Toubou Téda
Les Toubou Teda occupent le nord de la commune de Tesker et
les alentours du massif de Termit. La limite sud de l'espace Teda est une ligne
joignant Bornaye, Sidinga, Djanema, et Termit Dolé. Le choix de cet
espace est notamment du au fait que les Toubou Teda sont les derniers à
arriver dans la zone. Il est cependant dit que les Toubou Teda ont toujours
préféré garder une distance avec les autres
communautés, ce qui pourrait de même expliquer leur localisation.
C'est un espace homogène du point de vue de caractéristiques
géo - physiques notamment du point de vue des ressources naturelles. Les
Teda sont organisés en tribus sous la coupe d'un chef de groupement qui
réside à Bornaye.
II.1.3.1. Campement de base : Sidinga
Sidinga est le campement qui nous a servi de base lors de nos
recherches. Le campement est situé à environ 30 Km au nord ouest
de Tesker (pour la localisation voire carte N°4). Il est peuplé
essentiellement des Toubou Teda ainsi que de deux familles Toubou Azza qui
s'occupent des travaux de forge.
Carte N°4 : Localisation du campement de
Base
LEGENDE
Tahoua ZinderTASKER Tillaberi
Dosso Maradi
? Campement de base
Tesker_chef_lieu
Commune Rurale de Teske
Agadez
Diffa
TIDJIRA
ANICHATCHOUWOU
DAOUBELLY
WORROU
ABORAK (FORAGE)
BOULOUM KARAGOU
FORAMI
0 50
DAOUNGA
KIT KIT
SIDINGA
TASKER
Kilomètres
KASSATCHIA
?
DIBIDE
KALTOUMA
KANKEDI
OLOW
RIDJIA DJOUGNOU
BORNO
KANKEDI EHMERGAN
TORORONGA
TERMIT MAI RIDJIA
BOULAKAW
TERMIT YALLANGA
100
DOUGOULE
YOUGOUM
EYIDINGA
FINI-FINI
KATCHATCHA
TERMIT DOLE
N'GUELDJABO
OROMI
(
De part les entretiens que nous avons eu avec la population,
les Touaregs furent les premiers occupant de l'actuel site du campement vers
les années 1938. Ils élevaient des bovins, ovins et caprins. A
cette époque, le pâturage était en quantité et de
qualité. L'abreuvement se faisait sans peine au niveau des mares
naturelles permanentes du fait d'une importante pluviométrie annuelle.
Ces Touareg dans leur mobilité (nomadisme) ont, de fait, quitté
ce lieu pour se diriger vers le Damergou (Tanout actuel). Les peuls, vinrent
ainsi occuper ce lieu un peu plus tard. Le nom du puits trouve son origine
à travers le premier peul ayant réhabilité le puits,
nommé Sidi. Les Toubou Azza, les Toubous Dazza ont par la suite
succédés aux peuls. Ces Toubou ont été contraints
de quitter le lieu avec l'arrivée des Toubou Teda du clan Oboudoya vers
1950. A cette époque toutes ces communautés Toubou vivaient de
l'élevage des bovins, ovins et caprins et des dromadaires en petit
nombre. Suite aux sécheresses des années 1970 et 1980, la
majorité du cheptel bovin a été décimée.
Depuis lors l'élevage du dromadaire a été
privilégié compte tenu de son adaptation à un climat
aride.
En 2005 le campement de Sidinga compte une soixantaine de
ménages composés chacun d'environ quatre personnes. Cela donne un
effectif approximatif de 244 habitants. Ce chiffre reste très
approximatif. Sidinga n'a jamais fait l'objet d'un recensement. Chaque chef de
famille possède en moyenne trente têtes de dromadaires, ce qui
donne un effectif estimatif de 1.830 mis à part les ovins, les caprins,
les asins et les équins. La pression sur le puits est grande, ce qui
entraîne la reprise du puits tous les six mois (puits traditionnel).
Le puits constitue le coeur du campement. Avant la
réhabilitation du puits en 2001 par le PGRN (Projet de Gestion des
Ressources Naturelles), le campement comptait trente ménages. Il sert
à la fois à l'abreuvement des animaux, ainsi qu'à la
consommation domestique. Il appartient au chef du village mais la gestion reste
communautaire. Pendant la saison chaude et sèche, plus de mille cinq
cent têtes de bétail toutes espèces confondues sont
abreuvées par jour. Le puits est profond d'environ 17 m et
équipé de trois fourches en bois utilisées pour maintenir
les poulies. Autour du puits sont répartis six abreuvoirs en ciment. La
contenance en eau du puits reste relativement bonne. La photo N° 2
illustre bien la pression sur le puits pendant la saison sèche et
chaude.
Photo N°2 : le puits de Sidinga en saison
sèche et chaude
Cette photo illustre bien la pression sur le puits pendant la
saison sèche et chaude. C'est l'intense activité d'exhaure qui
entraîne la formation de flaques d'eau aux alentours du puits.
Pendant la saison sèche et chaude le puits
révèle son rôle capital. En effet, à cette
période tous les troupeaux sont présents sur le campement, plus
de mille têtes d'animaux sont abreuvés par jour. L'abreuvement est
une opération très pénible, les femmes et enfants
participent eux même à cette lourde tâche. Lors de
l'abreuvement les éleveurs respectent un ordre bien précis,
ainsi, les dromadaires passent les premiers en privilégiant les
chamelles laitières, s'en suivent les petits ruminants puis les
ânes. Au niveau des éleveurs, l'exhaure respecte l'ordre d'arriver
au puits. Il arrive que les bergers veillent autour du puits pour gagner le
premier tour.
Pendant la saison des pluies l'abreuvement est moins lourd
sinon inexistant (présence de mares naturelles temporaires, herbes
fraîches). Durant cette période, le gros bétail part en
transhumance, et ne restent au campement que les laitières et les petits
ruminants qui s'abreuvent le plus souvent au niveau des mares naturelles qui se
forment dans les dépressions inter - dunaires. La photo N°3
témoigne de cet état de fait.
Photo N°3 : le puits de Sidinga en saison des
pluies
Cette photo montre l'absence de pression sur le puits pendant
la saison des pluies se traduisant par l'absence des animaux autour du puits et
l'assèchement progressif des alentours du puits du à la baisse de
l'exhaure .
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