3/ Des novices aux commandes d'un média de
maître.
Toutefois, on décèle des faiblesses dans le
fonctionnement de ces radios. L'afflux de journalistes sans qualifications et
la création spont anée de radios amatrices a entrainé une
déprofessionnalisation du secteur médiatique (Perret 2005, p.
24). Ce manque de professionnalisme est surtout ressenti dans les zones
urbaines, où les exigences éditoriales et techniques des
populations sont plus élevées.
Les statistiques reflétent le caractére amateur
des stations de radios maliennes. Lors de lÕétude
réalisée par Ç Farm Radio È (2011), 50% des
présentateurs radio interrogés au Mali avaient moins de trois ans
dÕexpérience (cf. Annexe 4). De plus, la moitié des
présentateurs interrogés avaient arrêté leurs etudes
après les classes primaires (cf. Annexe 5). Néanmoins, il faut
garder en tete que ces jeunes sont nés en même temps que ces
radios pour comprendre leur manque dÕexpérience. CÕest
justement le dynamisme non canalisé de la proliferation radiophonique
qui fait à la fois la force de la liberté dÕexpression
malienne, mais aussi sa faiblesse.
Si dans la forme, la production radiophonique malienne souffre
dÕun manque de moyens et de savoir-faire, dans le fond elle brille par
lÕintelligence de sa démarche. DÕune part les radios
locales sÕefforcent de propager les conseils et les innovations utiles
aux populations rurales ; dÕautre part les radios communautaires
cherchent à véhiculer un message dÕappartenance et de
prise de conscience citoyenne forte. CÕest donc un message plein de
vitalité et dÕoptimisme qui semble résonner par la voix
des ondes. Comment ne pas opposer ce message à celui souvent
véhiculé par la télévision ? Edward Murrow (1958)
avait déjà mis en garde la société
américaine contre lÕinquiétante propriété
apathique du tube cathodique :
« Nous sommes opulents, gras, embourgeoisés, et
suffisants. Nous avons une allergie viscérale de l'information
dérangeante ou inquiétante. Nos media de masses reflétent
cela.
A moins que nous ne délaissions notre surabondance, que
nous ne reconnaissions que la télévision est principalement
utilisée pour distraire, tromper, amuser et isoler, alors la
télévision, et ceux qui la financent, ceux qui la regardent et
ceux qui la font ne seront que l'ombre d'eux -mêmes et il sera trop tard.
È
La radio est un media capable dÕÇ enseigner,
dÕéclairer et même dÕilluminer È (Murrow
1958). CÕest dÕailleurs lÕutilisation quÕen fait la
population malienne. Nous avons certainement quelque chose en apprendre.
|