0. 2. PROBLEMATIQUE
La co-infection VIH/VHB est fréquente du fait
des voies de transmissions communes à ces deux virus. La
prévalence de cette co-infection va donc varier en fonction du mode de
contamination du patient par le VIH. Il s'agit de la voie sexuelle, de la voie
sanguine et de la voie materno-infantile (21).
Actuellement, on connaît les interactions
délétères entre ces virus notamment
l'accélération de l'histoire naturelle de l'infection par le VHC
et le VHB par le VIH (16). Cette superposition des groupes à risque rend
compte d'une fréquence élevée de la co-infection VIH-VHB.
L'importance des interactions entre ces deux virus a été
récemment soulignée, d'une part par l'augmentation de
l'espérance de vie des patients infectés par le VIH depuis
l'utilisation des multithérapies antirétrovirales et, d'autre
part, depuis la survenue d'échappements fréquents du VHB à
la Lamivudine chez les patients coinfectés (1). Ces deux
événements ont révélé l'importance
pronostique de l'hépatite B chronique chez les patients
co-infectés. Une amélioration des lésions
hépatiques a été observée chez les patients soumis
aux combinaisons antirétrovirales contenant la Lamivudine
(1).
L'allongement de la durée de vie liée
à l'administration des ARV pose le problème de la survenue des
complications à long terme de l'hépatite chronique. En effet,
l'histoire naturelle de l'hépatite chronique B est modifiée par
le développement de la cirrhose et des hépatocarcinomes. Il est
donc important de comprendre l'impact réciproque de ces deux virus en
termes épidémiologiques et cliniques afin de prendre en charge au
mieux les patients co-infectés.
On dispose actuellement des molécules
antirétrovirales actives à la fois sur le VIH et le VHB mais le
plus grand problème qui se pose est relatif à la
disponibilité de ces molécules dans les pays à ressources
limitées (14, 20). En RD Congo, il se pose donc un sérieux
problème de disponibilité d'un plateau technique VIH/VHB
adéquat pour assurer la généralisation du dépistage
et de la prise en charge globale de cette
co-épidémie.
devenues une des principales causes des
décès dus à l'infection chronique par le virus
hépatite B (VHB) (21, 22, 23).
Les études et les publications sur l'infection
à hépatite B au cours de l'infection à VIH sont rares en
Afrique et particulièrement en Afrique subsaharienne. Ceci est
confirmé par des auteurs anglo-saxons qui estiment cette
comorbidité à une prévalence de à 20 et 30% (24).
L'Organisation des Nations Unies pour la lutte contre le Sida (ONUSIDA)
confirme cette tendance en avançant des chiffres de
séroprévalence qui varient entre 10 et 20% de 1984 à 1999
dans la tranche d'âge 15-49 ans en RD Congo (25,26).
L'hépatite B est l'une des principales maladies
humaines qui pose un sérieux problème de santé publique
à l'échelle mondiale et en RD Congo (1,2). On estime que la RD
Congo se trouve dans une zone de haute endémicité avec 20% de
taux de porteur chronique (27).
Chacune de ces maladies virales (VIH et VHB) prises
séparément et les deux prises ensemble posent des nombreuses
questions de santé publique en RD Congo : le premier problème
concerne la connaissance sur la situation épidémiologique
réelle de la co-infection VIH/Hépatite B, l'autre question qui se
pose concerne les facteurs des risques liés à la survenue de
l'infection à hépatite B dans la population des PVVIH de Bukavu,
et il se pose enfin le problème de la prise en charge médicale de
cette bi-épidémie.
La problématique du diagnostic du VHB chez les
PVVIH n'est pas aussi moindre dans notre contexte. Le dépistage
systématique de l'infection à VHB n'est pas organisé chez
les PVVIH de Bukavu. D'une part, les professionnels de santé ne sont pas
toujours informés de la gravité de la co-infection au plan
épidémiologique dans la population des PVVIH et d'autre part les
PVVIH viennent se faire soigner de l'hépatite B au stade tardif de la
maladie hépatique.
Bien plus, les facteurs de risque de
développement de l'hépatite B dans la population des PVVIH qui
sont fort peu documentés dans notre contexte méritent
d'être recherchés : on sait à ce jour que le pourcentage de
patients ayant un Ag HBs positif est supérieur chez les PVVIH par
rapport aux patients VIH négatifs (29). Il se pose alors la question de
savoir quelle est la situation de cette co-infection à
Bukavu.
Le mode de contamination prépondérant de
l'hépatite B chez les PVVIH n'est pas connu à Bukavu. Il est
théoriquement connu que le virus de l'Hépatite B se transmet par
le contact avec le sang ou les liquides biologiques d'une personne
infectée (28). Ainsi donc, la transmission de l'Hépatite B se
fait par :
1) la transmission de la mère à l'enfant :
c'est la transmission verticale,
2) la transmission sanguine se rencontre surtout lors
des transfusions,
3) l'usage des objets tranchants non stériles (se
rencontre surtout chez les usagers des drogues injectables), perçage des
oreilles, des injections,
4) les rapports sexuels non protégés :
c'est la transmission horizontale.
Plusieurs auteurs affirment que, dans le monde, 85
à 90% d'individus infectés par le VHB deviennent des porteurs
chroniques de l'infection (30, 31).
La fréquence élevée des porteurs
chroniques du VHB serait fonction de la précocité de la
contamination. Ceci signifie que la contamination se passerait dans la petite
enfance ou dans l'adolescence (2).
Chez les immunodéprimés au stade SIDA il
y aurait un risque élevé d'acutisation de l'infection chronique.
Plusieurs études avaient identifié que l'activité sexuelle
non protégée était liée à un risque
significatif de contracter le VHB chez les PVVIH (33). L'état actuel de
cette question n'est pas connu à Bukavu et mérite d'être
éclairci.
A Bukavu, selon une étude
réalisée par le CPTS (Centre provincial de transfusion sanguine),
le taux de séroprévalence de l'hépatite B chez les
donneurs bénévoles de sang est estimé à 8% (32), il
serait opportun de connaître l'ampleur de ce problème
auprès des PVVIH afin d'améliorer la qualité de vie de ces
dernières en leur assurant une prise en charge combinée de ces
deux infections.
Etant donné l'importance des porteurs
chroniques dans la transmission de l'hépatite B, il s'avère aussi
important de connaître la part de chronicité de l'hépatite
B au sein de la population des PVVIH de Bukavu.
Il est donc impérieux de connaître la
prévalence ainsi que les déterminants de l'hépatite
aiguë chez ceux souffrant déjà d'une hépatite
chronique.
La corrélation entre le stade OMS du SIDA et la
survenue de l'hépatite, la disponibilité des ARV actifs sur le
VHB prescrits aux co-infectés, le suivi biologique des
co-infectés sont autant des questions pour lesquelles des
réponses méritent d'être données en rapport avec la
co-infection VIH/VHB à Bukavu.
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