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La co-infection par le virus de l'immunodéficience humaine et le virus de l'hépatite B:étude du profil épidémiologique et déterminants dans le district sanitaire de Bukavu

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par Pierre Prince LUNJWIRE MULEMANGABO
Université catholique de Bukavu - Master en santé publique 2010
  

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0. 2. PROBLEMATIQUE

La co-infection VIH/VHB est fréquente du fait des voies de transmissions communes à ces deux virus. La prévalence de cette co-infection va donc varier en fonction du mode de contamination du patient par le VIH. Il s'agit de la voie sexuelle, de la voie sanguine et de la voie materno-infantile (21).

Actuellement, on connaît les interactions délétères entre ces virus notamment l'accélération de l'histoire naturelle de l'infection par le VHC et le VHB par le VIH (16). Cette superposition des groupes à risque rend compte d'une fréquence élevée de la co-infection VIH-VHB. L'importance des interactions entre ces deux virus a été récemment soulignée, d'une part par l'augmentation de l'espérance de vie des patients infectés par le VIH depuis l'utilisation des multithérapies antirétrovirales et, d'autre part, depuis la survenue d'échappements fréquents du VHB à la Lamivudine chez les patients coinfectés (1). Ces deux événements ont révélé l'importance pronostique de l'hépatite B chronique chez les patients co-infectés. Une amélioration des lésions hépatiques a été observée chez les patients soumis aux combinaisons antirétrovirales contenant la Lamivudine (1).

L'allongement de la durée de vie liée à l'administration des ARV pose le problème de la survenue des complications à long terme de l'hépatite chronique. En effet, l'histoire naturelle de l'hépatite chronique B est modifiée par le développement de la cirrhose et des hépatocarcinomes. Il est donc important de comprendre l'impact réciproque de ces deux virus en termes épidémiologiques et cliniques afin de prendre en charge au mieux les patients co-infectés.

On dispose actuellement des molécules antirétrovirales actives à la fois sur le VIH et le VHB mais le plus grand problème qui se pose est relatif à la disponibilité de ces molécules dans les pays à ressources limitées (14, 20). En RD Congo, il se pose donc un sérieux problème de disponibilité d'un plateau technique VIH/VHB adéquat pour assurer la généralisation du dépistage et de la prise en charge globale de cette co-épidémie.

devenues une des principales causes des décès dus à l'infection chronique par le virus hépatite B (VHB) (21, 22, 23).

Les études et les publications sur l'infection à hépatite B au cours de l'infection à VIH sont rares en Afrique et particulièrement en Afrique subsaharienne. Ceci est confirmé par des auteurs anglo-saxons qui estiment cette comorbidité à une prévalence de à 20 et 30% (24). L'Organisation des Nations Unies pour la lutte contre le Sida (ONUSIDA) confirme cette tendance en avançant des chiffres de séroprévalence qui varient entre 10 et 20% de 1984 à 1999 dans la tranche d'âge 15-49 ans en RD Congo (25,26).

L'hépatite B est l'une des principales maladies humaines qui pose un sérieux problème de santé publique à l'échelle mondiale et en RD Congo (1,2). On estime que la RD Congo se trouve dans une zone de haute endémicité avec 20% de taux de porteur chronique (27).

Chacune de ces maladies virales (VIH et VHB) prises séparément et les deux prises ensemble posent des nombreuses questions de santé publique en RD Congo : le premier problème concerne la connaissance sur la situation épidémiologique réelle de la co-infection VIH/Hépatite B, l'autre question qui se pose concerne les facteurs des risques liés à la survenue de l'infection à hépatite B dans la population des PVVIH de Bukavu, et il se pose enfin le problème de la prise en charge médicale de cette bi-épidémie.

La problématique du diagnostic du VHB chez les PVVIH n'est pas aussi moindre dans notre contexte. Le dépistage systématique de l'infection à VHB n'est pas organisé chez les PVVIH de Bukavu. D'une part, les professionnels de santé ne sont pas toujours informés de la gravité de la co-infection au plan épidémiologique dans la population des PVVIH et d'autre part les PVVIH viennent se faire soigner de l'hépatite B au stade tardif de la maladie hépatique.

Bien plus, les facteurs de risque de développement de l'hépatite B dans la population des PVVIH qui sont fort peu documentés dans notre contexte méritent d'être recherchés : on sait à ce jour que le pourcentage de patients ayant un Ag HBs positif est supérieur chez les PVVIH par rapport aux patients VIH négatifs (29). Il se pose alors la question de savoir quelle est la situation de cette co-infection à Bukavu.

Le mode de contamination prépondérant de l'hépatite B chez les PVVIH n'est pas connu à Bukavu. Il est théoriquement connu que le virus de l'Hépatite B se transmet par le contact avec le sang ou les liquides biologiques d'une personne infectée (28). Ainsi donc, la transmission de l'Hépatite B se fait par :

1) la transmission de la mère à l'enfant : c'est la transmission verticale,

2) la transmission sanguine se rencontre surtout lors des transfusions,

3) l'usage des objets tranchants non stériles (se rencontre surtout chez les usagers des drogues injectables), perçage des oreilles, des injections,

4) les rapports sexuels non protégés : c'est la transmission horizontale.

Plusieurs auteurs affirment que, dans le monde, 85 à 90% d'individus infectés par le VHB deviennent des porteurs chroniques de l'infection (30, 31).

La fréquence élevée des porteurs chroniques du VHB serait fonction de la précocité de la contamination. Ceci signifie que la contamination se passerait dans la petite enfance ou dans l'adolescence (2).

Chez les immunodéprimés au stade SIDA il y aurait un risque élevé d'acutisation de l'infection chronique. Plusieurs études avaient identifié que l'activité sexuelle non protégée était liée à un risque significatif de contracter le VHB chez les PVVIH (33). L'état actuel de cette question n'est pas connu à Bukavu et mérite d'être éclairci.

A Bukavu, selon une étude réalisée par le CPTS (Centre provincial de transfusion sanguine), le taux de séroprévalence de l'hépatite B chez les donneurs bénévoles de sang est estimé à 8% (32), il serait opportun de connaître l'ampleur de ce problème auprès des PVVIH afin d'améliorer la qualité de vie de ces dernières en leur assurant une prise en charge combinée de ces deux infections.

Etant donné l'importance des porteurs chroniques dans la transmission de l'hépatite B, il s'avère aussi important de connaître la part de chronicité de l'hépatite B au sein de la population des PVVIH de Bukavu.

Il est donc impérieux de connaître la prévalence ainsi que les déterminants de l'hépatite aiguë chez ceux souffrant déjà d'une hépatite chronique.

La corrélation entre le stade OMS du SIDA et la survenue de l'hépatite, la disponibilité des ARV actifs sur le VHB prescrits aux co-infectés, le suivi biologique des co-infectés sont autant des questions pour lesquelles des réponses méritent d'être données en rapport avec la co-infection VIH/VHB à Bukavu.

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