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La co-infection par le virus de l'immunodéficience humaine et le virus de l'hépatite B:étude du profil épidémiologique et déterminants dans le district sanitaire de Bukavu

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par Pierre Prince LUNJWIRE MULEMANGABO
Université catholique de Bukavu - Master en santé publique 2010
  

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0.1 REVUE DE LA LITTERATURE

Les infections sexuellement transmissibles (IST) demeurent un problème majeur de santé publique en Afrique (1, 2). Elles sont exacerbées par l'épidémie du VIH. Elles sont la majeure cause des maladies aigues, de l'infertilité, de la chronicité et de décès (2).

Les IST sont aussi la cause des sévères perturbations psychologiques. Le VHB, le VIH et le treponema pallidum sont parmi les plus importantes causes d'IST dans le monde (7). Elles peuvent majorer la cause de risque de contamination par le VIH (1, 2).

L'OMS estime que 350 millions d'épisodes curables d'IST sont rapportés chaque année dans le monde.

Cependant la prévention et le traitement des IST peuvent réduire le risque de VIH (7). Chaque année, environ 400 millions de porteurs chroniques du virus VHB sont rapportés par l'OMS. Au plan mondial, le taux d'infection est plus important chez les hommes que chez les femmes, chez les enfants que chez les adultes, dans les populations urbaines que dans les populations rurales.

Près de 5% de la population mondiale est infectée de façon chronique avec le VHB (2). Parmi les individus infectés par le VIH, cette prévalence est 10 fois plus élevée (8, 9)

Il est connu que la prévalence de l'infection à hépatite B est faible en Europe par rapport à l'Afrique. En Belgique, un peu moins de 1% de la population est porteur chronique, et 6 à 7% de la population a été en contact avec le virus. L'hépatite B, est en Belgique, la première maladie sexuellement transmissible.

En France, l'Institut de veille sanitaire donne des informations sur le nombre d'hépatites B aigues survenues en France chaque année (1). Dans son bulletin épidémiologique, il estime que le nombre des nouvelles infections est d'environ 500 infections par an, ceci étant le chiffre minimum. Ces cas étaient pour la plupart symptomatiques et les facteurs de risque le plus souvent identifiés étaient sexuels (partenaires multiples, relations homosexuelles, partenaire porteur du VHB), ou plus rarement un usage de drogues, des soins invasifs, une exposition familiale. A noter qu'aucun facteur de risque n'a été identifié

dans 30% des cas. En France toujours, Il y a trois fois plus d'hommes atteints que de femmes. Ce chiffre de 500 cas est plus faible que ce que l'on attendait, et témoigne de l'efficacité de la vaccination contre l'Hépatite B. En effet, les jeunes adultes de moins de trente ans, tranche d'âge très largement vaccinée entre 1994 et 1998, sont peu représentés dans ces nouvelles infections. Le bulletin épidémiologique affirme que plus de la moitié de ces cas auraient pu être évités si les recommandations vaccinales avaient été respectées, et si le dépistage dans l'entourage d'un cas connu était renforcé. À la différence du nombre d'hépatites B aiguë, le passage à la chronicité du VHB chez les personnes résidant en France est plus important que prévu.

En Afrique par contre, la prévalence est élevée (2). Dans une étude faite en Côte d'Ivoire sur le diagnostic de VHB par la polymerase chain reaction (PCR) (ADN) la co-infection VIH/hépatite était plus fréquente dans l'ordre de 26,7

% chez les femmes enceintes VIH positives comparées aux femmes enceintes séronégatives (10).

La transmission horizontale, très fréquente chez les enfants et les adolescents, serait responsable de la majorité des infections en Afrique et au Moyen-Orient. En revanche, la transmission périnatale est beaucoup plus répandue en Asie.

Au Malawi où la prévalence du VIH est de 18% en milieu rural et de 26% en milieu urbain auprès des femmes enceintes, on note une prévalence élevée de l'infection à VHB traduisant ainsi de futurs taux élevés des troubles liés aux hépatites chroniques incluant la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire chez les PVVIH (11).

En Afrique du Sud, plus de 80% de patients infectés par le VIH ont des marqueurs sérologiques de la présence du passage du VHB. Globalement, plus de 10% de PVVIH présentent une infection chronique de VHB (12).

Tous comptes faits, la co-infection VIH/hépatite pose un problème de santé publique en Afrique (2). Dans la partie noire de l'Afrique (sub-saharienne) où la majorité de gens sont beaucoup plus longtemps exposés au VHB avant d'être exposés au VIH, la prévalence de l'infection à hépatite chronique apparaît

d'autant plus élevée auprès des PVVIH au stade SIDA que chez celles qui sont asymptomatiques (1, 2, 13).

En effet il est rapporté une fréquence plus élevée de positivité de HBsAg chez les patients VIH asymptomatiques par rapport aux patients qui présentent les symptômes du SIDA (12).

Au Mali, les chiffres de la co-infection VIH/VHB sont proches de ceux d'autres pays africains. Dao S., Ba A. et al., présentent le taux de cette comorbidité à 21,5%, le taux de VIH-VHC à 8,3% et celui de la positivité aux trois marqueurs à 1,2% (11).

Cette situation est particulièrement rapportée chez les hommes âgés de 18 à 30 ans à Bamako. C'est sur base de cette triple infection que la recherche systématique des marqueurs biologiques des hépatites B et C est désormais recommandée dans la prise en charge des PVVIH/SIDA au Mali (13).

Partout en Afrique, la transmission du virus est classiquement parentérale à la faveur de transfusion de sang ou de plasma contaminé, d'injection, des gestes chirurgicaux ou traditionnels (les polytransfusés, les hémodialysés, les toxicomanes intraveineux, le personnel médical et paramédical surtout dans les unités d'hémodialyse et les laboratoires d'analyse, lors de la circoncision et lors des scarifications qui sont faites sans asepsie).

En Afrique, le rôle de la transmission sexuelle du VIH et de l'hépatite B est connu chez l'adulte. Cette transmission qui fait de l'infection à VHB une IST est cependant limitée dans les zones d'hyper endémie où l'infection survient le plus souvent dans l'enfance, mais est très importante chez les touristes sexuels ; ce qui justifie la vaccination préventive chez ces derniers.

Dans la transmission parentale la virémie est importante (jusqu'à > 100 particules infectieuses par ml de sérum) et prolongée. Cette forte virémie explique la forte contagiosité et en fait le mode de transmission essentiel (outre les polytransfusés, les hémodialysés, les toxicomanes intraveineux). Le personnel médical et paramédical surtout dans les unités d'hémodialyse et les laboratoires d'analyse est particulièrement exposé. Il faut signaler que l'Hépatite B est une maladie professionnelle chez les personnels soignant et la vaccination anti VHB exigée pour cette population (2).

Les mères porteuses chroniques d'HBsAg (surtout lorsqu'elles possèdent HBeAg) peuvent contaminer leurs enfants lors de l'accouchement et au début de la vie, voire in utero (1, 14).

Pour les enfants, le risque atteint 90% s'ils naissent d'une mère HBe ag+ et HBs ag +. Il est de 20% si la mère a déjà éliminé l'HBe ag et est uniquement HBs ag +. Les enfants contaminés à la naissance développeront une forme chronique à 90% tandis que si la contamination a eu lieu à l'adolescence ou à l'âge adulte, 90% des hépatites B évoluent sur un mode aigu, et 10% passent à la chronicité (14).

Cette chronicité de l'hépatite B se joint à celle du VIH chez les PVVIH. En effet, la longue évolution de la forme chronique explique l'immense réservoir humain pour le virus de l'hépatite B.

On sait aussi que le portage chronique de l'Ag HBS pendant une période supérieure à 6 mois peut survenir après une hépatite aiguë ou une forme asymptomatique. Ceci est particulier chez les sujets immunodéprimés. En cas de portage chronique asymptomatique de l'antigène HBs, une réactivation de l'hépatite peut survenir chez les sujets immunodéprimés. En plus, chez les sujets présentant une immunodépression avancée, la réapparition de l'Ag HBs a été décrite occasionnellement chez des sujets Ac anti-HBs positif ou chez des sujets Ag HBs négatif présentant des Ac anti-HBs isolés (2).

Chez l'immunodéprimé présentant la forme évolutive, le pronostic est réservé du fait des complications de suite des épisodes fréquentes de réactivation de l'Hépatite chronique.

Dans la cirrhose post-hépatique, plusieurs facteurs sont reconnus comme facteurs de risque de progression vers la cirrhose. Parmi ces facteurs figurent la co-infection avec le VIH, le virus Delta et le VHC. Il est donc important de détecter précocement une réactivation du VHB particulièrement chez les immunodéprimés (2) et de rechercher les autres hépatites.

Du fait d'une meilleure prise en charge des infections opportunistes (I.O), l'infection par le VIH est devenue une infection « Chronique ». Cette chronicité favorise l'allongement de la durée de vie des PVVIH. Elle est à l'origine de la modification de l'histoire naturelle de l'infection par le VHB qui a maintenant le temps de se développer chez les patients VIH (1, 2,15, 16).

Il est aussi actuellement connu que la manifestation clinique de l'infection aigue par le VHB chez les patients infectés par le VIH n'est pas différente de celle décrite chez les patients non infectés par le VIH. Ce qui est particulier c'est le passage à la chronicité qui apparaît plus fréquemment chez les patients positifs au VIH que chez les patients VIH négatifs. Près de 20% des patients VIH positifs co-infectés par le VHB et faisant une hépatite virale aiguë B deviennent porteurs chroniques de l'antigène HBs et de l'antigène HBc. Dans la population non VIH ce chiffre est de l'ordre de seulement 5% (17).

La corrélation entre le passage à la chronicité et le taux de LT CD4 est établie. En effet, une étude effectuée en Ouganda montre que le passage à la chronicité pour l'hépatite B chez les PVVIH est lié au taux de CD 4. La chronicité semble arriver chez les PVVIH d'autant plus fréquemment que le taux de CD4 est bas. (17).

Le lien avec la mortalité chez les co-infectés a aussi été établi. Des études plus récentes ont rapporté une incidence plus élevée de la cirrhose et de la mortalité chez les patients co-infectés VIH-VHB par rapport aux sujets mono-infectés par le VIH mais également par le VHB seul (17, 18).

Les facteurs de risque de l'hépatite B chez les PVVIH font l'objet des recherches et les résultats sont parlants: Le risque de co-infection par le VIH /VHB est fonction de l'âge auquel le patient est exposé au virus. Aux USA et en Europe Occidentale, l'exposition à l'hépatite B est plus fréquente à l'adolescence et chez l'adulte jeune (5, 6).

On distingue donc schématiquement trois zones endémiques de l'hépatite B. La Chine, l'Asie du Sud-est, Afrique subsaharienne où 70-95% des sujets ont des Ac Anti-HBs et où 8-15% sont porteurs chroniques d'Ag HBs (2).

Un autre phénomène important qui est apparu dans la co-infection VIH/VHB peut être décrit comme une hépatite B, l'IRIS (Syndrome inflammatoire de reconstitution immunitaire). En effet, la restauration immunitaire qui est occasionnée par l'initiation du traitement ARV hautement actif favoriserait le passage de la phase de tolérance de l'infection à hépatite B qui se caractérise parfois par un contrôle complet de la réplication du VHB. De l'autre côté, et c'est ce qui est fréquent, le HAART favoriserait l'exacerbation de l'hépatite chronique avec progression rapide des lésions hépatiques (18).

Cependant, l'intérêt des ARV n'est plus à démontrer dans le traitement de la co-infection VIH/VHB. Une amélioration des lésions hépatiques et une indétectabilité de la charge virale (CV) VHB ont été observées sous ARV. L'Emtricitabine, le Tenofovir et la Lamivudine (en association avec d'autres ARV habituels de première ligne) sont connus comme étant actifs à la fois sur le VIH et le VHB (1, 2, 18, 19, 20).

Il faut signaler que l'objectif thérapeutique dans le cas de la co-infection VIHVHB est d'obtenir au minimum une suspension de la réplication virale VHB, une régression de la fibrose hépatique et plus rarement, une séroconversion dans le système HBc (1, 18).

La prophylaxie contre l'infection à hépatite B chez les PVVIH est un facteur important de la prévention. La vaccination est surtout disponible dans les pays développés. Le vaccin est constitué d'antigènes recombinant, et donne lieu à l'apparition d'anti HBs. Administré en bas âge, en trois doses (0-1-6 ou 12 mois), il suscite une réponse chez plus de 95% des enfants. En cas de contact chez un sujet non vacciné (nouveau né de mère porteuse, piqûre par du matériel infecté,...), on administre à la fois le vaccin et des gammaglobulines. Chez l'adulte, le préservatif doit être utilisé en cas de contact sexuel avec un sujet porteur chronique, tant qu'une vaccination efficace n'aura pas été effectuée (2).

Le diagnostic de l'hépatite B est facilité chez les PVVIH. Il y a la présence de protéines virales antigéniques dans le sérum pendant la phase aiguë ou chez le porteur chronique: les antigènes e (HBe ag) et s (HBs ag). Un troisième antigène, HBc, est uniquement retrouvé dans le foie. Ces trois antigènes donnent naissance à des anticorps. Les anti HBc sont présents dès le début de la maladie et ne signent donc pas la guérison. Ils sont d'abord de nature IgM, et ensuite IgG qui persistent à vie. Les anti-HBc sont le témoin d'un contact actuel ou antérieur avec le virus naturel (les anti-HBc ne sont pas retrouvés chez un sujet vacciné).

Un patient qui a eu une hépatite B aura donc des anti- HBs et des anti HBc.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry