Impact de la qualité de l'éducation sur le revenu individuel à Goma( Télécharger le fichier original )par Eric CIRUZA MUDERWA Université de Goma - Licence en sciences économiques 2008 |
Chapitre deuxième :
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Source : Direction de la planification et des statistiques scolaires EPSP, 2002
Il ressort de ce tableau une répartition inéquitable des écoles. La province du Maniema est de loin la moins bien servie, alors que la province de Bandundu a deux fois plus d'écoles primaires que la plupart des provinces. La grande bataille n'a pas encore pris fin avec des écarts pareil entre la population scolarisée et celle scolarisable s'élevant à 3620738 soit un pourcentage de 39.92%.
La moyenne nationale des élèves par école s'élève à 283 élèves. Ce qui revêt un nombre encore limité par rapport à la demande potentielle.
Dans l'enseignement primaire au niveau national, il y avait, en 2001-2002, 57.2% des garçons et 42.8% des filles. Concernant le ratio élèves/enseignants au primaire, la moyenne nationale est de 34 élèves par enseignants.
Quant en ce qui concerne l'éducation par sexe, après des années de guerre et de recul
économique, la situation est mauvaise en RDC : il y a 4.6 millions d'enfants non scolarisédont 2.5 millions sont des filles. La RDC figure parmi les 25 pays où l'Unicef a accentué son effort pour accélérer les progrès en matière d'éducation des filles.42
C'est ainsi que nous allons présenter brièvement le taux brut d'admission au primaire par sexe et par province en RDC.
Tableau N° 2 : Taux brut d'admission au primaire par sexe et par province
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Source : direction de planification et des statistiques scolaires de l'EPSP, 2002
Au vu des données reprises dans le tableau ci haut présenté, nous constatons que dans toutes les provinces le taux d'admission au primaire des garçons est supérieur à celui des filles. L'exception n'est vraie que dans la ville province de Kinshasa où l'inverse est possible. C'est pourquoi le problème de la scolarisation des filles reste encore à résoudre.
42 Unicef, L'éducation des filles en RDC : des colis pour les enfants, 2005, p.1 disponible sur http// www.unicef.org//french /suplly
3. Enseignement secondaire et professionnel.
L'enseignement secondaire en RDC comprend un cycle long et un cycle court.
Le cycle long comprend trois filières : générale, normale et technique. Ce cycle consiste en une première étape de deux ans, commune aux trois filières dénommée cycle d'orientation, et une seconde étape de 4 ans qui introduit une différenciation entre ces trois filières. Au sein de chaque filière, différentes options sont offertes, jusqu'à 30 options dans la filière technique.43
Les élèves qui réussissent au concours national, appelé Examen d'Etat, obtiennent le diplôme d'Etat sanctionnant la fin de leurs études secondaires.
Le cycle court concerne l'enseignement professionnel et consiste en une formation de 4 ans commençant immédiatement après l'enseignement primaire, ou une formation de 3 ans après le tronc commun du secondaire. Il existe également des écoles des arts et métiers qui offrent une formation à l'artisanat en 3 ou 4 ans. Les élèves de ce cycle obtiennent, en cas de satisfaction aux concours de fin de cycle, un certificat.
Cet enseignement secondaire se trouve dans les mêmes conditions de dégradation voire même plus que l'enseignement primaire.
C'est pourquoi, il serait intéressant de relever quelques cas qui traduisent cette situation.
La sous qualification du personnel enseignant est inquiétante. Les enseignants ne sont plus régulièrement formés ni recyclés en cours d'emploi. Les quelques rares formations organisées avec l'appui des organismes internationaux, en l'occurrence l'Unicef et la francophonie, ne concernent qu'une minorité ciblée.44
La dévalorisation de la fonction enseignante, matérialisée par un barème salarial bas, démotive totalement l'enseignant et n'attire plus les nouvelles générations.
Les conditions de travail sont déplorables. La grande majorité des élèves, voire même des enseignants, n'ont pas des manuels pédagogiques. Ce n'est que dans quelques écoles où les enseignants confectionnent les photocopies des notes de lecture que les élèves achètent. Le comble en est que, la majorité des parents de ces élèves vivent aussi dans une pauvreté indescriptible. D'où, difficulté d'acquérir ces manuels.
Néanmoins, dans les institutions conventionnées surtout catholiques les mieux dotées, les élèves peuvent prendre en location des manuels.
43 Ministère de l'EPSP (RDC), op.cit, p.15
44 Idem, p.31
Il existe même dans certains coins du pays, les élèves qui n'ont pas des fournitures scolaires. Ces dernières ne sont qu'à la disposition de quelques enseignants mais aussi en quantité très limitée.
Il a été constaté même que dans certains milieux, les élèves ne savent pas lire les notes dactylographiées. Ce qui a été un sérieux problème pour les élèves finalistes pour déchiffrer les questionnaires des examens d'Etat.
Les infrastructures sont dans un état déplorable. Selon une étude récente, l'état actuel des infrastructures scolaires ne permet pas d'accueillir plus de 20 millions d'enfants dans le primaire et le secondaire.45 Il faudra donc construire des nouvelles infrastructures. Ce qui n'est qu'un mythe, car le pouvoir public n'est pas de cet avis. Ceci se matérialise par la faible part du budget alloué au secteur éducatif voire même presque inexistant par rapport aux besoins illimités qu'a ce secteur.
A l'absence de la volonté d'investir dans l'enseignement, aux moyens financiers injectés, on comprend pourquoi le niveau et la qualité de l'enseignement ne cessent de baisser.
La part du budget de secteur social par rapport au budget national était de 0.9% de ce dernier. Et pourtant, l'éducation ne prend qu'une partie de ce 0.9%. La société civile a de même constaté que le budget alloué à l'éducation avait été, à une certaine période, de 6604523902Fc pour l'EPSP soit 0,83% du budget national et de 128154672Fc pour l'ESU soit 0,016% du budget national, inférieur au seul budget affecté à l'institution Président de la République. D'après une analyse des dépenses publiques de fonctionnement du gouvernement faite par cette même société civile en 2005, il a été constaté que les dépenses faites par l'institution Président de la République s'élevaient à 7135587164 Fc soit 17184661.9$. Néanmoins, à ce montant exorbitant s'ajoutent des affectations obscures ou suspectes s'élevant à 3106789729 Fc.46 La question qui nous revient à l'esprit est de savoir si la volonté de relever le défi de l'éducation est une priorité pour nos dirigeants ?
Nous comprenons combien de fois il était plus normal que de chercher à renvoyer à plus tard les élections et prolonger indéfiniment la transition.
Selon quelques statistiques plus au moins détaillées, le secteur de l'éducation a demeuré quasiment à l'abandon ; en ce sens qu'il n'a bénéficié annuellement que de plus de 0.3% du total des dépenses courantes et de 0.1% de l'ensemble des dépenses d'investissement entre 2002 et 2004.47
45 Gratuité de l'enseignement en RDC, in Le potentiel, p.1
46 Sociétés Civilistes Indépendantes, Analyse du budget de la RDC, Kinshasa, p.17
47 Ministère de l'EPSP, Op. cit, p.15
Graphique N° :1 : Dépense courantes de l'éducation faites par le pouvoir public de 1980- 2004
35%
30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%
1930
1931
19E2
1933
DEPENSES COURANTES
1934-
ANNEES
1936
19E6
arm
ax
are
2133
aDtt
DEPENSES COURANTES
Source : Documents budgétaires. Annexes tables, 2003
Ce tableau nous trace la pure réalité des dépenses publiques allouées au secteur éducatif. Quant à nous de tirer des conclusions.
Pour les années 2000-2002, les dépenses publiques ne concernent que les 7 provinces sous le contrôle de l'Etat (Gouvernement central) hormis les provinces sous contrôle des rebelles. Quant aux dépenses d'investissement (en capital), celles-ci se présentent de la manière suivante entre 2002-2004 :
Tableau N°3 : Dépenses d'investissements de la RDC 2002-2004
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Source : Nos calculs à partir du bulletin mensuel d'information et statistiques, Mai 2006. BCC
Ces données nous montrent combien de fois notre pays ne fait pas sien la situation dégradante des infrastructures scolaires du pays. Et pourtant, comme dit précédemment, ce secteur éducatif est trop essentiel pour un développement durable dans un Etat.
Pour cet enseignement secondaire, en 2001-2002, il y avait 8257 écoles secondaires, 110157 enseignants e 1600000 élèves dont 590000 filles. Mais les enfants de 12-17 ans pouvant être scolarisés étaient estimés à 7452300 dont seulement 1612214 soit 21.63% étaient scolarisés. Comme les écoles primaires, les écoles secondaires existantes sont faiblement fréquentées et inégalement reparties sur le territoire national.
Leur répartition se présente de la manière suivante :
Tableau N°4 : Répartition des écoles secondaires par province.
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Source : Direction de la planification et des statistiques scolaires de l'EPSP, 2002
La ville de Kinshasa a un nombre important d'écoles avec le nombre le plus élevé d'élèves, alors que la province de Bandundu a le plus grand nombre d'écoles mais un nombre d'élèves inférieur à celui de Kinshasa et supérieur à celui des autres provinces. Le Katanga qui a un nombre d'enfants scolarisables supérieur à celui de Kinshasa a peu d'écoles.
Par contre, l' Equateur, la Province Orientale et les deux Kasaï, qui sont moins bien pourvus, se situent tout de même au-delà de la province du Maniema qui a le nombre d'écoles le plus bas et la population scolarisable la plus réduite.
Face à une grande population scolarisable, seule 21.63% est scolarisé et le reste se trouve à la merci de la rue, des champs,...
Concernant le ratio élève/enseignant au secondaire, la moyenne nationale est de 15 élèves par enseignant.48 Les élèves devraient normalement bénéficier d'un encadrement très efficace, malheureusement le taux d'achèvement et le taux de réussite aux examens d'Etat indiquent le contraire.
Quant à la parité au niveau de l'école secondaire, celle-ci se présente pour l'année 2002 de la manière suivante :
48Ministère de l'EPSP, Op. cit, p.14
Tableau N°5 : Taux d'admission net au secondaire par sexe et par province
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Source : Direction de la planification et des statistiques scolaire de l'EPSP, 2002
Si aucune province n'a atteint la parité au niveau secondaire, la ville de Kinshasa s'y approche avec 48.9% des filles scolarisées.
En plus du faible taux de scolarisation au primaire, la faible efficacité entraîne un taux de scolarisation encore très bas au secondaire, car le nombre d'enfants qui terminent le primaire est faible. Un taux très bas au niveau secondaire ne traduit que l'inefficacité de l'école primaire congolaise. Le nombre d'élèves qui terminent le primaire est trop réduit et cela se répercute sur le taux de scolarisation au secondaire. La situation est donc grave.
Le grandeur du problème ne se limite pas uniquement au niveau du taux d'admission des élèves par rapport au nombre total des scolarisables, mais le problème des enseignants persiste toujours et influence la qualité de l'enseignement.
Au niveau des milieux ruraux, avec des faibles rémunérations souvent en nature, un grand nombre d'enseignant optent tout naturellement pour les milieux urbains. Cette situation fait à ce que l'école rurale se vide petit à petit de ses enseignants. Ce qui crée un sérieux problème pour les écoles des milieux ruraux.
Quant aux enseignants qui se rendent en ville pour chercher une rémunération plus au moins considérable, après un bon bout de temps de prestation, ils se rendent compte que cette rémunération n'est plus suffisante par rapport aux charges et surtout au coût de la vie.
Comment peut on concevoir qu'un enseignant sensé transmettre le savoir à ceux qui prendront demain le destin du pays reçoive un salaire insignifiant, qui ne lui permet en aucun cas de nouer les deux bout du mois ? Cette situation les pousse à combiner des métiers si pas abandonner complètement l'enseignement. D'où, nous sommes en présence des enseignants absentéistes.
Cette situation les donne plus envie de donner cour dans des institutions privées que celles publiques car celles-ci sont les mieux offrant en terme de rémunération. C'est pourquoi même avec le principe << donna donna », ceux-ci se trouvent dans l'obligation de donner le meilleur enseignement aux élèves des écoles privées au détriment de ceux du public. Et pourtant, avec la dégradation du système éducatif congolais, l'enseignement, en général, est financé en grande partie des contributions des parents. C'est pourquoi le revenu des parents détermine le choix de l'institution à fréquenter.
Quant à nos écoles publiques, la quasi totalité de ces écoles sont dans un état vétuste. Leur capacité d'accueil est devenue insignifiante face à la poussée démographique de la population congolaise.
Ces écoles fonctionnent dans un environnement malsain, ne répondant pas aux normes hygiéniques. Malheureusement, le faible budget affecté à l'éducation ne facilite plus la construction des nouvelles écoles et la réhabilitation des celles existantes, qui se trouvent dans un état de délabrement avancé. Avec le financement des parents, toujours pauvres, qui est resté insignifiant au besoin de fonctionnement des établissements, la situation ne s'améliore toujours pas.
La carence des matériels didactiques et autres supports et équipements pédagogiques réduit l'efficacité de l'enseignement. Elle est plus ressentie dans les options techniques où l'on déplore très souvent l'absence des laboratoires et d'ateliers viables. Un de nos enseignants aux humanités nous aurai dit : << j'ai étudié en technologie le thermos que je n'avait jamais vu ni même notre enseignant. Je ne l'ai vu que lorsque j'était arrivé à l'université. ».
L'inadéquation est criante entre les besoins de formation et les programmes d'études à l'école. Certains enseignants recourent à des vieilles notes pour élaborer les prévisions des matières. L'enseignement reste statique si pas décroissant dans un monde en mutation. Quel regret pour notre pays ?cette situation ne peut que baisser notre compétitivité sur le marché du travail par rapport aux élèves des autres pays.
Ce qui est encore plus triste, à part les écoles conventionnées et quelques rares privées, l'Etat
ne prévoit aucune stratégie nationale pour l'identification, le suivi et l'encadrement des
enfants surdoués. Comment ce pays pourrait-il s'intéresser aux élèves des milieux reculés ? C'est pourquoi même, il y a également l'absence de politique orientée vers l'éducation de certaines catégories spéciales d'enfants comme ceux vivants en zones forestières, pécheurs, nomades, quelques minorités (pygmées) et enfin ceux nécessitant des mesures spéciales de protection. Ici l'allusion est faite spécialement aux enfants de la rue.
C'est ainsi que l'enseignement secondaire en RDC est resté un tremplin pour accéder à l'enseignement supérieur, plutôt que comme moyen de former les compétences dont l'économie a besoin.
4. Enseignement supérieur et universitaire
L'enseignement supérieur comporte un premier cycle de 3 ans et un second de deux à trois ans selon les filières.
Trois types d'enseignements supérieur sont organisés en RDC : l'enseignement supérieur et universitaire, l'enseignement supérieur pédagogique et l'enseignement supérieur technique. Un diplôme est donné aux étudiants ayant réussi aux examens de fin de cycle. Pour les études de médecine, le deuxième cycle, qui dure trois ans, est sanctionné par un diplôme de doctorat en médecine. Le troisième cycle propose le diplôme d'études supérieur (DES), celui d'études approfondies (DEA), de doctorat,...
Avec la poussée démographique croissante, le nombre de demandeur d'éducation supérieure et universitaire ne cesse de croître au jour le jour. La grande préoccupation est de savoir si le pays sera à mesure de faire face à cette demande avec une croissance géométrique si on pourrait le dire.
La première inquiétude est que l'Etat est presque inconscient du problème de l'enseignement. Et pourtant, il devrait, en principe, être le premier acteur dans la recherche d'une solution. Son désengagement se justifie par le faible budget alloué à ce secteur. Mais aussi face à ce faible budget qui ne cesse de décroître chaque fois que on le vote, l'ESU n'a pas la totalité de ce montant. Ce qui n'est que normal.
La part de cet enseignement dans la petite part de l'enseignement en général se présente de la manière suivante :
Graphique N° : 2 Part de l'ESU dans le budget alloué à l'éducation nationale entre 1980- 2002
120%
100%
80%
40%
20%
60%
0%
depenses courantes
depenses d'investissement
Source : Rapport d'état du système éducatif de la RDC, Banque Mondiale, 2004
Ce graphique traduit la réalité que connaît notre système éducatif.Premièrement, face à ce taux de dépenses courantes d'éducation au maigre budget alloué à l'éducation, ce secteur peut-il être à mesure de satisfaire partiellement si pas totalement, la moitié de ses besoins (dépenses) ?
La réponse ne peut qu'être non, bien sûr, car même ce petit budget alloué à l'éducation n'est pas exécuté convenablement (totalement). Les chiffres les plus éloquents sont ceux de l'exécution du budget 2004 : seulement 25.7% du crédit budgétaire alloué à l'éducation ont été exécutés.49
C'est pourquoi nous ne cesserons de nous poser la question de savoir si nos dirigeants ont la ferme volonté de relever le niveau de notre enseignement.
Les établissements d'enseignements supérieurs, jadis centre d'excellence universitaire, ont vu leurs infrastructures se détériorer, leurs équipements et leurs matériels pédagogiques disparaître, leurs enseignants de plus en plus mal payés et démotivés et les étudiants forcés de vivre, tant bien que mal, de maigres ressources personnelles.
N'ayant pas de supports, les étudiants doivent faire l'essentiel avec les moyens de bord. Les
bibliothèques ont disparu et dans les écoles d'informatiques, on vous forme des
informaticiens qui n'ont jamais vu un ordinateur. Les laboratoires pour les chimistes ou autres49 B. KUDINGA, Réduction de la pauvreté en RDC : Mythe ou réalité, in Le Potentiel, p. 3, disponible sur http// www.lepotentiel.com
font défaut.50 Les infrastructures sont dans un état pas bon à décrire. Le nombre d'auditoire n'est pas proportionnel au nombre d'étudiant. Cette situation sera plus éclairée d'avec les tableaux qui seront présentés dans la suite.
Quant aux assistants, chef de travaux et professeurs d'université, leur situation est plus déplorable. C'est pourquoi, ces derniers ont dénoncé leur clochardisation. Cette clochardisation des professeurs en RDC est telle que leurs situations salariales soient de plus en plus humiliante et a beaucoup contribué à la dégradation du système éducatif supérieur et universitaire dans tout le pays a fortiori dans le secteur public.
Tous les Etats, y compris ceux d'Afrique, valorisent les professeurs d'université en tant que corps d'élite, producteur des savoirs et des richesses. Le développement de la RDC passe par un système d'enseignement supérieur et universitaire performant, attrayant, soutenu et motivé. Il est étonnant lorsque l'on fait croire aux professeurs d'université qu'il n'y a pas d'argent pour les payer suite à leurs revendications, et qu'on en trouve pour payer les membres de certaines institutions de la République (parlement et gouvernement) avec des montants de 4200$ à 9000$ par personne et par mois pour des effectifs de près de 650 à 60 membres respectivement, sans compter les nombreux avantages en terme des crédits dont bénéficient ces derniers.51
Les professeurs d'université ne peuvent que se réjouir d'une telle valorisation de ces fonctions politiques et ils voudraient qu'il en soit de même pour la noble fonction de professeur d'université.
Une analyse des impacts budgétaires démontre que le parlementaires à eux seuls consomment une enveloppe salariale (hormis les avantages) de près de 32.5 millions de dollars US.52
Et pourtant le développement de la RDC risque d'être hypothéqué, si les dirigeants ne se décident pas de revoir leur politique budgétaire. Cette situation ne date pas d'aujourd'hui.
En 1986, Verhaegen l'a aussi souligné en disant que : « l'ESU au Zaïre n'est pas en crise. Il est en voie de disparition. La formation dispensée dans ses instituts et dans ses facultés, est tombée en dessous du seuil qui permet de prétendre à une qualification professionnelle de niveau supérieure. Il y a déjà quelques années que l'ESU ne produit plus de nouveaux
50 T. KANZA, L'enseignement en RDC, disponible sur http// www.c-recto-actuel.net
51 Les professeurs dénoncent leur clochardisation, in Le Potentiel, disponible sur http// www.canalblog.cm, p.3
52 Idem, pp.3-4
savants, de nouveaux professeurs ou de nouveaux chercheurs ; bientôt, il ne produira plus de nouveaux universitaires. » (Verhaegen, 1986)53
Cette dégradation générale de l'enseignement en RDC et plus particulièrement de l' ESU dont les congolais, eux même, sont conscients, les incite, pour ceux dont les parents ou les familles ont les moyens de changer d'établissements, à grand frais, et d'aller terminer leur cursus dans une écoles, université étrangères et surtout occidentale pour avoir une chance de poursuivre des études dignes de cette appellation.
La plus grande conséquence est que les entreprises du pays font désormais appel aux étudiants congolais ayant terminé à l'étranger en vue d'assumer des fonctions au sein de leurs maisons. Ces entreprises locales ou autres n'ont pas confiance aux finalistes du Congo.
S'il était possible de traiter de toute la problématique de l'ESU en RDC, cela nécessiterait tout un volume (si pas plus).
L' ESU public en RDC se présente de la manière suivante en terme des établissements, des places assises et du nombre des étudiants :
Tableau N° 6 : Répartition des établissements publics de l'ESU en 2003 par province.
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Source : MAX KUPELESA ILUNGA, Etat de lieu de l'enseignement en RDC, 2006
53 Redynamisation et revitalisation de la pédagogie universitaire au Congo, L'école démocratique, disponoble sur http// www.ecoledemocratique.org, pp.1-2
Ce tableau traduit la pire situation académique que connaît les institutions universitaires de notre pays. La presque totalité des provinces ont des effectifs supérieurs aux places assises à part les deux provinces du Bandundu et de la Province Orientale qui ont un nombre d'étudiants inférieur au nombre des places assises. Mais la province du Maniema qui n'est qu'à sa tangente avec un effectif d'étudiant égal au nombre des places assises.
La ville province, Kinshasa, nous illustre avec exactitude l'état de nos universités avec une place assise pour au moins deux étudiants.
Actuellement, la situation s'est de plus en plus aggravée avec la demande d'éducation universitaire qui ne cesse de croître.
Et pourtant, le nombre d'instituts supérieurs et universitaires ne croit pas dans la même proportion que celui des étudiants pour essayer de satisfaire cette demande.
Face à cette situation que connaissent nos institutions supérieures et universitaires publiques, celles privées ont vu le jour en vue de chercher la solution à ce grand fléau.
Toutes ces situations plus que décevantes de la dégradation de notre système éducatif se sont généralisées à travers tout le pays. La province du Nord Kivu en générale et la ville de Goma en particulier n'en sont pas épargnées. La situation nationale n'est que le reflet de celle de notre province et surtout de notre ville.
Enfin, la RDC doit comprendre que le succès de la bataille du développement dépend de la réussite de son système éducatif, si elle veut faire du XXI nième siècle un moment propice pour le développement de son peuple, moment marqué par le progrès économique et social, par la paix et le développement durable.
Elle doit ainsi s'inspirer des leçons tirées des expériences des pays ayant connu des situations sociopolitiques plus catastrophiques que la sienne. La plus frappante, c'est l'expérience du Japon. Selon AKIHIRO (1996), le développement rapide du Japon a été essentiellement dû à la présence d'une détermination populaire pour l'apprentissage des gens ordinaires et aucun pays ne peut espérer une percée importante dans le développement socio-économique s'il ne procède à un élargissement de l'éducation de base et de l'alphabétisation.54
54 G. MOKONZI BAMBANOTA, Op. cit, p.14