III.2. La maternité et le travail
salarié
L'épineuse question du congé de maternité
semble encore constituer, dans certains secteurs, un frein à l'ascension
professionnelle des femmes. Même si cette réalité change
progressivement, les femmes ont du mal à prendre la décision de
faire d'enfants dès le début de leur carrière
professionnelle. Par rapport aux problèmes de maternité auxquels
elles sont confrontées sur le marché de l'emploi, les femmes
salariées enquêtées se sont prononcées
différemment.
Environ 65% des femmes ont leur premier enfant avant d'avoir
le premier poste. Si cela a été un choix pour d'autres, quelques
unes estiment que c'est la façon la plus simple pour elles de gagner la
confiance de leurs employeurs. Par contre 35 % ont leur premier poste avant de
penser à la maternité. Ce statut social pour certaines d'entre
elles, a permis de garder leur poste pendant une période raisonnable
avant toute question liée à la maternité. Dans la
pratique, c'est une exigence de l'employeur. Le reste de cette
catégorie de femmes affirme que c'est le travail qui leur a permis
d'assurer ou de garantir une meilleure vie à leurs enfants. Aussi,
ont-elles ajouté, qu'il leur faut un emploi stable. Ces
éléments constituent la raison fondamentale qui sous-tend le fait
qu'elles ont eu leurs premiers enfants quelques années plus tard. Une
femme, mère de trois enfants disait « après mon
bac, mes parents n'ont plus assez de moyens. J'ai donc cherché un
travail pouvant m'aider à continuer mes études puisque j'avais
beaucoup d'ambitions. J'ai donc pris mon temps pour maximiser de ressource afin
de poursuivre les études au lieu de faire un enfant ».
Pour les femmes qui n'exercent que dans le secteur privé, elles
affirment également que cela ne veut pas dire qu'elles n'avaient pas
l'envie d'être mère mais c'est parce que les employeurs ne leur
laissent pas le choix dans les clauses du contrat. A ce propos une femme ayant
deux enfants confiait ceci « j'ai été
licenciée par mon employeur quand j'avais eu ma première
grossesse. C'était une grossesse à risques et quand j'ai
sollicité une permission, on me l'a accordé. Mais à mon
retour au travail le directeur me dit simplement, on ne pouvait pas
t'attendre». Les mesures d'aides offertes aux femmes pour la
conciliation travail- vie privée varient selon le type d'employeur. Ces
mesures ne sont rien d'autres que l'aménagement du temps surtout
après la naissance d'un enfant, les congés de maternité,
la possibilité de reprendre le travail après une période
donnée d'absence. La plupart des femmes interrogées qui ont
conçu dans leur première année d'activité sont dans
la fonction publique. Les femmes s'engagent dans la maternité selon
qu'elles soient employées par l'Etat ou par une structure
privée. Lorsque c'est l'Etat, tout parait plus facile que si c'est un
privé, alors que cela ne devrait pas être le cas. Dans la
société africaine l'enfant est unanimement
considéré, comme une richesse. Il est la raison d'être, la
joie et le ciment des couples, la bénédiction de l'union
conjugale. L'absence d'enfant entraîne souvent la fin du couple. Cela est
si vrai que, lorsqu'une femme est convaincue de sa stérilité,
elle est répudiée sans aucune hésitation (Apovo 2003). La
femme qui s'est sacrifiée pendant de longues années à ses
études doit pouvoir bénéficier des mêmes
opportunités que les hommes avec qui elle a étudié. Elles
sont de plus en plus nombreuses à avoir une solide formation
professionnelle ou un niveau élevé d'études et souhaitent
légitimement exercer une vie professionnelle et faire carrière.
Cette aspiration ne doit pas décourager celles qui souhaitent avoir des
enfants ; non seulement parce que fonder une famille est un droit fondamental
que la société doit faciliter mais parce que le travail des
femmes est créateur de richesses et d'emploi. Les employeurs doivent
revoir leur contrat d'embauche à l'égard des femmes afin qu'elles
ne se sentent plus léser sur le marché du travail. Ce n'est que
de cette manière que la femme qui fait le choix de concilier le travail
et le rôle de mère se consacrera à fond à son
travail pour qu'il y ait un bon rendement.
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