1-3/ La question du redoublement au Togo
Les taux de redoublement en Afrique, et surtout en Afrique
subsaharienne sont importants. En 1990, sur 41 pays d'Afrique subsaharienne,
seulement 4 pays ont enregistré un pourcentage de redoublants
inférieur à 10% au primaire. Dans la même année,
dans 16 pays d'Afrique subsaharienne, les redoublants ont
représenté plus de 20% de l'effectif scolarisé. Ce taux de
redoublement avoisine 24% dans les pays d'Afrique francophone (Alain Mingat,
Bruno Suchaut, 2000). Désirant réduire ces redoublements, les
pays d'Afrique francophone ont pris certaines dispositions telles que : 1/
mettre en place trois sous-cycles de deux ans correspondant à des blocs
de compétences bien identifiées ; 2/ ne plus autoriser de
redoublement à l'intérieur de ces sous-cycles de deux
années et 3/ limiter la fréquence des redoublements entre
sous-cycles consécutifs au sein du primaire. Malgré cela, au
Togo, le taux de redoublement est très élevé dans le
système éducatif primaire. En 1990, on compte une proportion de
redoublants de 36%. En 1994, cette proportion est de 46%. En 1999, ce taux
représente 31,2%. Et, de 2000 à 2009 ce taux varie de 27%
à 20% comme l'illustre le tableau 2. On constate aussi que sur les dix
dernières années, la tendance à la réduction de ce
taux est faible.
Tableau 2 : Taux brut de redoublement au Togo de 1990
à 2008
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1990
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1991
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1993
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1994
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1995
|
1996
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1997
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1998
|
1999
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2000
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2001
|
2002
|
2003
|
2004
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2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
TBR
|
36
|
35 ,8
|
37
|
46
|
33,1
|
31,9
|
28,4
|
29,6
|
31,2
|
27
|
24
|
22,5
|
23,5
|
23,2
|
23,7
|
24
|
23,9
|
20,3
|
Source : MEPSA, Tableaux de bord de
l'éducation, les indicateurs 2008-2009
Par rapport aux pays de l'Afrique, le Togo se situe parmi les
pays ayant une fréquence de redoublement les plus élevées.
En 2004, dans un échantillon de 48 pays où le pourcentage moyen
de redoublement était 16%, le Togo se situait à 7 points au
dessus. Seuls 7 pays africains avaient un taux de redoublement supérieur
à celui du Togo (graphique 1).
Graphique 1 : Pourcentage de redoublants au cycle primaire,
année 2004
Source : Mathieu Brossard, Blandine Ledoux et Francis Ndem
(2006) : Eléments d'analyse du secteur
éducatif au Togo, Pole de Dakar.
Le niveau actuel du taux de redoublement au Togo reste deux
fois plus élevé que celui observé dans les pays pauvres
d'Afrique dont la scolarisation primaire universelle est presque
réalisée. Ces taux de redoublement généraux cachent
des disparités selon le niveau scolaire, les catégories
d'écoles, les régions scolaires et le sexe.
Schématiquement, les taux de redoublement tendent à diminuer
graduellement du niveau inférieur (CP1) vers le niveau supérieur
(CM2) du primaire. A la fin de l'année scolaire 2004-2005, les taux de
redoublement au primaire se répartissent entre les niveaux comme
suit :
Graphique 2 : Situation du taux de redoublement par cours
au primaire en 2004-2005 au Togo
Source des données : Tableau de bord de
l'éducation au Togo (2004-2005), DPPE
Ce graphique montre que le taux de redoublement, d'une
manière générale est plus élevé au premier
niveau de scolarisation. Il est aussi remarquable qu'au sein des cycles, les
taux de redoublement restent élevés dans les classes d'initiation
(CP1, CE1, CM1). Dans la même année, au moment où les
écoles publiques enregistrent 25,8% de redoublement, l'école
privée faisait 17% de redoublants tandis que les EDIL comptaient 24% de
redoublants. En 2007, le taux de redoublement dans l'enseignement primaire
était 23,9% au Togo. Cependant, l'observation de ce taux dans les
différentes régions scolaires paraît très
diversifiée. Les régions Maritime, Plateaux, et Savanes ont connu
un taux de redoublement qui avoisine 30%, alors que les régions de
Lomé-Golfe et de la Kara enregistraient un taux de redoublement
inférieur à 20%. Le graphique n°3 suivant montre la
répartition du taux de redoublement par région et selon le sexe.
Graphique 3 : Répartition des redoublants selon le
sexe et par région en 2006-2007 au Togo
Source des données : Les indicateurs de
l'Enseignement Primaire, Année scolaire 2006-2007, DPPE
En 2008-2009, le taux de redoublement a diminué au
Togo. En général, ce taux était de 22%. Les régions
de Lomé-Golfe et de la Kara connaissaient un taux
légèrement supérieur à 15% cette année, et
les régions Maritime, des Plateaux, des savanes et Centrale avaient un
taux de redoublement qui tourne autour de 25%. Par cet histogramme, nous
constatons aussi que les filles redoublent plus que les garçons. En
2006-2007, la différence entre les taux de redoublement était
légère. Dans Lomé-Golfe, les Plateaux et la Kara, la
différence était de un point. Dans la région Maritime et
centrale, les filles avaient redoublé autant que les garçons.
C'est dans les Savanes que la marge était de deux points en faveur des
garçons. C'est ce qu'illustre le graphique 4 :
Graphique 4 : Evolution comparative des taux de
redoublement selon le sexe en 2006-2007 au Togo
Source des données : Les indicateurs de
l'Enseignement Primaire, Année scolaire 2006-2007, DPPE
En 2008-2009, dans l'enseignement primaire au Togo,
près du quart des effectifs sont des redoublants (DPEE, 2008-2009). Ce
qui explique le plus souvent les retards scolaires que connaissent les
élèves, surtout dans les savanes. Plus on avance dans le cycle et
plus les retards s'accumulent. Au Togo, l'année scolaire 2008-2009 a
connu une proportion de 35% d'élèves en retard au CP1 et de 50%
au CM2. Les élèves qui ont un an de retard représentent
25% de l'effectif au primaire. On compte également plus de 20% de ces
élèves qui ont trois ans de retard au CM2. Toujours à ce
niveau du cours primaire, les élèves retardataires de deux ans
peuvent occuper une proportion de 10% de l'effectif total. Ces retards ont une
influence non négligeable sur la réussite au CEPD. Cette remarque
peut s'analyser à travers les taux de réussite au CEPD, les taux
de transition du primaire au secondaire, les taux d'abandon au CM2 et le temps
moyen de parcours de l'enseignement primaire. Malgré, les taux
d'admission élevés observés au Togo depuis près de
deux décennies, les taux d'achèvement restent très
faibles. Tous les enfants admis au CP1 n'achèvent pas l'enseignement
primaire. Sur 100 élèves qui entrent au CP1, moins de 60% parmi
eux arrive au CM2. Parmi les élèves qui arrivent au CM2, moins de
75% réussissent au CEPD. En 2005-2006, le pourcentage de réussite
au CEPD faisait 68,3%. L'année suivante, près de 65% des
élèves inscrits à cet examen étaient promus. En
2008-2009, 75% des candidats à l'examen du CEPD étaient
déclarés admis à l'issue des épreuves.
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